Première rencontre foudroyante | PV Aëlys

Enchanteresse Messages : 7 Date d'inscription : 15/02/2017

J'avais failli vomir, lorsque ma main avait pénétré le corps de cet insecte. Non seulement je venais d'un peuple pacifique, mais je ne comprenais même pas pourquoi la violence existait. J'étais complètement figée, incapable de me relever, tellement j'étais dégoûtée. J'avais relevé mon regard sur la Jadoise, qui semblait trouver la situation assez amusante. Je fronçai les sourcils, ayant la franche envie de lui dire ma façon de penser. J'avais passé ces dernières heures à sauver ses compagnons qui n'avaient pas le temps de se rendre au campement pour se faire soigner. Et c'était ainsi qu'elle me remerciait ? Heureusement pour elle que je ne me mettais jamais en colère. Je pris une grande inspiration, visant à me calmer, tandis qu'elle agrippait ma tunique pour me remettre sur pieds.

« Avant de faire des assomptions venant de nulle part, prenez un moment pour poser des questions, siffla-t-elle entre ses dents. Débrouillez-vous pour brûler les corps, ils peuvent pourrir, j'en ai rien à faire. »

J'étais tellement stupéfiée par sa réponse que je ne sus quoi répondre. Elle n'en avait rien à faire qu'une épidémie puisse se répandre sur Enkidiev ? C'est alors qu'elle leva la main, pour mettre le cadavre derrière moi en feu. Bien rapidement, cependant, les flammes commencèrent à lécher ma tunique, me faisant écarquiller le regard. La jeune Chevalière me tira vers elle, cependant, me serrant dans ses bras. Je me sentis toute étrange, alors que j'étais contre sa poitrine.

« Voilà, j'ai fait ma part, dit-elle avec difficulté. Je peux aller faire mon deuil maintenant ? »

Je restai bouche bée devant son arrogance. Je remarquai alors qu'une adolescente marchait vers nous. Aussitôt, la jeune Jadoise s'en occupa, vérifiant si elle avait des blessures, pour ensuite nettoyer son visage. Étrangement, j'avais envie d'être à la plage de la petite fille. J'avais envie que ce soit de moi dont elle prenne soin. Elle se retourna vers moi, pour me faire signe de la suivre.

« Nous avons de la nourriture, venez vous sustenter, m'invita-t-elle alors. »

Ce n'était pas par gentillesse, mais plutôt par devoir qu'elle m'invitait. Et probablement pour donner l'exemple à la jeune fille dans ses bras. Mais comme mon estomac grouillait, je hochai doucement la tête de haut en bas, avant de faire un petit sourire et de les suivre. Une fois rendues au campement, l'adolescente se jeta dans les bras de ce que je devinai être sa jumelle. Je me figeai en plein milieu. Partout, il y avait plusieurs blessés sur des brancards. J'oubliai momentanément ma faim, afin de donner un coup de mains aux guérisseurs déjà en place. Je m'agenouillai auprès d'un soldat qui portait l'armure d'Argent. Une plaie béante couvrait son thorax, et du liquide noir se mélangeait à son sang. Il avait été empoisonné par une lame. Un homme d'une importante stature portant une couronne s'agenouilla à mes côtés.

« Il n'y a rien à faire pour lui, même les Chevaliers n'ont pu le guérir, m'annonça-t-il.

- Moi je peux, affirmais-je. »

Je souris joyeusement à celui qui devait probablement être un roi, avant de lever mes mains par-dessus le corps de l'homme mourant. Je pouvais voir dans son esprit que cet homme était comme son frère. J'allais donc le sauver. Cependant, une main se saisit durement de mon poignet, et je levai mon regard sur le visage d'un demi-elfe. À son énergie, je le reconnus aussitôt comme Nathan d'Osantalt. Il était blessé jusqu'au plus profond de son être.

« Ce que tu t'apprêtes à faire, c'est dangereux, me dit-il sérieusement. Personne ici n'aura l'énergie pour te sauver après. »

Je me défis doucement de sa poigne, avant de jeter un regard à la Jadoise, qui me fixait avec curiosité. J'avais l'impression qu'elle, elle me donnera l'énergie pour me sauver, qu'importaient les ordres de son Chef. Je sortis une herbe de mes poches, avant de voler la gourde d'eau du roi. Je fis une petite pâte, avant de l'apposer partout sur la blessure de mon patient. Il gémit de douleur, mais je persévérai. Une fois que j'eus terminé, mes mains s'illuminèrent d'une douce lumière rouge comme ma chevelure et je les passai au-dessus de mon patient. Il poussa un cri de douleur, tandis que j'ordonnais au poison d'évacuer son corps. Plus le traitement allait, et plus je me sentais mal. Je commençai alors à gémir de douleur, puis j'arrêtai nettement mon traitement.

« Les herbes vont l'aider à cicatriser, dis-je difficilement au roi. Le poison n'est plus dans son corps... »

Il est dans le mien. Je me levai, pour faire quelques pas, mais aussitôt le noir m'envahit.

******

Je battis doucement des paupières, confortablement installée sur des cuisses. Lentement, la lumière magique qui émanait de mon corps disparut. Je pus donc me lever, et je me retournai pour voir la jeune Jadoise. Je souris moqueusement, me rendant compte qu'elle avait probablement arrêté ma chute, mais qu'elle avait été coincée dans mon auto-guérison. Je pris place en indien devant elle, lorsqu'une écuelle apparut devant mon visage. Je relevai mon regard noisette sur un homme, l'homme que j'avais sauvé.

« Je suis Eliott d'Argent, et j'ai une dette envers vous, m'annonça-t-il alors. Comment puis-je vous remercier ?

- Cette nourriture fera l'affaire, lui souris-je doucement. »

Je m'emparai de l'écuelle, avant de commencer à manger. Je la tendis alors à la Jadoise.

« Tu as faim? lui demandais-je. »

Chevalier d'Émeraude Messages : 23 Date d'inscription : 17/04/2016

Je ne pouvais pas croire qu'une elfe, d'entre tous, me faisait la leçon. Je la détestais déjà, je bloquai mes sentiments, afin de ne pas influencer ma jeune apprentie. Nous devions être ouverts à tous les peuples et leur offrir notre aide et assistance. De plus, Nathan me passerait un sermon si je ne sortais pas cette jeune femme du champ de bataille. Je vis son sourire timide, alors que je conduisais la jeune Alina vers le campement. Cette dernière couru vers sa jumelle, en la voyant en santé. Je m'avançai dans le campement, plusieurs blessés de toutes les armées confondues reposaient sur des brancards. Je me tournai et je vis que la jeune elfe avait figé devant le désordre de notre campement. Je me dirigeai vers Alina, pour lui tendre une écuelle, je mangerais plus tard.

- Personne ici n'aura l'énergie pour te sauver après, fit la voix de Nathan près de moi.

Je me tournai, mon chef tenait le poignet de la jeune femme. Le regard de l'elfe croisa le mien, j'étais dans les seuls soldats d'Émeraude a encore me tenir debout, je pourrais lui venir en aide si elle en avait besoin. Mais le ferais-je, après qu'elle ait tenté de me materner? Je la regardai travailler, en appliquant une pâte sur la blessure d'un Argentais, sous le regard de son Roi. Je croisai le regard d'acier d'Emerick d'Argent, je lui fis un signe de tête discret. Mon regard glissa sur l'inconnue, qui étendit ses mains au-dessus de l'argentais et faisait apparaître une lumière rouge. Je cessai de lui porter attention, jusqu'à ce que je l'entendes gémir de douleur. Je me retournai pour la voir se lever et essayer de se diriger vers le Roi d'Argent. Comme elle allait s'écraser au sol, j'usai de ma télékinésie pour l'empêcher de se blesser, avant de la prendre dans mes bras et aller m'installer contre un arbre, en posant doucement sa tête sur mes cuisses.

Le temps passait et son cocon de lumière ne baissait pas d'intensité. Les heures finirent par passer et la lumière disparut pour laisser place aux yeux de la jeune elfe qui se rouvraient sur moi. Lorsqu'elle se releva, je vis son sourire moqueur, j'eus envie de rouler les yeux. Je n'aimais pas les gens qui suaient la joie. Elle se positionna en tailleur à côté de moi, comme l'ami d'Emerick lui tendait une écuelle de nourriture.

- Je suis Eliott d'Argent, et j'ai une dette envers vous, dit-il. Comment puis-je vous remercier.

En me débarrassant d'elle? Oh c'était pas à moi qu'il parlait.

- Cette nourriture fera l'affaire, dit-elle de sa voix cristalline.

Elle prit le petit bol, avant de commencer à manger, pour ensuite me le tendre.

- Tu as faim? demanda-t-elle.

Je repoussai doucement le bol vers sa propriétaire dans le plus grand silence de ma vie. Je n'avais pas faim, je n'avais pas envie de grand chose d'autre que de serrer mon meilleur dans mes bras et ça, ça n'arriverait plus jamais. Je me relevai, avant de me diriger vers une urne de vin et m'en saisir, ainsi que deux coupes. Je fis un tour sur moi-même, personne ne semblait se soucier de moi, sauf une personne et je revins vers elle. Je laissai tomber les coupes au sol, près de l'elfe, avant de les remplir et lui donner la sienne. Je fixai le contenu de la mienne, avant de la caler.

- Pourquoi es-tu ici? Tu n'as rien à faire sur un champ de bataille, dis-je, la voix enrouée.

C'était un fait. Elle n'avait pas l'air d'une combattante et à voir comment elle avait chigné en tombant sur un cadavre, elle n'était certainement pas habitué aux horreurs de la guerre. Je ramenai mes genoux contre ma poitrine, avant de remplir ma coupe et caler encore son contenu. J'avais mal et personne n'y portait attention, personne ne pleurait Kesley.

- Comment tu t'appelle? finis-je par demander.

Si je n'avais plus mon meilleur ami et que personne ne se souciait de moi, autant en apprendre sur elle et tenter de camoufler ma douleur.

Enchanteresse Messages : 7 Date d'inscription : 15/02/2017

Elle était triste. Je pouvais le sentir dans toutes les fibres de son être. Peu importe ce que j'allais faire, je ne pourrai pas la remettre sur pied. Ce n'était pas un mal que je pouvais guérir, seul le temps le ferait. Je voyais le visage d'un homme flotter dans son esprit, et ses sentiments à son égard étaient puissants. Son mari? J'eus un petit pincement au coeur à cette simple pensée. Il était très rare que je m'établissais à un endroit, mais cette femme jadoise me donnait envie d'enfin m'installer et de vivre ma vie à ses côtés. Je ne comprenais pas vraiment ces sentiments qui m'assaillaient, mais je n'allais certainement pas tenter de les chasser. Alors que je lui tendais mon écuelle, la jeune chevalière la repoussa en ma direction. Elle se leva d'un bond, avant d'aller se saisir d'une urne de vin plus loin. Elle regarda autour d'elle, comme si elle cherchait un autre compagnon que moi, mais elle revint rapidement vers ma petite personne. Je reçus rapidement une coupe de vin bien pleine, tandis qu'elle calait la sienne assez rapidement.

« Pourquoi es-tu ici? me demanda-t-elle, sans émotion visible. Tu n'as rien à faire sur un champ de bataille. »

Je ne savais peut-être pas me battre, mais je savais très bien guérir les gens. J'avais tenté de sauver le plus d'hommes et de femmes qu'il m'était possible de le faire aujourd'hui. Au péril de ma propre vie. Ce n'était pas parce que je n'avais jamais appris à utiliser une lame que je ne pouvais pas être utile sur un champ de bataille. Je voulais aider à sauver le monde et à y ramener la paix, tout simplement. Était-elle toujours aussi sombre et pessimiste ? Si oui, elle était mon opposée en tous points, et je n'étais pas certaine que j'aimais cela. Elle remplit alors de nouveau sa coupe, avant de la caler, encore une fois. Pour ma part, je terminai de manger, avant de tremper mes lèvres dans le vin. Les hommes adoraient cette boisson. Moi, c'était la première fois que j'y goûtais.

« Comment tu t'appelles ? me demanda-t-elle alors, comme pour orienter la conversation ailleurs. »

Je lui souris doucement, avant de prendre une première gorgée de vin et de grimacer à son goût plus que prononcé. Mes pitreries eurent l'effet escompté, la jeune guerrière sourit légèrement. Je déposai alors ma coupe au sol, avant de rigoler un peu.

« Je m'appelle Yselda, lui répondis-je doucement. Et toi? »

Rapidement, son visage était redevenu sombre. Je voyais encore l'image de cet homme flotter dans son esprit. Je lui offris un petit sourire compréhensif, avant de me lever d'un bond pour aller chercher un sceau rempli d'eau bien chaude et d'une lingette. Je m'agenouillai devant la Jadoise, avant de commencer à essuyer le sang sur son corps. Avec douceur, je lui retirai sa cuirasse et son armure, les posant plus loin. Je terminai alors mon travail, passant une douce étoffe dans sa chevelure d'ébène. Une fois bien propre, je repris place en face d'elle. Elle était très jolie, lorsqu'elle n'était pas couverte de sang et de boue. Bon, je devais être dans un état lamentable moi aussi. Je glissai alors mes cheveux rouges derrière mes oreilles, révélant leur longue pointe. Je ramenai alors mes genoux contre ma poitrine, encerclant mes jambes de mes bras.

« Si je t'avais rencontrée dans d'autres circonstances, je n'aurais jamais pu croire que tu étais une soldate, avouais-je alors. »

Chevalier d'Émeraude Messages : 23 Date d'inscription : 17/04/2016

Je continuais de penser à la mort de mon meilleur ami, comment il avait quitté ce monde et surtout à toutes les choses que je ne lui avais jamais dîtes. À quel point, je ne lui avais jamais dit assez que je l'appréciais... J'avais envie d'éclater en sanglots, mais en faisant cela, j'entendrais son rire moqueur dans ma tête et ça me briserait encore plus le coeur de savoir qu'il n'est plus là pour me remettre à ma place.

L'elfe me fit un petit sourire, avant de tremper ses lèvres dans la coupe de vin. Lorsqu'elle prit une gorgée, son petit visage fin se déforma en une grimace de dégoût. Je me laissai aller, juste quelques secondes, un petit sourire naquit sur mon visage. Je ne la regardais plus, mais je l'entendis rigoler doucement.

- Je m'appelle Yselda, dit-elle d'une voix douce. Et toi?

Moi... Je fonçai les sourcils. Je n'arrêtais pas de penser à Kesley, à comment mon ami avait péri. Je la vis se lever rapidement, pour aller chercher quelque chose. Yselda se pencha vers moi, avant de commencer à nettoyer le sang sur mon corps. Doucement, elle me retira mon armure, avant de les poser près de moi. Toujours en douceur, elle nettoyant mes cheveux crasseux de sang d'insectes. Son visage était si proche du mien, je me rendis compte que ses traits fins étaient plus que magnifiques. Je la vis prendre place en face de moi, elle plaça ses longs cheveux rouges derrière ses oreilles pointues. Elle pressa ses genoux contre sa poitrine et enserra ses jambes avec ses bras.

- Si je t'avais rencontrée dans d'autres circonstances, je n'aurais jamais pu croire que tu étais une soldate, dit-elle.

Cela me tira un sourire, je n'étais pas née pour faire cela. Mon destin m'avait trouvé, les Dieux m'avaient donné des pouvoirs puissants et dévastateurs, on m'avait envoyé à Émeraude et me voilà. J'étais née Princesse de Jade, le royaume de la soie et l'élégance. Mon sourire s'évapora avec l'apparition de mes souvenirs d'enfance, le visage de ma mère, la voix de mon père, le rire de mon grand frère. Je fermai les yeux, une seconde, avant de les lever sur l'elfe.

- Aëlys, murmurai-je. Mon nom est Aëlys.

Je reniflai un coup, avant de prendre sa coupe et prendre une petite gorgée. La belle semblait soudainement entourée par un voile de lumière pâle, comme si l'un des rayons du soleil brillait autour d'elle. Je secouai doucement la tête, avant de dénouer mes longs cheveux noirs, ma queue de cheval haute me faisant trop mal. Mes cheveux tombèrent comme un voile sur mes épaules, avant de lever un regard amusé sur la belle elfe.

- Je suis née Princesse de Jade, dis-je. Mes pouvoirs ont fait que mes parents me donnèrent à Émeraude. Si ce n'avait été que de cela, je serais encore là-bas, probablement vêtue d'un kimono de soie, mais en n'ayant pas vraiment de but...

Je me levai, avant de lui faire signe de me suivre, avant de m'enfoncer dans la forêt. Il fallait que je décolle le reste du sang sur mon corps. Et pas question de me rendre sur la plage, en sachant que je revivrais les souvenirs de la mort de Kes. Je finis par trouver un petit étang dans une clairière, je retirai mon pantalon, avant de glisser un pied dans l'eau froide. Je me retournai, pour voir Yselda, je lui fis un petit sourire moqueur, Kes m'aurait dit de profiter de l'occasion. Je penchai ma tête sur le côté.

- Ne me dit pas que la nudité te gêne, dis-je, moqueuse. Je suis dégoûtante et je dois me laver.

Sur ces mots, je retirai ma tunique, avant de me glisser dans l'eau, qui m'arrivait aux épaules. Je me retournai vers l'elfe, avant de poser mes bras contre le rocher près de la rive et ma tête contre mes bras. Ses cheveux rouges m'intriguaient, je n'avais jamais vu un elfe avec une chevelure comme la sienne.

- Es-tu d'Osantalt? demandai-je, sans retenue. Je n'ai jamais vu d'elfes avec les cheveux rouges... Ou es-tu hybride?

Me rendant compte que ce n'était pas mes affaires, je me tus, pour baisser la tête. Je reculai, avant de m'enfoncer au complet dans l'eau et revenir à la surface. Yselda était assise sur la roche. Je levai un regard curieux sur elle.

- Désolée, murmurai-je. On me dit toujours que je n'ai pas de filtre...