Mi-Homme, Mi-Insecte ? | PV Asthurios

Chevalier d'Émeraude Messages : 36 Date d'inscription : 24/06/2017

Je n'avais jamais ressenti autant de douleurs dans tout mon être. Je souffrais physiquement, mais encore plus intellectuellement. Lentement, je sentais que le lien qui m'unissait à tous mes frères et soeurs d'armes s'éteignait. Je n'avais jamais autant lutté pour rester éveillé. Car j'avais peur que si je me laissais aller, je me réveillerai sur les Grandes Plaines de Lumière. Je sentais la substance que j'avais ingérée circuler dans mon corps et me dévorer les entrailles. Lentement, j'avais l'impression que je perdais mon humanité, que j'étais de moins en moins Mikel. Déjà, je ne sentais plus les Chevaliers de l'Ordre. Je m'accrochais avec désespoir au lien qui m'unissait avec Édouard, afin de ne pas perdre qui j'étais. Je ne devais pas abandonner. Il m'était impossible de me faire régurgiter magiquement, puisque déjà mes pouvoirs magiques semblaient m'avoir abandonné. Je poussai un léger gémissement de douleur, alors qu'une main se posait contre mon torse. Je levai la tête avec difficulté, et mon regard se posa sur une silhouette familière. Je n'eus point le temps de discerner ses traits que ce fut le noir total.

Parfois, je me réveillais, mais bien souvent je perdais de nouveau connaissance tellement la douleur était insupportable. Parfois, je réussissais à murmurer le nom de mon amant, mais c'était le seul mot qui sortait de ma bouche. Lentement, je revoyais ma vie, chaque étape, tout le chemin que j'avais parcouru. Comment mes parents avaient pris la décision d'envoyer leur petit prince turbulent à Émeraude, et comment j'avais appris. Mon entraînement magique, celui physique, et puis mon retour dans mon royaume natal. Ce moment où j'avais rencontré Édouard. Ce n'était pas vraiment une rencontre, puisqu'il s'agissait de mon ami d'enfance, mais je ne le savais pas lorsque je lui avais donné ma virginité. Je revis le mal que je faisais, bien malgré moi, mon attitude, et comment je pouvais être un petit prince gâté parfois. Cependant, mes souvenirs étaient la seule chose qui me restait. J'étais incapable de sentir une quelconque énergie magique lors de mes brefs moments de lucidité.

Je me sentis brusquement aspiré du monde des rêves, vers le monde réel. La douleur me torturait, mais c'était comme si quelqu'un me gardait éveillé. Mes yeux s'ouvrirent avec difficulté, mais je les refermai aussitôt en voyant la lumière du soleil. Un cri s'échappa bien malgré moi de ma bouche, alors que je sentais mes yeux brûler à la simple vue de la lumière du jour. Malgré tout, j'avais reconnu l'endroit où j'étais. J'étais de retour à Émeraude, et je n'étais plus enchaîné. Mais je savais très bien que lentement, je me transformais en insecte. Depuis combien de temps étais-je ici?

Asthurios apparut au milieu de la pièce dans une petite pluie d'étoiles. Voici l'endroit qu'il utiliserai. L'ensemble était de bonne taille, aménagé pour l'étude essentiellement. Si le souverain d'Irianeth tentait de venir ici, cette tour serait le dernier des refuges. Pour l'instant, il était celui d'un homme qui dormait au milieu. Le coma magique faisait son œuvre et Asthurios sentait que tout le corps du Chevalier Mikel fonctionnait au ralenti. Le poison, espérait l'Immortel, ne se propageait pas sous cet état. Il chanta l'incantation pour réveiller le Chevalier qui ouvrit les yeux. La lumière crue du soleil qui illuminait la pièce lui fit pousser un cri.

-Calmez vous. Votre voyage sur Irianeth et votre sommeil ont peu sollicité vos yeux. Du reste j'ai préféré vous couper de vos compagnons pour qu'ils ne paniquent pas.

-Qui... Qui êtes vous ? demanda Mikel.

-Plus tard. Il faut extraire ce poison et je crains d'avoir que trop peu de temps, répliqua l'Immortel, je vous préviens, ce ne sera pas agréable.

Il ne lui laissa pas le temps de répondre, et entonna la longue formule dans la langue des Immortels. Mikel l'écoutait puis s'écroula comme une poupée de chiffon. Asthurios continua de canaliser ses pouvoirs, Fermant les yeux tandis qu'avançait l'enchantement. Il les rouvrit d'un coup.

Le corps de Mikel se cambra et son propriétaire se réveilla et hurla sous la douleur atroce. Asthurios n'en tint pas compte, imperturbable. Mikel essayait de se défaire de la douloureuse emprise du sortilège qui, lentement mais sûrement expulsait de son organisme l'horrible substance, passant à travers sa chair, de ses veines jusqu'à sa peau.

Des petits caillots noirs commencèrent à se former. Gélatineux, noirs, dégageant la plus abjecte odeur de décomposition. À la porte de la tour, l'on cognait avec force, alarmé par les cris de Mikel. L'Immortel demeurait concentré, poursuivant sa litanie, insensible à la douleur du Chevalier. Les caillots grandissaient et tombaient sur le sol, le couvrant de flaques noirâtre. Ce n'était plus seulement du sang d'insecte. C'était tout le sang de Mikel qui avait été contaminé. Asthurios espérait que le poison n'avait pas eu le temps de se diffuser trop. Son "patient" s'évanouit sous la douleur, ses joues devenaient pâles. Asthurios sentit qu'il avait fini sa pénible tâche.

Il téléporta Mikel à quelques mètres, sur l'un des lits de la pièce. Si l'Immortel ne semblait pas physiquement à bout, il savait qu'il avait usé beaucoup de son pouvoir pour y parvenir. Il rassembla le sang noir qui prit feu sans qu'il n'ait besoin d'ouvrir la bouche cette fois. Il fit quelque pas et s'écroula de fatigue sur son fauteuil, face au lit.

Il boira l'eau des Immortels plus tard en dépit de la fiole à la ceinture qui luisait faiblement.

Chevalier d'Émeraude Messages : 36 Date d'inscription : 24/06/2017

Je ne voulais pas me transformer en insecte. Et je voulais encore moins contaminer les gens autour de moi. Je voulais leur éviter de subir le même sort que moi. Alors pourquoi m'avait-on ramené à Émeraude ? Lentement, je commençais à m'habituer à mon environnement, mais j'étais incapable de reconnaître qui était devant moi. Ce qui me rendait encore plus fou, c'était que j'étais incapable d'utiliser ma magie afin de reconnaître son essence magique.

« Calmez-vous, votre voyage sur Irianeth et votre sommeil ont peu sollicité vos yeux, me dit-il de sa voix neutre. Du reste j'ai préféré vous couper de vos compagnons pour qu'ils ne panique pas.

- Qui... Qui êtes-vous? demandais-je, effrayé.

- Plus tard, répondit l'homme calmement. Il faut extraire ce poison et je crains d'avoir que trop peu de temps. Je vous préviens, ce ne sera pas agréable. »

Je déglutis avec difficulté, lorsque l'homme commença à chanter dans un langage qui m'était inconnu. Je poussai un puissant cri de douleur, avant de perdre complètement la carte. Je me réveillai dans la douleur des plus atroces. Je tentais d'être brave, mais j'en étais incapable. Mon corps entier me faisait souffrir, je suais à grosses gouttes, des gouttes noires et visqueuses. Parfois, je vomissais la même mixture. Je ne sus combien de temps le traitement dura, je sus seulement que je fus incapable d'en supporter davantage. Ce fut rapidement le noir.

Je battis doucement des paupières. Le soir était déjà tombé sur Émeraude. Je me levai du lit, les jambes chancelantes. Je vis Maître Asthurios, inconscient dans un fauteuil. Était-ce lui qui m'avait traité ? La douleur avait disparu. Cependant, j'avais l'impression que quelque chose dans ma vue avait changé. Je courus devant la glace près du lit, et je retins un cri d'horreur en apercevant mes yeux. L'iris était de la même grosseur et de la même couleur qu'avant simplement, la pupille noire n'était plus ronde, mais bien verticale, comme celles des chats. Comme celles des insectes ! Tout les membres de l'Ordre connaissaient l'histoire du Chevalier Kevin. Je regardai rapidement mes mains, mais mes doigts n'étaient pas griffus. Je tentai de faire appel à mes pouvoirs magiques, mais je ne réussis absolument rien. Je poussai un soupir de découragement, avant de me laisser tomber sur le lit. Trois coups cognèrent à la porte de la tour. Je descendis sur la pointe des pieds, avant de regarder par le petit trou de la porte. J'y vis Aliénor.

« Maître ? demanda-t-elle. »

Ce n'était pas l'envie d'ouvrir la porte qui me manquait, mais je ne savais pas si j'étais contagieux... Je reculai silencieusement, avant de grimper à nouveau les marches menant à la chambre d'Asthurios. Je poussai un petit soupir, avant de m'asseoir en indien sur le lit. Si je ne pouvais pas utiliser mes pouvoirs et ainsi communiquer avec Édouard, je pouvais tenter de le rejoindre en méditation ? Je fermai les yeux, tentant de retrouver mon sanctuaire intérieur, et ainsi me calmer.

Je ne sus combien de temps passa, mais du mouvement me sortit de ma méditation. J'ouvris mes yeux, qui n'eurent aucune difficulté à s'adapter à la noirceur.

« Maître ? chuchotais-je. »

HJ/ Permission d'Ali de faire parler ainsi son personnage ! Smile

L'Immortel ouvrit un œil. Un sorte de lassitude avait envahi ses traits. Il prit sa fiole et but une gorgée d'eau divine. Le doux liquide, comme du miel, coulait dans sa gorge et lui rendait graduellement ses pouvoirs. Une légère pluie d'étincelles parcourut sa robe quand il se leva. Il vit le Chevalier Mikel. Ses yeux brillaient d'une lueur peu commune et Asthurios sut ce qui s'était passé. Le sang d'insecte avait eu le temps de se propager pour modifier la nature du Chevalier. Et cela, sa magie d'Immortel ne pouvait le contrer.

-Chevalier, écoutez moi. Le venin d'insecte vous a coupé du monde des Hommes sans vous faire enter dans le leur. Vous n'avez plus de pouvoirs magiques mais les dégâts sont limités a cela.

Asthurios sentit une terrible douleur dans le cœur du chevalier mais rien succeptible de le toucher. Il continua :

-Vous n'êtes plus en danger de mort et ne risquez pas de contaminer les autres. Du reste, vous pourrez vous habituer. Permettez mais vos compagnons s'interrogent en ce moment même sur votre état je vais devoir les informer.

Il disparut dans une pluie d'étoiles sans attendre sa réponse. Ce problème n'aurait pas du le tracasser, mais il se demandait quelles conséquences cela aurait sur les chevaliers. Et surtout, il y aurait il un moyen pour défaire ce que la mâture abjecte avait fait ? Asthurios soupira brièvement avant d'apparaître au milieu du Hall des Chevaliers.

Chevalier d'Émeraude Messages : 36 Date d'inscription : 24/06/2017

J'espérais de tout coeur que l'immortel puisse arranger mes yeux. Même s'ils ne ressemblaient pas complètement à des yeux de chats, il n'en restait pas moins qu'ils n'étaient pas humain. Ni humain, ni insecte. J'étais une abomination qui se trouvait entre les deux. Mais mon apparence n'était pas la pire chose. Il y avait également le fait que je ne ressentais plus aucune magie en moi. Plus rien. Je ne sentais plus mes compagnons d'armes. Je ne sentais plus Édouard. Je déglutis avec difficulté, alors que l'Immortel Asthurios me transperçait de son regard.

« Chevalier, écoutez-moi, commença alors le Maître, visiblement très sérieux. Le venin d'insecte vous a coupé du monde des Hommes sans vous faire entrer dans le leur. Vous n'avez plus de pouvoirs magiques, mais les dégâts sont limités à cela. »

Limités à cela ? C'était beaucoup plus que cela ! Je me sentais complètement démuni. Je l'avais bien compris, que je n'avais plus de pouvoir, mais j'avais osé espéré que l'Immortel puisse me les redonner. Me faire dire, aussi froidement, que je n'avais plus ce qui me permettait d'être un Chevalier d'Émeraude, ça me détruisait au plus haut point.

« Vous n'êtes plus en danger de mort et ne risquez pas de contaminer les autres. Du reste, vous pourrez vous habituer. Permettez mais vos compagnons s'interrogent en ce moment même sur votre état je vais devoir les informer. »

Sur ce, l'Immortel disparut, sans plus de tact ou d'empathie. Je poussai un cri de rage, avant de balancer le lit de fortune de l'autre côté de la pièce. Me calmer. Je devais me calmer. Je pris une grande inspiration. En ce moment, je ne voulais voir personne. Personne, sauf mon fiancé. Je me saisis d'une cape qui traînait dans une malle, avant de l'enfiler et ainsi quitter la tour de l'Immortel. Je n'avais aucun moyen de contacter Édouard, sauf par missive, et cela pouvait prendre près d'un mois avant que celle-ci ne se rende. Il devait être dans tous ses états, s'il ne ressentait plus ma présence. J'allais demander à quelqu'un de confiance de lui passer un message. Je rabattis la capuche de la cape sur ma tête, afin que personne ne voit mes yeux. Je me rendis jusqu'à la chambre de Delnya, et je cognai trois petits coups à la porte. J'entendis du mouvement, puis des petits pas.

« N'ouvre pas, Delnya, dis-je pressement. Je... Je veux simplement que tu dises à Édouard que je vais l'attendre dans ma chambre de l'aile des chevaliers. Et... Dis au reste de l'Ordre de ne pas venir me voir. Je... Pas tout de suite. »

Avant qu'il ne prenne l'envie à mon amie téméraire d'ouvrir la porte et ainsi comprendre ce qui se passait avec moi, je me rendis à ma propre chambre à la course, et je barrai rapidement la porte. Je fermai les carreaux de ma fenêtre, puisque mes yeux étaient sensibles à la lumière du jour, et je me lançai face première contre mon matelas de plumes. Il faisait tellement noir dans la pièce, qu'il était impossible d'y voir quoi que ce soit. Qu'est-ce que j'allais devenir ?

HJ/ PARTI