Reprendre les rennes

Roi d'Émeraude Messages : 6 Date d'inscription : 15/02/2017

Cinq années de tranquilité, cinq années de solitudes et cinq années de misère. Depuis que j'avais fait enfermer Mylena, je ne la voyais plus. Je n'avais même plus le droit de me présenter à ses nouveaux appartements, seuls nos enfants et les servantes pouvaient y entrer. Ma plus vieille ne me parlait plus, mais Amberle continuait de se présenter aux repas, comme Tristan. Mathéo, Gwendolène et Olive avaient tous pris le côté de leur mère. J'étais misérable, mais mon épouse avait dépassé les bornes. Je reprenais les rennes d'Émeraude et il était temps.

Torse nu, je fixais le plafond de mon lit à baldaquin, cinq ans sans même la présence chaude de ma femme. Malgré mon manque d'affection et ma solitude, pas une fois je n'avais commis d’infidélité. Je poussai un soupir, il y a un temps, j'avais laissé Mylena gérer la politique d'Émeraude, je me concentrais sur la stratégie militaire. Et ma femme, mon épouse dans son abus de pouvoir avait laissé cela lui monter à la tête et en faisant cela, j'avais perdu le reste de ma famille, excepté deux enfants.

Je finis par me lever, avant de revêtir une tunique rouge vin, un pantalon noir et mes bottes. Je passai une main dans mes cheveux, avant de sortir de la chambre, que j'avais autre fois traversé avec Mylena. Je traversai mes grands appartements, avant de les quitter et me diriger droit vers ceux où j'avais enfermé mon épouse. J'arrivai devant la porte, je fis un signe aux deux gardes de partir, ces derniers s'inclinèrent avant de s'en aller en marchant. Je cognai trois coups à la porte.

- Mylena, dis-je doucement. Ouvre-moi.

Je cognai trois coups, une autre fois. Je poussai un soupir, avant de poser ma main sur la porte, elle m'entendait, elle devait même savoir pourquoi je voulais la voir. Parce qu'elle me manquait, parce que notre amour me manquait. Parce que nous étions tellement différent lorsque nous étions tombés amoureux, tellement plus sains, l'un pour l'autre.

- Mylena, répétai-je. Pour l'amour de nos enfants, ouvre-moi. MAINTENANT.

Mon tempérament et mon impatience avaient eu raison de moi. Je donnai un coup de pied dans la porte, que je défonçai. Pourtant, je baissai les yeux en entrant, je n'osais pas croiser le regard de ma femme assise sur un petit sofa. Mes poings se serrèrent, alors que je se sentais mes mâchoires se serrer.

- Je veux qu'on... parle, murmurai-je.

Reine d'Émeraude Messages : 20 Date d'inscription : 15/02/2017

Je n'arrivais tout simplement pas à y croire. J'étais prisonnière de mon propre château. Je n'avais même pas ma magie pour m'en sortir. En effet, ma propre soeur avait confectionné des bracelets qui absorbaient toute ma magie. Je me sentais tellement faible, tellement inutile. Je ne comprenais pas. Qu'avais-je fait de mal? J'avais simplement fait respecter les lois déjà établies. Pourquoi soudainement Allanon, mon amour de jeunesse, mon époux, mon roi, avait-il décidé de me faire enfermer ? J'avais absolument tout ce dont j'avais besoin dans ces nouveaux appartements. Servantes, gardes, nourriture, confort. Mes enfants venaient me visiter. Sauf Tristan. Et Amberle. Tristan avait trahi son propre sang pour prendre la défense de Nathan. Ce n'était pas ainsi que je l'avais élevé. Lorsque je lui avais permis de rejoindre les rangs de ces Chevaliers, jamais je n'aurais cru qu'il se retournerait ainsi contre moi. En effet, c'était lui qui m'avait mis de force ces bracelets. Et ma petite Amberle... Elle avait toujours été une petite fille à papa. Et mon époux... Je refusais tout simplement de le voir. Je n'arrivais pas à croire qu'il me faisait cela. Il m'avait laissé les rennes du royaume, avec carte blanche, alors qu'il s'occupait de la stratégie militaire. J'avais fait ce qu'il m'avait demandé. Je ne devrais pas me retrouver ici.

Cinq années avaient passées. Cinq longues années. Chaque jour, je faisais la même chose. Je me levais, à la demande de mes servantes. On me servait le petit déjeuner dans mon salon, avant de me donner un bain. Ensuite, mon fils Mathéo venait prendre le thé avec moi. Gwen venait diner, puis Olive venait prendre le thé en après-midi. Ensuite, je lisais un livre, que mes servantes choisissaient pour moi. Elles triaient tout ce que je lisais. Il n'était pas question que je lise quoi que ce soit qui incluait de la violence. Le soir, heureusement, mes enfants venaient manger avec moi. Évidemment, je ne voyais ni Tristan, ni Amberle. Chaque soir, j'avais espéré les voir, mais chaque soir pendant cinq ans, j'avais été déçue.

Ce matin, Mathéo n'était pas venu me voir. Je regardais par la fenêtre. Il était dans la cour, et se pratiquait à l'épée avec les soldats de mon époux. Il était bon, et il s'améliorait rapidement. Bientôt, Allanon le laisserait partir au front. Avec les Chevaliers. Je ne voulais pas. J'avais déjà laissé Tristan faire, je ne voulais pas qu'il me prenne Mathéo en plus.

Je sursautai vivement, lorsque trois petits coups furent cognés à la porte. Comme il s'agissait sûrement d'une servante, et que je ne souhaitais pas qu'elle reporte quelque comportement anormal à mon époux, je retournai dans mon petit divan, le dos bien droit, ma petite tasse de thé à la main.

« Mylena, ouvre-moi, m'incita la voix douce d'Allanon. »

J'avalai avec difficulté. Je ne voulais pas voir mon mari. Je l'aimais de tout mon coeur, et je ne digérais pas le fait qu'il m'avait enfermée. Cela faisait cinq ans. Je ne pouvais pas y croire, tout simplement pas. Par sa faute, nos enfants étaient divisés. La famille que nous étions n'existait plus. Trois autres coups furent cognés, mais je restai stoïque. Il ne m'aurait pas.

« Mylena, continua le roi. Pour l'amour de nos enfants, ouvre-moi. MAINTENANT. »

Je haussai un sourcil. J'avais toujours été la personne calme entre nous deux. Allanon défonça alors, et je ne bougeai pas d'un poil. J'avais porté ma petite tasse à mes lèvres. J'espérais qu'il était satisfait de l'image que je lui renvoyais. Je ne soignais plus mon apparence, désormais. Mes cheveux étaient déchus. Je ne les avais plus coupés en cinq ans. Je devais avoir l'air beaucoup plus vieille que ce que j'étais réellement, tellement mes traits étaient fatigués. Me faire drainer de ma magie, de ma source d'énergie, ne m'aidait réellement pas.

« Je veux qu'on... parle, souffla Allanon, la tête basse. »

Je haussai un sourcil. Ce n'était pas comme s'il me donnait le choix. Il avait fait gagner ses précieux Chevaliers plutôt que moi. Il avait fermé les yeux sur un crime. Plusieurs crimes, même. Cette Noëlle, elle était un assassin. Elle était désormais en liberté dans mon château. Elle devait payer pour ses crimes. Et ici, la peine de mort était de mise. Et tous ceux qui s'étaient mis au travers de mon chemin devaient être punis aussi. Cela incluait donc son mari, Aden, mais également Nathan. Et tous les autres Chevaliers qui s'étaient rangés derrière eux.

« Mets-toi à ton aise, lui dis-je, éteinte. »

Alors que son regard se levait vers moi, je lui pointais le second petit sofa. Patiente, je lui versai une tasse de thé, avant de la poser dans ses mains. J'évitai tout contact direct avec lui, par contre. Je ne voulais pas sentir sa peau contre la mienne. Je ne voulais pas succomber. Je devais être forte et me dresser devant lui. Je voulais tenir mon point. Et si pour cela je devais passer ma vie enfermée ici, alors soit. De toute façon, ce n'était pas comme s'il pouvait me laisser enfermée ici pour toujours. Ça parlerait. Son pouvoir serait contesté. Quel roi pouvait diriger Émeraude s'il n'était même pas capable de contenir sa propre épouse.

« J'imagine que tu veux parler de Mathéo, dis-je doucement. Même si je te dis de ne pas faire de lui un Chevalier d'Émeraude, comme Tristan, tu le feras tout de même donc. »

Je savais très bien qu'il ne venait pas ici et qu'il n'avait pas défoncé la porte pour parler de notre fils. Mais je ne voulais pas parler avec lui. Je ne voulais pas lui montrer à quel point il m'avait fait souffrir. Je ne voulais pas qu'il voit à quel point il me manquait. Cinq ans, sans sa chaleur à mes côtés...

Roi d'Émeraude Messages : 6 Date d'inscription : 15/02/2017

Je ne serais jamais connu pour la délicatesse, ça c'en était sûr. En fait, je n'en avais que faire de la délicatesse, ce qui m'importait c'était ma famille brisée et mon besoin de la revoir en pleine santé. Si Tristan et Amberle manquait à ma femme, mes trois autres enfants me manquaient tout autant. Je croisais parfois Gwendolène dans les corridors et son regard meurtrier me faisait plus que mal. Tout cela parce que j'avais choisis de protéger Nathan et son Ordre contre la colère de ma femme.

Le haussement de sourcil de mon épouse me fit clairement comprendre que j'avais encore explosé pour rien. Je n'avais pas de pouvoirs, mais clairement, Mylena m'en voulait. Je n'aimais pas ce que mon Royaume était devenu, comme Argent, Fal et Rubis, un état presque purement punitif. Ce n'était pas cela que je voulais, Émeraude avait toujours été un état où l'espoir régnait. Mylena avait craché sur cela, pour installer la peine de mort et une poigne beaucoup plus solide. Je croyais que si l'on voulait se repenter de ses crimes, on pouvait obtenir le pardon.

- Mets-toi à ton aise, dit calmement la femme que j'avais épousé.

Mes yeux bruns foncés se levèrent sur mon épouse, elle me pointait le petit sofa face à elle. Je pris place, sans un mot, avant de la laisser me servir une tasse de thé. Ses mains ne touchèrent jamais les miennes, tout d'elle me manquait. Sa présence dans mon lit, son rire, son sourire moqueur à la table... tout. Les rumeurs allaient déja bon train dans le royaume et on disait déjà que je ne savais pas régner et que c'était pour cela que j'avais enfermé ma Reine dans ses appartements. Je ne pourrais pas la laisser éternellement ici.

- J'imagine que tu veux parler de Mathéo, dit-elle. Même si je te dis de ne pas faire de lui un Chevalier d'Émeraude, comme Tristan, tu le feras tout de même donc.

Oui, c'était mon intention. Le garçon avait besoin d'apprendre la discipline et à suivre des Ordres. Mais pas uniquement de cela. Ne voyait-elle pas à quel point tous nos enfants se détestaient entre eux et comment une partie d'eux haïssaient leur mère et l'autre partie, leur père? Ne voyait-elle pas qu'elle me manquait plus que tout? Que je ne dormais plus? Je finis par pousser un soupir et poser ma tasse de thé sur la table. Je détestais le thé.

- Non, dis-je. Mathéo fera ce qui veut, mais un peu de discipline et d'apprentissage militaire ne lui ferait pas de mal. C'est de nous que je veux parler, Mylena.

Il y avait si longtemps que son nom n'avait pas traversé mes lèvres. Je n'étais plus le prince fringant et plein d'assurance que j'étais. J'étais devenu un Roi anxieux de vouloir protéger son royaume et trop attaché à sa famille. Mon moi passé aurait eu honte. Je passai une main nerveuse dans mes cheveux. Je ne savais plus quoi faire de nous.

- Lena, dis-je doucement, en utilisant le petit surnom que je lui donnais quand je lui faisais la cour. Je vais pardonner Noëlle, je vais te pardonner aussi. Je veux que l'on se donne une autre chance, que l'on arrête de se punir et que l'on redevienne nous. Avant toute cette merde.

Cela ne lui plairait pas, mais je préférais cela à ne plus jamais revoir ma femme et trois de mes enfants. Amberle avait besoin de sa mère alors qu'elle devenait une femme et ne savait plus où en mettre la tête. Gwen aussi, bien des seigneurs venaient la courtiser et je ne savais lequel choisir pour notre belle aînée. Nous avions perdu notre Magicienne et nous avions besoins d'un autre mage pour enseigner aux nouveaux élèves.

- J'ai besoin de toi, de ton aisance et ton intelligence, mais j'ai aussi besoin de ma femme, ajoutai-je.

Trop tard, je me levais et mon corps contournait la petite table à café, pour prendre place à côté de la femme de ma vie. Mes mains prirent la petite tasse de ses mains et la posèrent sur la table, avant de se nouer aux siennes. Le contact de sa peau contre la mienne m'électrisa, tout l'amour que je ressentais pour elle remonta en moi comme un raz-de-marée. L'une de mes mains alla caresser sa joue, alors que mes yeux allaient se noyer dans les siens.

- Je t'aime trop pour que l'on se laisse, murmurai-je.

Sur ces mots, je posai mes lèvres contre les siennes. Peut importe si elle me refusait ou pas, j'avais dit ce que j'avais à dire et fait ce que j'avais à faire.

Reine d'Émeraude Messages : 20 Date d'inscription : 15/02/2017

Je connaissais mon époux par coeur. Je ne voulais pas qu'il fasse de mon petit garçon un de ces mercenaires, mais je n'avais pas du tout le mot dans son éducation. Je l'avais couvé le plus longtemps que j'avais pu, mais maintenant, ce n'était plus possible. Il me faisait tellement pensé à Tristan au même âge... Je l'avais perdu, et je ne voulais pas perdre Mathéo aux mains de ce foutu Nathan. Il était le pire Chef que l'Ordre d'Émeraude avait pu connaître. Je ne pouvais pas croire qu'on le laissait encore se balader. Il était père maintenant, et j'espérais sincèrement qu'il allait commettre des erreurs avec ses petits afin qu'ils le détestent comme j'étais détestée par Tristan au Amberle. Je voulais qu'il comprenne ce qu'il m'avait fait subir, et ensuite je pourrais l'achever. Si je n'avais pas réussi avec le petit Kesley, j'allais réussir avec sa douce Alys. Il allait perdre sa fille, son épouse, et j'allais m'arranger pour que son frère crève avant de lui arracher le coeur.

« Non, dit alors Allanon, me sortant de mes plans de vengeance. Mathéo fera ce qu'il veut, mais un peu de discipline et d'apprentissage militaire ne lui ferait pas de mal. C'est de nous que je veux parler, Mylena. »

Pas moi. Je ne voulais pas parler de nous. Il n'y avait plus de nous. Depuis longtemps. Même si je me souvenais encore de l'effet que faisait sa peau contre la mienne et que j'en rêvais la nuit.

« Lena, continua le Roi, faisant monter les larmes à mes yeux. Je vais pardonner Noëlle, je vais te pardonner aussi. Je veux que l'on se donne une autre chance, que l'on arrête de se punir et que l'on redevienne nous. Avant toute cette merde. »

Non. C'était de sa faute. Tout avait commencé lorsque Nathan était devenu Chef de l'armée d'Émeraude. Il était la cause de tous mes problèmes. Il n'avait jamais respecté sa Reine, et ce même avant de devenir à la tête de l'Ordre. C'était lui qui avait choisi Nathan. Pas moi. Il ne m'avait pas consultée. Et c'était là que ça nous avait menés.

« J'ai besoin de toi, de ton aisance et de ton intelligence, mais j'ai aussi besoin de ma femme. »

Je détournai la tête, afin qu'il ne voit pas les larmes couler le long de mes joues. Cependant, je sentis rapidement le corps de mon époux près du mien, et ma tasse me fut enlevée. Je retins un gémissement de douleur tandis que nos mains s'entrelaçaient.

« Je t'aime trop pour que l'on se laisse, me souffla-t-il. »

Mon tendre époux termina ce qu'il avait à dire par un doux baiser contre mes lèvres. Je ne le repoussai pas. Même si j'étais encore fâchée, et que j'en avais très long à dire, j'avais compris bien des choses entre les lignes. Il avait besoin d'une reine pour prendre des décisions à ses côtés. J'étais capable de mettre la jeune femme malheureuse que j'étais de côté pour faire mon devoir. Je relevai mon regard de feu sur celui de mon mari, avant de hocher lentement la tête de haut en bas.

« D'accord, Allanon, dis-je simplement. Mais cela ne veut pas dire que je te pardonne. Car jamais je ne pourrai te pardonner d'avoir nommé Nathan d'Osantalt chef des Chevaliers d'Émeraude. »

Sur ces mots, je me levai, me dirigeant vers ma garde-robe. Je commençai à regarder mes robes de soirée, les mettant devant mon corps, face au miroir. Je fis la grimace. Clairement, elles étaient à la mode d'il y a cinq ans. Je n'avais pas porté de tenues de soirée depuis de longues années.

« Je vais avoir besoin de vêtements, laissais-je tomber sans émotion. Et d'un souper de famille qui requiert tous mes enfants, leur partenaire et leurs enfants. »

Je posai un regard infiniment malheureux sur Allanon. Je savais très bien que Tristan était rendu père. Le pire dans tout ça, c'était que je ne savais même pas qui était la mère, ou alors quel était le sexe de l'enfant. Je n'avais même pas pu serrer la chair de ma chair dans mes bras.

« Il ne voudra pas me voir, n'est-ce pas ? »

Roi d'Émeraude Messages : 6 Date d'inscription : 15/02/2017

Malgré tout le mal que mon épouse avait fait autour d'elle, je ne pouvais pas m'empêcher de l'aimer plus que tout. Ma famille était ma priorité et je l'avais mise de côté trop longtemps, je me sentais déjà assez idiot comme cela. J'allais complétement reprendre les rennes du Royaume, avant de les donner à Tristan, il était temps. Je voulais passer du temps avec ma femme et mes autres enfants. Être Roi m'épuisait, surtout avec la tension qui régnait dans l'Ordre.

Au moins, Mylena ne me repoussa pas, mais elle ne disait rien. Lorsque ses lèvres quittèrent les miennes, ma femme hocha la tête, avant de plonger son regard sur dans le mien. Je n'étais pas sortis du bois avec elle, mais j'adorais que Lena ait une tête sur les épaules et un bon caractère. Ça ne faisait que auguementer mon admiration pour elle.

- D'accord Allanon, dit-elle, en ayant repris sa contenance. Mais cela ne veut pas dire que je te pardonne. Car je ne pourrai jamais te pardonner d'avoir nommé Nathan d'Osantalt chef des Chevaliers d'Émeraude.

Sans me donner plus d'attention que cela, mon épouse se leva pour se diriger vers sa garde-robe. Je la regardai farfouiller dans l'armoire, parmi toutes ses robes, avant de les placer contre elle, pour se regarder dans la glace.

- Je vais avoir besoin de vêtements, dit Mylena, platement. Et d'un souper de famille qui requiert tous mes enfants, leur partenaire et leurs enfants.

Je retins un soupir, de un, elle avait déjà une tonne de vêtements; de deux, je n'obligerais pas mes enfants à la voir si ils ne voulaient pas. C'était à eux de revenir vers elle et à leur mère de se faire pardonner. J'avais eu le bonheur de rencontrer ma petite-fille Nélia-Rose et de sentir le coup de pied du vigoureux petit Jasper dans le ventre de ma nouvelle brue. Je pus donc comprendre le regard triste de Mylena.

- Il ne voudra pas me voir, n'est-ce pas? demanda-t-elle.

Il y avait de fortes probabilités que non, Tristan n'avait vraiment pas apprécié que sa mère tente de tuer son chef. De plus, sa mère avait tellement tenté de le couver, toute sa vie, avant de faire de même avec ses frères et soeurs. Si Gwendolène avait adoré cela, ma jeune Amberle avait rapidement trouvé une façon de s'éloigner du nid familial. Mathéo était sous mon aile, il ne restait qu'Olive, petite princesse magique tant aimée de sa maman, Mylena pourrait toujours compter sur sa benjamine. Je me levai, avant de prendre la robe des mains de ma femme pour la reposer dans l'armoire. Je relevai son visage vers le mien.

- J'enverrai une invitation aux enfants, dis-je doucement. Je ne les forcerai pas, en leur laissant le choix de venir ou pas, on ne les éloigne pas. Tu sais bien que Mathéo, Gwen et Olive seront là. J'essaierai de parler à Tristan, pour ce qui est d'Amberle, il faut lui laisser du temps...

Notre jeune cadette détestait sa grande soeur, Gwen se faisait un plaisir de lui faire comprendre qu'elle ne méritait pas sa place. Je tirai sur le long cordon de soie près de la garde-robe, ce qui fit sonner une clochette dans le quartier des servantes de ma femme. Une jeune femme entra avant de s'incliner devant nous, les joues roses de timidité, je lui fis un petit sourire.

- Veuillez emmener les robes de ma femme chez les couturières, j'aimerais que ma Reine ait une nouvelle garde-robe, dis-je poliment.

Je me retournai vers Mylena pour l'attirer à moi, je plongeai mon regard dans ses yeux rubis. Je repoussai une mèche derrière son oreille, alors que la servante revenait avec ses collègues pour vider l'armoire. J'arrêtai l'une d'elle, la jeune femme tenait la robe de mariée de ma femme.

- Celle-la reste ici, dis-je.

Je pris la robe, avant de la poser dans l'armoire, avant de retourner vers la femme de ma vie. Elle était encore plus belle que la première fois que je l'avais vu. Je posai mes lèvres contre les siennes, avec une passion que nous avions perdu depuis cinq ans. Mes mains tenaient ses hanches contre moi, alors que mes baisers descendaient contre son cou.

- Je t'aime... murmurai-je.