Je t'aime malgré tout

Chevalier d'Émeraude Messages : 25 Date d'inscription : 24/03/2019

Qui aurait dit que je tomberais amoureux du fils des compétiteurs de ma famille? Personne. Même moi, j'avais été le premier à haïr Toma. Aujourd'hui, je n'étais plus capable de respirer lorsqu'il était loin de moi. Je l'aimais plus que tout, plus que l'Ordre, plus que notre mission et plus que ce continent de malheur.

Je regardai Toma monter en scelle. Il avait l'air plus que princier. Je le vis mettre sa monture au trot vers le sud-est. Je le suivis de près. Même si la bataille était derrière nous, je ne voulais pas avoir une trop grande distance entre nous deux. Au bout de quelques heures, je vis mon amant tirer sur les rennes de son cheval et l'attacher contre un arbre. Je fis de même, mais avant que je ne puisse le prendre dans mes bras, mon fiancé agrippa ma tunique et me poussa contre le tronc. Ses lèvres trouvèrent les miennes. Je fus transporté dans un torrent d'émotions.

C'était drôle, je sentais que mon amoureux n'était pas complétement investi dans notre baiser. Quelque chose derrière moi attirait son attention, mais ne le remplissait pas de joie.

- Mark.. Markus? fit une voix trop familière à mon goût.

Je me tendis. Je brisai notre étreinte, avant de me retourner vers mon père. Ce dernier avait vieilli. Il restait l'homme imposant que j'avais connu. Je sentis que toute la couleur dans mon visage venait de me quitter, mon coeur venait de me tomber dans les genoux. Du peu que je me rappelais de mon paternel, il était un homme dur et assez effrayant. Je pris la main de Toma, afin d'y trouver du courage, mais ce dernier se défit de mon étreinte.

- Je reconnaîtrais ces yeux n'importe quand, grogna mon père.

Je me sentis tout petit en voyant la haine dans ses yeux. Il détestait Toma et sa famille, depuis que ces derniers lui avaient volé ses clients. Il s'était suffisamment vengé, en reprenant ce qui lui était dû et plus encore. Tom finit par se retourner, agripper la bride sa monture, grimper en scelle et se lancer au galop vers l'horizon. Toma! criai-je dans son esprit. Pourquoi me laissait-il seul? Alors que j'avais besoin de lui pour affronter la seule personne qui m'effrayait. Je me retournai vers mon père, ce dernier secouait la tête.

- J'ai honte que tu sois mon fils, cracha-t-il.

- Je ne suis pas ton fils, je n'ai jamais été ton fils, criai-je.

Sans lui laisser le temps de me répondre, je détachai ma monture, avant de sauter en scelle. Mon paternel fit l'erreur de retenir mon cheval, j'armai l'une de mes mains. Je laissai partir le rayon incandescent juste au-dessus de son oreille, ce qui le fit lâcher ma monture. Je partis au galop en suivant l'énergie de mon fiancé. Il faisait bien noir lorsque la piste de mon amour finissait au bord d'une auberge. Je laissai mon cheval près du sien, avant d'entrer.

- Un blondinet aux yeux dorés est arrivé plus tôt, dis-je. Indiquez-moi sa chambre.

La dame qui occupait le comptoir me fit signe de la suivre, elle me guida vers une chambre. Je la remerciai en lui laissant quelques pièces, avant d'entrer silencieusement dans la chambre. Je me glissai dans le lit près de Toma. Ma main se mit à glisser sur sa joue en douceur, ce qui le réveilla. Mon fiancé poussa un petit soupir de soulagement en me voyant

- Markus... murmura Toma.

Je m'excuse... résonna dans ma tête. Je secouai la tête, avant de l'embrasser doucement. Je me blottis contre lui. Je fermai les yeux, avant de revoir la courte scène avec mon cher papa. Je serrai les dents, je ne comprenais pas pourquoi Toma m'avait laissé tout seul. Je rouvris les yeux sur son beau visage. Même si je ne lui en voulais pas, je voulais savoir pourquoi.

- Pourquoi? murmurai-je. Alors que tu as été le premier à me dire qu'avoir peur de nos familles était stupide. Pourquoi m'as-tu laissé seul avec... Alors que j'ai ...

Je n'allais tout de même pas lui avouer que j'avais peur de mon père. Même si c'était le cas. J'avais l'orgueil beaucoup trop mal placé. Il n'avait pas eu ma courte enfance. Si ma mère m'avait tant aimé, mon père était dur et brutal. Je me redressai, en ramenant mes genoux contre moi. Mon regard se perdit sur le mur et la porte.

- Mon père a toujours été ... Horrible, chuchotai-je. Même avant l'arrivée de ta famille. Ça a juste empiré quand vous êtes arrivés. Et que les chevaux de ta famille ont contaminé les nôtres.

Je fermai les yeux pour retenir des larmes. Pleurer était un signe de faiblesse. Ma main se noua avec celle de Toma. Je lui transmis mes souvenirs d'enfance, jusqu'à mon arrivée à Émeraude. En vieillissant, j'étais devenu comme mon géniteur. Orgueilleux, colérique et dur. Toma avait simplement fait en sorte que je ne sois pas un homme violent comme mon père.

- Ne me laisse plus jamais seul devant lui, murmurai-je.

Je me penchai sur mon fiancé, avant de poser un baiser contre ses lèvres.

Chevalier d'Émeraude Messages : 24 Date d'inscription : 15/04/2019

Je savais bien que j'avais fait une erreur. J'aurais du rester aux côtés de Markus, affronter son père avec lui. Après tout, nous allions nous marier. Mais après tout ce que j'avais vécu avec lui, il était encore très difficile pour moi de lui faire confiance complètement. Je l'aimais, oui, mais j'avais peur que si sa famille revenait dans le décor, qu'il allait m'oublier, et qu'il allait revenir à ses vieilles habitudes: celles de me détester. Même si maintenant je savais bien qu'il s'agissait d'un amour déguisé et mal véhiculé, je ne voulais pas retourner à cette époque. J'avais Markus et j'étais bien avec lui. Mais le fantôme de nos passés était quelque chose que j'étais incapable d'affronter.

Les lèvres de mon amoureux se posèrent doucement contre les miennes, juste avant qu'il ne se blottisse contre moi. Je le serrai fort dans mes bras, humant le doux parfum de ses cheveux.

- Pourquoi? me souffla Markus. Alors que tu as été le premier à me dire qu'avoir peur de nos familles était stupide. Pourquoi m'as-tu laissé seul avec... Alors que j'ai...

Je fronçai les sourcils, en me relevant légèrement. Markus se détacha de moi, s'accroupissant contre lui-même. Je l'avais laissé seul avec parce que c'était son père, mais avec le ton de sa voix, je comprenais maintenant qu'il y avait certaines choses que je n'étais pas au courant. Je voulus aller creuser dans sa tête, afin d'aller chercher les informations qu'il me manquait, mais je me retins. Markus était plus ouvert à moi désormais, j'allais donc attendre qu'il se livre.

- Mon père a toujours été... horrible... avoua-t-il après plusieurs instants dans le silence. Même avant l'arrivée de ta famille. Ça a juste empiré quand vous êtes arrivés. Et que les chevaux de ta famille ont contaminé les nôtres.

Je poussai un léger soupir. Si j'avais su, je serais resté avec lui. Mais Markus gardait encore énormément de secrets pour lui, comme s'il avait peur que je juge qui il était avant. Et pourtant, je le connaissais depuis sa tendre enfance. Sa main se glissa dans la mienne, et je fus frappé de l'enfance de Markus, qui défila à une vitesse vertigineuse dans mon esprit. Ses souvenirs, qui il était, et qui il était devenu à mon contact. J'étais littéralement ce qui l'avait empêché de devenir comme son père. Il avait encore certains traits agressifs, mais maintenant tout s'expliquait. Pour ma part, même si mes parents m'avaient vendu, j'avais vécu une belle enfance. J'étais entouré d'une famille aimante, qui n'avait pas eu d'autres choix que de vendre un enfant pour assurer la survie des autres. Et ce n'était pas parce que je n'étais pas aimé. C'était parce que j'étais le seul enfant qui possédait des pouvoirs magiques.

- Ne me laisse plus jamais seul devant lui, râla Markus.

Ses lèvres se posèrent de nouveau sur les miennes, et je mis fin au baiser pour le serrer fortement dans mes bras. Maintenant, Markus n'avait plus de secret pour moi. Et je comprenais qu'il m'aimait depuis très, très longtemps. Mais surtout qu'il s'en voulait de m'avoir ainsi traité pendant des années. Il pensait que je serais dégoûté par lui, et que je passerais à autre chose. Il pensait qu'il passerait à autre chose. Mais maintenant que nous étions ensemble, je sentais toute sa culpabilité. Si seulement il avait géré les choses autrement...

- Jamais, minaudais-je.

Je relevai son visage vers le mien, pour poser mon regard doré au creux du sien. Mes lèvres caressèrent les siennes.

- Maintenant que je sais tout de toi, je ne pourrai plus faire d'erreurs, murmurais-je, légèrement taquin.

Je le plaquai contre le lit, avant de grimper à califourchon sur ses cuisses. J'embrassai le bas de son ventre, et remontai jusqu'à sa gorge en une filée de baisers.

- Et ne t'en veux pas, soufflais-je dans le creux de son oreille. Si les choses s'étaient passées différemment entre nous, nous ne serions peut-être pas ensemble. Et puis... Tu es mon âme soeur. J'étais prêt à attendre l'éternité pour que tu l'admettes.

Déjà, je sentais la tension monter entre nous. Elle était palpable et surtout, très sexuelle. Il fallait dire que Markus était absolument magnifique, et même lorsqu'il était contrarié ou en détresse, son être entier respirait le charisme.

» Le tout pour le tout