Dur retour à la réalité | LIBRE

Chevalier d'Émeraude Messages : 83 Date d'inscription : 17/04/2016

Je n'avais jamais vu Elros aussi perturbé qu'il pouvait l'être en ce moment. Je ne savais pas quoi lui dire pour le réconforter. J'étais là, j'étais vivant, j'allais bien. De quoi avait-il besoin en plus ? Si seulement je pouvais lire en lui, je saurais quoi faire pour le remettre sur pied. Je savais pertinemment que mon époux pouvait ne pas parler pendant très longtemps de ce qui le mettait dans tel ou tel état. Et je ne voulais pas qu'il reste ainsi. Je voulais le voir heureux, je voulais le voir sourire. Mais ce fut son regard rempli de larmes que je rencontrai, ce qui enfonça un pieu dans mon coeur. Il ferma rapidement ses magnifiques yeux de feuilles, caressant mes cheveux par la même occasion. Même si j'étais là, dans ses bras, je savais que quelque chose s'était brisé en Elros. Lorsque j'avais perdu la vie, lui il avait perdu sa raison de vivre. J'avais l'impression qu'il commençait à réaliser le risque que je prenais à protéger Enkidiev. Depuis qu'il était arrivé, je n'avais jamais subi aucune blessure au combat. Même le meilleur combattant de l'Ordre pouvait perdre la vie sur un champ de bataille. Wellan d'Émeraude était mort transpercé d'une lance durant un combat...

« Toi tu l'es, me répondit-il finalement, me serrant fortement contre lui. J'ai tellement peur de te perdre Kes... rentrons à Osantalt. »

Oh... Je m'attendais à tout, sauf ça. Surtout qu'il était banni de son île. Je ne dis rien cependant. Ses yeux s'étaient écarquillés à ses mots. Ce n'était pas que je ne voulais pas. Bien au contraire. Mais je ne pouvais pas. Je ne pouvais pas déserter de nouveau. Je n'allais pas le montrer, mais j'avais probablement beaucoup plus peur qu'Elros de retourner sur le champ de bataille. En fait, je ne voulais pas y retourner. La simple idée de m'y retrouver me faisait complètement paniquer. Avec tendresse, mon mari releva mon visage vers le sien, un doux sourire aux lèvres. Il m'embrassa alors, ce qui me rassura un brin. Il cacha alors son visage au creux de mon cou, ce qui me fit frissonner.

« Si je pouvais avoir tout ce que je voudrais, souffla mon copain. Je te demanderais de ne jamais retourner sur un champ de bataille, de tout laisser tomber et venir vivre avec moi sur Osantalt. »

Mon coeur fondit. C'était ce que je voulais. Me sauver de la guerre et vivre en toute quiétude avec mon nouvel époux. Elros se laissa alors tomber dans l'herbe, avant de m'attirer en cuillère contre son torse, me serrant fortement contre lui. Ses lèvres trouvèrent leur chemin jusqu'à ma nuque, tandis que sa main se glissait dans la mienne, qu'il embrassa avec tendresse. Mes yeux s'embuèrent de larmes, tandis que mes mains enserraient le bras musclé de mon mari. Je me fis tout petit contre son torse, tentant de contrôler mes émotions. Incapable, je ne fis qu'éclater en sanglots amers dans les bras d'Elros, qui me retourna face à lui avant de me serrer encore plus fortement contre lui. Je détestais paraître faible devant les autres. Et plus particulièrement devant ceux que j'aimais.

« Moi non plus je veux pas y retourner, pleurais-je. Je veux pas mourir... Je veux passer ma vie avec toi. »

Jamais je n'aurais pensé dire quelque chose de pareil. J'avais toujours pensé que je serais le Chevalier prêt à se sacrifier pour les autres, n'ayant pas peur de mourir pour la cause. Mais tout en moi avait changé. J'étais devenu beaucoup plus mature en fréquentant Elros. Une nouvelle peur en moi avait également naquit. J'avais peur de le perdre. Je ne voulais pas mourir prématurément, sans avoir pu vivre ma vie avec lui. Pour la première fois de ma vie, je voulais vieillir et mourir aux côtés de quelqu'un. Je voulais vivre dans notre petit nid d'amour, entouré de nos enfants.

Je relevai mon visage baigné de larmes vers Elros, avant de m'emparer de ses lèvres avec désespoir. La peur me tiraillait le ventre. Pouvait-il la sentir ? Je sursautai, tandis qu'une puissante lumière éclairait la clairière. Je me relevai brusquement, pour voir mon frère sortir de son maëlstrom, accompagné d'Aliénor.

« Qu'est-ce que tu veux? lançais-je à Nathan, haineux.

- J'ai senti ta peur, me dit-il simplement. Ça suffit ton escapade, tu rentres au château. »

Je me relevai lentement, suivi par mon nouvel époux. Mon frère croisa alors ses bracelets, avant de me faire signe d'y entrer. Je reculai de quelques pas, et son soupir ne m'échappa pas.

« Kesley, tu rentres, laissa-t-il tomber. Ce n'est pas une demande, c'est un ordre de la part de ton Chef.

- Et il était où ce Chef il y a trois jours, quand son soldat se faisait massacrer ? sifflais-je entre mes dents. »

Même si je ne pouvais pas le sentir, je savais que Nathan était désormais très fâché. Il leva alors la main, et un puissant vent se leva, tandis qu'il m'attirait magiquement à lui. Vraiment? Il allait me forcer maintenant ? Je commençai alors à tenter de combattre sa magie, plantant mes talons dans le sol.

« LAISSE-MOI TRANQUILLE ! hurlais-je. »

Le vent tomba subitement, ce qui me fit tomber à la renverse. À ma plus grande surprise, Nathan vint s'accroupir à mes côtés. Il avait l'air complètement détruit. Je ne reconnaissais même plus mon frère.

« Ça fait trois jours que je te suis, me dit plus doucement Nathan. Et tout ce qui t'habite, c'est la peur. Reviens au château, Kesley. J'ai pas su t'aider, à Cristal. Laisse-moi t'aider maintenant. »

Il me tendit la main, et sans même savoir pourquoi, je m'en saisis. Il m'aida à me relever, avant de m'attirer vers Aliénor, qui croisa ses poignets. Je lâchai la main de mon frère, pour la tendre vers Elros, qui s'en saisit sans même se poser de questions. Je pénétrai le portail, suivit par mon époux. Le soleil commençait à peindre l'horizon, tandis que j'apparaissais dans la cour d'Émeraude. Plusieurs Chevaliers avaient commencé à s'entraîner, et arrêtèrent tout pour nous regarder. Moi qui n'avait jamais été timide, je me cachai dans le dos d'Elros, sans jamais lâcher sa main.

Messages : 42 Date d'inscription : 09/07/2018

Je savais bien que je ne pouvais pas demander à Kes de mettre son devoir et l'Ordre de côté. Mais je ne voulais pas le revoir mourir comme c'était arrivé. Je n'avais pas le droit, aucunement, de lui demander cela et pourtant, je l'avais fait. J'étais tellement amoureux que je n'avais pas pensé que lui demander cela était impossible. Que je ne devais pas le faire choisir entre moi et l'Ordre.

Les mains de mon mari serrait mon bras, je le sentais à l'envers. Il était pressé contre moi, alors que je l'entendis éclater en sanglots. Je le retournai vers moi, inquiet. Je serrai mon amour dans mes bras, le plus fort que je le pouvais. Je voulais le débarrasser de sa peur, mais j'en étais incapable.

- Moi non plus je veux pas y retourner, souffla Kes dans un sanglot. Je veux pas mourir... Je veux passer ma vie avec toi.

Je devais lui dire que j'avais confiance en lui, qu'il ne mourrait pas. Je sentais sa peur, c'était la même que la mienne. Je voulais qu'il quitte cet ordre stupide et qu'il me suive à Osantalt, mais ça n'aurait jamais lieu. Kesley leva son regard mouillé sur moi, alors qu'il m'embrassait avec désespoir. Je me laissai aller dans notre étreinte jusqu'à ce que Kes sursaute. Je vis une lueur blanche et le frère de mon amour sortir de son tourbillon accompagné par la femme Chevalier qui avait sauvé Kes.

Je baissai la tête, lorsque Kesley demanda à son grand frère, ce qu'il voulait, d'un ton plus qu'agressif. Si les deux frères étaient encore aux antipodes, c'était ma faute.

- J'ai senti ta peur, dit-il. Ça suffit ton escapade. Tu rentre au château.

Il avait raison, j'avais tenu Kesley beaucoup trop éloigné de son monde. Monde qui n'était pas le mien. Mon mari se leva et je fis de même. Nathan croisa ses bracelets, en faisant apparaître un gros tourbillon, avant de lui faire signe de rentrer. Kes recula.

- Kesley, tu rentre, dit-il. Ce n'est pas une demande, c'est un ordre de la part de ton Chef.

- Et il était où ce Chef il y a trois jours, quand son soldat se faisait massacrer?

Je baissai la tête, j'avais envie de lui dire d'arrêter. Mais je savais que je recevrais autant de méchanceté. Nathan leva sa main et un vent violent força Kes à avancer, ce dernier planta ses talons dans le sol, alors que je voyais la jadoise baisser les yeux.

- LAISSE-MOI TRANQUILLE, hurla Kes.

Le vent cessa. Mon mari tomba au sol, mais avant que je me lance à son côté, Nathan se pencha vers son frère. Je vis, pour la première fois, que le visage du Chef de l'Ordre n'affichait pas une expression fâchée, mais complétement détruite. Nathan dit doucement à Kes qu'il le suit depuis trois jour, qu'il sent sa peur, qu'il veut l'aider. Et moi, qui voulais l'éloigner de cela.

Je vis mon amour prendre la main tendue de son frère, qui l'emmena près de la femme chevalier qui croisa ses bracelets. Le tourbillon apparut. Kes lâcha Nathan pour me tendre la main, je m'en saisis comme si ma vie en dépendait. Je le suivis dans le tourbillon, avant d'apparaître dans le cour du château. Le reste de l'Ordre qui s'entraînait se retourna en nous voyant. Kes se cacha dans mon dos, en tenant toujours ma main. Je baissai les yeux, je tirai sur Kes, avant de me tourner vers lui. Je posai ma main contre sa joue, avant de poser doucement mes lèvres contre les siennes.

Nathan et la femme chevalier nous dépassèrent, alors que je me tournais vers Nathan, pour l'intercepté. Ma main se posa doucement sur son épaule, toute la cour retint son souffle. Clairement, mes bêtises d'y il y a trois jours était connue de tous. Lorsque l'hybride se tourna vers moi, je baissai la tête.

- Sire Nathan, murmurai-je. Je tenais à m'excuser pour mon geste lors de la bataille...

Je n'étais pas capable de soutenir son regard, je laissai le Chef aller, avant de me retourner vers mon mari. Je poussai un soupir, pour reprendre la main de mon amant. Je posai un petit bisous sur la joue de mon amour, avant de nous entraîner vers la fontaine. Je m'assis sur le rebord de cette dernière, avant de lever un regard sur Kes.

- Je ne veux pas t'éloigner de ta famille, murmurai-je. Répare ce que tu as avec Nathan, je vais rester avec toi ici, chez moi c'est où tu te trouve.

Je me levai pour presser mes lèvres contre les siennes, avec amour.

Chevalier d'Émeraude Messages : 83 Date d'inscription : 17/04/2016

Mon coeur battait la chamade dans ma poitrine, tandis que tous nous regardaient. Me regardaient, en fait. Il fallait bien dire que personne n'avait pu me parler depuis le moment où j'étais revenu à la vie et maintenant. Je m'étais sauvé, comme je le faisais toujours. C'était une bonne chose, que mes pouvoirs m'aient abandonné. Sinon, je ne savais pas ce que serait devenu le champ de bataille de Cristal. J'aurais sans doute tué toutes personnes s'y trouvant, insecte, homme, fée ou elfe. Je n'avais jamais ressenti la peur, jusqu'à ce jour. Au moment où cette sorcière avait tranché mes deux bras, pour ensuite me couper la gorge devant tous, quelque chose en moi avait changé. Et j'avais la nette impression qu'il s'agissait de quelque chose d'irréparable, malheureusement. J'avais honte. Honte d'avoir peur et de ne pas vouloir retourner sur un champ de bataille.

Elros tira alors sur ma main, tout en se retournant. Je me retrouvai dans ses bras, ses lèvres se posant amoureusement contre les miennes. Je puisai du courage dans ce baiser, mais rapidement mon époux me lâcha pour se saisir du poignet de mon frère, qui nous dépassait. Si c'était silence, là, on pouvait entendre une mouche voler tellement c'était tendu dans la cour.

« Sire Nathan, souffla mon amant. Je tenais à m'excuser pour mon geste lors de la bataille... »

Elros avait la tête basse. Il n'avait jamais la tête basse. Nerveux, je mordis ma lèvre inférieure, mais rapidement Nathan quitta les lieux. Clairement, il n'avait pas pardonné mon mari, et je ne pensais pas qu'il serait pardonné de sitôt. Je connaissais mon fraternel par coeur. Bientôt, ce serait de ma faute si on m'avait coupé la gorge... Il allait virer l'histoire à son avantage.

La main de mon amour se glissa dans la mienne, tandis que ses lèvres se posaient contre ma joue. Il m'attira alors vers la fontaine, avant d'y prendre place assise et de lever son beau regard de feuilles sur moi.

« Je ne veux pas t'éloigner de ta famille, me chuchota mon copain. Répare ce que tu as avec Nathan, je vais rester avec toi ici, chez moi c'est où tu te trouves. »

Je souris bêtement sous sa déclaration, tandis qu'Elros se relevait vivement pour m'embrasser. Je répondis vivement au baiser, avant de le pousser de nouveau contre le rebord de la fontaine, me glissant entre ses jambes pour l'embrasser avec passion. Je pris une grande inspiration, fermant les yeux. Mon frère avait toujours tenté de contrôler ma vie. J'avais toujours pensé que c'était de l'amour. Maintenant, je réalisais que c'était autre chose. Nathan ne m'aimait pas. Il ne m'avait jamais aimé. Il avait besoin d'un bon petit soldat, et c'était ce qu'il avait tenté de faire de moi.

« Ma famille, c'est toi, répondis-je à mon amant d'un râle. Je veux plus rien savoir de Nathan... »

Je glissai ma main dans la sienne, avant de l'aider à se relever. Lentement, j'attirai mon amant vers le porche, afin de se diriger à notre chambre, mais un cri strident me fit porter mes mains à mes oreilles. Je savais très bien c'était qui. Je reconnaîtrais cette voix parmi des milliers. Aëlys. Ne sachant pas par où elle arrivait, comme je ne pouvais plus la localiser, je reçus ma meilleure amie en trombe contre ma poitrine, ce qui me fit gémir de douleur. Je la serrai alors contre moi, tandis qu'elle éclatait en sanglots. Mais elle avait quoi?

« T'es encore dans ta semaine ? me moquais-je gentiment. »

Je reçus aussitôt un coup de genou entre les jambes, me coupant le souffle. Je me décollai aussitôt d'Aëlys, et je remarquai une jeune femme à la chevelure rousse qui était avec l'écuyère de ma soeur d'armes.

« Allez, pourquoi tu pleures ? lui demandais-je lorsque j'eus repris mon souffle. »

Habituellement, j'aurais trouvé l'information facilement, mais comme j'étais incapable de lire son esprit...

Chevalier d'Émeraude Messages : 23 Date d'inscription : 17/04/2016

Les rumeurs avaient été tellement rapidement, sur ma relation avec l'elfe Yselda. Je l'avais rammené à Émeraude avec moi, elle m'apportait quelque chose de différent de tout ce que j'avais connue. Comme si avec elle, je voulais connaître la paix et je voulais devenir meilleure pour elle. Comme si elle représentait un futur que je n'avais jamais prévu pour moi. Yselda m'apportait tellement de bonheur et elle avait réussi à guérir toutes mes blessures intérieures, sauf une, la mort de Kesley.

Ce matin, je me réveillai, le visage pressé contre la nuque de Yselda, mes bras la serrant contre moi. Clairement, j'avais fait une autre attaque de panique pendant la nuit, je finis par la laisser, avant de me lever et m'habiller silencieusement. Je relevai mes longs cheveux en une queue de cheval haute, avant de les tresser. Je devais entraîner Alina, elle qui depuis le combat avait encore plus peur de perdre Davina. Je me tournai pour voir les grands yeux noisettes sur moi, je la tirai du lit, avant de lui lancer une tunique verte.

- On descends dans la cour, je dois entraîner Ali et ensuite on ira se promener en campagne? proposai-je.

***

Je n'étais pas dans la cour depuis un moment, lorsqu'une énergie que trop familière dans mon dos. Je me retournai pour voir Kes derrière Elros. Mon coeur remonta dans ma gorge, alors que je devenais aussi pâle qu'un fantôme. Il était mort, je l'avais vu mourir. Les larmes se mirent à couler de mes yeux, alors qu'il marchait avec son amant vers le porche du château. Je ne pus retenir un cri strident. Je courus vers mon ami d'enfance, sans regarder derrière moi.

Je fonçai dans le torse solide de mon frère d'armes, alors qu'il poussait un petit gémissement de douleur, mais ses bras se refermèrent sur moi. Je fermai les yeux pour prier que ce ne soit pas un rêve. J'éclatai en sanglots amers.

- T'es encore dans ta semaine? demanda moqueusement Kes.

Insultée, mais aussi rassurée de le voir devant moi, je lui donnai un bon coup de genou dans les parties. Kesley brisa l'étreinte en reprenant son souffle. Son regard glissa par-dessus mon épaules, il remarqua Yselda et Ali ensemble.

- Allez, pourquoi tu pleures? demanda-t-il doucement.

Il ne savait pas? Je levai mes yeux ronds sur lui, avant de renifler. Je posai une main sur sa joue, pour m'assurer que c'était bien lui, je sondai son être, c'était mon Kesley, mon frère, mon meilleur ami. Je le repris dans mes bras, le serrant du plus fort que je pouvais.

- Parce que tu es vivant, imbécile, pleurai-je. Parce que je t'ai vu mourir, que je ne te sentais plus...

Je ne voulais pas le traiter d'imbécile, mais je vivais tellement d'émotions en même temps, je ne pouvais pas toutes les maîtriser. Je me tournai vers la cour qui nous regardait. Je fronçai les sourcils, avant de mettre mes mains sur mes hanches et leur faire face.

- Vous avez pas autre chose à faire, bande de voyeurs! criai-je.

Je me retournai vers Kes et le contournai pour serrer Elros dans mes bras.

- C'est toi qui l'a ramené? demandai-je, en tenant la main de Kes dans la mienne.

Je tenais à Kes plus qu'à moi-même, il était ma seule famille. Je le tirai vers Yselda, par la main, avant de prendre celle de l'elfe dans la mienne, je me tournai vers mon ami. Les joues roses de timidité, je laissai la main de Kesley.

- Kes, je te présente Yselda, dis-je. Elle est... Avec moi.

Chevalier d'Émeraude Messages : 83 Date d'inscription : 17/04/2016

La dernière fois que j'avais éprouvé de haine à l'égard de quelqu'un, c'était lors de mon retour de la Forêt Interdite, et c'était envers Nathan. Ça n'avait pas changé. La première fois, par contre, j'étais sous une emprise maléfique. Là, c'était de mon plein gré. Malgré tout, je n'avais pas la même vision du Chef des Chevaliers d'Émeraude que mes frères et soeurs d'armes. Je savais que la Reine avait comme mission de mettre fin aux jours de mon frère. En fait, elle l'avait tellement rempli de haine, qu'elle avait réussi à le faire changer. Nathan avait toujours été un pacifique, un négociateur, un héros... Maintenant, il était à l'inverse de tout cela. La violence ne le dérangeait plus. Lors des combats amicaux, il ne se gênait pas pour blesser volontairement un autre Chevalier. Et puis, il y avait eu toutes sortes d'incidents. Avant la bataille de Cristal, ça avait déjà commencé à murmurer; l'Ordre avait besoin d'un nouveau Chef. Je ne voulais pas faire de mal à mon frère, mais je n'avais pas le choix. J'étais le signal. J'étais celui qui déciderait du moment que Nathan serait mis à nu. Et tandis qu'Aëlys me présentait sa nouvelle amie, Yselda, et que j'avais vu mon frère marcher vers les portes comme si rien n'était arrivé, je lui avais tiré une flèche. Rapidement, les autres soldats m'avaient appuyé. Je voulais utiliser la manière douce, mais il m'avait, encore une fois, poussé à bout.

J'avais suivi docilement mes frères et soeurs d'armes dans le hall, mais j'étais resté à l'entrée, les bras croisés contre ma poitrine. Elros était près de Ralph, mon écuyer. J'écoutai distraitement Ali, puis Alix. Mon futur époux semblait tellement mal à l'aise, ça me faisait sourire, je devais l'avouer. Lui qui détestais les conflits... Mais je savais pertinemment qu'après ce qui s'était passé à Cristal, il n'allait pas me lâcher d'une semelle pendant plusieurs semaines. Ça ne me dérangeait pas. Je savais que ça pouvait déranger mon écuyer, mais comme il avait enfin commencé à socialiser avec d'autres, j'avais plus de temps libre, et lui aussi. Je savais qu'il ne m'appréciait pas particulièrement de toute façon, alors j'avais appris à le laisser seul.

Je sursautai vivement, tandis qu'Alix abattait son poing contre la table, me sortant de mes pensées. Cette fois, ce fut à Elros de sourire afin de se moquer de moi.

« VRAIMENT? hurla Alix, visiblement hors de lui. Dois-je vraiment énumérer tout ce qu'il a fait ou vous allez vous trouver une forme de courage pour le faire ? »

Un silence de mort régnait dans la salle. Certains regards convergèrent alors vers moi. Il fallait dire que j'étais le dernier « événement ». Je poussai alors un bruyant soupir. Je ne voulais pas vraiment participer à cela, mais j'étais tellement en colère contre l'attitude de Nathan sur le champ de bataille, et même dans la clairière lorsqu'il était venu me chercher, que j'avais simplement envie de lui cracher ses quatre vérités au visage. Je levai alors la main, indiquant que je voulais parler. J'entrai alors dans la pièce, me postant près de Nathan. Je laissai quand même la distance de deux lames d'épée entre nous, au cas...

« Tu le sais peut-être pas, commençais-je d'un ton doux. Mais il fût un temps où je disais que tu étais l'homme de ma vie. L'homme que j'ai devant moi, ce n'est pas celui qui m'a recueilli à Béryl afin de m'apprendre à canaliser mon énergie et mes pouvoirs. Je sais que tu m'as fait beaucoup de faveurs lorsque j'étais un écuyer, mais tu m'as également fait beaucoup de promesses. Que t'as pas su tenir. »

Jamais je n'aurais cru que ce hall serait un jour aussi silencieux. En fait, je me sentais intimidé de devoir raconter mon histoire devant tous ces gens. Même si j'étais tout de même apprécié dans l'Ordre, je ne parlais jamais devant tous ainsi. Je n'étais pas né pour être à la tête d'une armée, ça c'était certain. Ça ne me dérangeait pas de suivre, bien au contraire. Mais je ne voulais pas suivre quelqu'un qui avait perdu tout son honneur. Et c'était le cas avec mon demi-frère.

« Tu avais dit que tu ne scellerais jamais ma magie, continuais-je. Pourtant, tu l'as fait. À cause de toi, Mylena m'a... »

Mon regard parcourut rapidement la pièce. Personne n'était au courant de cela, en fait. Il y avait Elros, bien évidemment, et Aliénor. D'ailleurs, cette dernière avait baissé la tête, visiblement mal à l'aise.

« À cause de tes différents avec la Reine, je me suis fait ensorceler, violer et on a tenté de me tuer, laissais-je tomber. Et à la bataille tu... »

Je déglutis avec difficulté, tandis que je sentais des larmes piquer mes yeux. Je sentais le regard désolé de Tristan sur ma personne. Mais il n'était pas responsable des agissements de sa mère.

« Je peux pas faire ça, murmurais-je. »

Je tournai les talons pour quitter la pièce, mais Elros s'était déjà élancé à ma poursuite, me retenant doucement par le poignet pour me retourner face à lui et me serrer dans ses bras.

« On m'a enlevé, torturé, et on m'a littéralement enlevé la vie, parce que je suis ton frère, continuais-je. Ça, je peux vivre avec ça. »

Je m'étais défait de l'étreinte de mon fiancé, tandis que je sentais la colère monter en flèche en moi. J'avais depuis longtemps fait la paix avec mon passé. Mais pas avec ça.

« MAIS TU M'AS LAISSÉ CREVER COMME SI JE VALAIS RIEN ! hurlais-je alors. JE SUIS TON FRÈRE, LE MÊME SANG COULE DANS NOS VEINES, ET TU AS LAISSÉ CETTE SORCIÈRE M'ASSASSINER, SANS MÊME LEVER LE PETIT DOIGT !

- Calme-toi... me souffla Elros, de manière à ce que moi seul entende.

- À cause de ça, continuais-je en baissant un peu le ton, mais avec la même haine. Je n'ai plus aucun pouvoir magique. Plus aucun flux. Ma rune a disparu. Tu m'avais promis que je garderais toujours ma magie, et plus d'une fois, t'as failli à la tâche. T'es qu'un lâche Nathan. Un menteur. Une fraude. J'envie tous les autres Chevaliers autour de cette table. Ils sont tous tes frères, mais c'est symbolique. Ils peuvent décider de te balayer de leur vie. Moi, t'es mon frère de sang, et j'aimerais vraiment que ce ne soit pas le cas. »

Aucune réaction. Il ne me regardait même pas, en fait.

« T'as fini? demanda-t-il platement. »

J'écarquillai le regard, tandis que je sentais que mes jambes devenaient molles. C'était comme s'il était dénué de toutes émotions. Je jetai un regard désespéré à Aëlys, et je pouvais voir les larmes couler le long de ses joues. Il y avait des parties de mon histoire qu'elle ne connaissait pas, car je ne voulais pas en parler. Je pouvais voir à son regard qu'elle se sentait mal, mais elle n'aurait jamais pu empêcher tout ça.

« Je vote pour Aliénor, dis-je faiblement. »

Un dernier regard à Markus, Toma et Aëlys, avant de quitter le hall à la course. Je savais qu'Elros me suivrait. Il le faisait toujours. Je me rendis rapidement aux écuries, avant de trouver la stalle de Thym, mon cheval. Je sautai habilement par-dessus la porte, avant de me laisser glisser contre cette dernière, mes larmes obstruant ma vue. Je remarquai rapidement deux pieds nus de chaque côté de mon visage, et je me relevai aussitôt, avant de me retourner pour me blottir contre le torse de mon amoureux, qui était assis sur le dessus de la porte.

HJ/ PARTI ! Post terminé!

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