Retrouvaille de famille

Chevalier d'Émeraude Messages : 16 Date d'inscription : 20/04/2016

Mes yeux bleus foncés étaient fixés sur l'océan d'insectes. Je fulminais, je fulminais toujours. L'enfant que Nathan m'avait ressuscité était différent, comme si notre lien n'était pas vrai, malgré tout, je lui donnais tout l'amour qu'il avait besoin. Le petit Isaak grandissait dans la joie, même si au plus profond de moi, je n'osais pas me dire que cet enfant n'était pas le mien, ni celui de Nathan. Malgré cela, je ne laisserais personne lui faire du mal.

Lorsque Ali nous ordonna de foncer, je fonçai. Je tranchais tout ce qui se trouvait sur mon chemin, jamais je ne laisserais l'un d'eux approcher d'Émeraude, où résidait Isaak. Je me battais avec l'énergie du désespoir, je sentais l'énergie de Nathan près de moi. Je me sentais surveillée et je détestais cela. Fous-moi la paix, grondai-je dans sa tête. Je le vis bifurquer vers la forêt argentaise, j'y étendis mes sens magiques, avant d'y sentir deux écuyers, un de nos Chevaliers et un petit groupe de soldats d'Argent. Mais surtout, je sentis une énergie tellement familière que je faillis perdre l'équilibre.

- C'est impossible, murmurai-je, pour moi-même.

Je fonçai vers l'énergie, avant de trouver un jeune homme attaché à un arbre, une troupe de soldats d'Argent, leur Roi et mon ancien Chef. J'entendis Nathan confirmer la mort des troupes ennemies et laisser leur Roi tuer le jeune homme. Je concentrai mes sens vers la provenance de l'énergie et son propriétaire était le dit meurtrier. Je fus sûre d'une chose, la personne attachée à l'arbre était Isaak, le vrai, mon enfant.

- Derniers mots avant de mourir? demanda Emerick d'Argent.

Mon fils souhaita la mort à Nathan. Le Roi d'Argent leva sa hache pour l'abbattre sur la gorge de mon fils, je sortis mon arme pour empêcher sa lame d'enlever la vie de mon fils. Les sourcils froncés, je soutenais le regard d'acier du Roi. Ses bras, plus forts et plus lourds que les miens pesaient, mais je tenais bon.

- Maman? fit une voix dans mon dos, celle d'Isaak.

Je repoussai la hache, avant de me placer devant mon fils. Ylana, détache le, dis-je à mon apprentie. Cette dernière se mit à défaire les liens de mon fils, sans rouspéter. Une fois libre, il s'effondra au sol, comme une poupée de chiffon. Je me lançai vers lui, en illuminant ma main d'une douce lumière blanche, en voyant cela, mon enfant recula sur ses mains, son dos heurta le tronc d'arbre.

- J'aurais aimé que tu ne me vois pas comme ça, murmura-t-il. J'aurais aimé être beau pour toi, maman...

Mon fils baissa la tête. Je m'accroupis près de lui, avant de passer ma main illuminée sur lui. Je guéris toutes ses blessures internes, avant de l'attirer contre moi. Je levai un regard noir sur le Roi d'Argent et Nathan. Je me mis à bercer Isaak avec amour, lorsque mon ancien chef fit un pas vers nous, je tirai ma dague de ma ceinture, je me levai avec mon enfant, ma lame pointée sur Nathan.

- Approche-toi de lui et je te saigne comme un porc, Nathan, grondai-je. Vous aussi, Altesse.

Je reculai entre les arbres, en faisant signe à mon écuyère de me suivre. Je reculai, en tenant contre moi, mon enfant, en atterrissant dans une clairière tranquille. Je m'effondrai au sol avec Isaak. Je continuai de le bercer, en prenant soin de lui chantonner une berceuses. Lorsqu'il leva les yeux vers moi, je reconnus les yeux de son père. Il ressemblait à son père excepté pour la petite bouche boudeuse, qu'il tenait de moi.

- Comment? pleurai-je.

Messages : 22 Date d'inscription : 11/10/2020

La honte. C'était la seule émotion que je ressentais, jour après jour. J'avais honte d'être le fils de Nathan d'Osantalt, honte d'être la poupée de l'Empereur, honte d'apprécier l'Empereur au point de le vouloir dans mon lit, honte d'être moi, tout simplement. En ce moment, j'avais honte que ma mère me voit ainsi. Tous les jours, j'avais rêvé du moment ou j'allais la rencontrer. J'avais toujours les cheveux parfaitement coiffés, mes beaux habits d'apparats, que Kristof avait volé à un prince pour moi. Loin de là... J'avais le teint pâle, faute d'avoir mangé depuis un moment, je portais mes habits de guerre, dont l'armure était faite en peau d'insecte, mes cheveux étaient en bataille, j'étais sale, et surtout, plein de sang. J'aurais vraiment voulu être beau pour ma maman. J'aurais simplement voulu être parfait pour elle. Surtout que j'avais de la compétition. Joélie s'était fait un plaisir de me dire que ma maman avait un fils qu'elle avait nommé Isaak: c'était mon prénom et je le savais.

Je sentis que ma mère s'agenouillait près de moi, mais je ne vis pas sa main lumineuse foncer sur moi. De toute façon, je ne pouvais pas vraiment reculer plus loin. Je fermai les yeux, et je fus surpris de sentir sa lumière guérir mes blessures, plutôt que me faire souffrir. Je me retrouvai rapidement contre la poitrine de ma mère, qui me berça doucement. C'était comme si le temps avait arrêté. Comme s'il n'y avait plus personne qu'elle et moi en ce monde. Mais c'est alors que Jessamine se releva d'un coup.

- Approche-toi de lui et je te saigne comme un porc, Nathan, pesta ma maman. Vous aussi, Altesse.

Tandis que ma mère reculait lentement, je me permis de relever la tête. Je croisai momentanément le regard de Kristof, mais je m'en détournai aussitôt, pour fixer de nouveau Nathan. Il savait désormais que je voulais sa mort. Et même s'il faisait semblant que ça ne l'affectait pas, moi, je le voyais pas. Cet homme, si je pouvais l'appeler ainsi, n'était vraiment pas bien dans sa peau en ce moment. Ce ne fut que lorsque mon géniteur fut hors de vue que ma mère s'écroula au sol, me tenant toujours contre elle. Je ne savais pas pourquoi, mais j'avais envie de pleurer. Je n'en fis rien cependant. Je ne pouvais pas pleurer. Pleurer, c'était pour les faibles. Mais c'était toujours ainsi; lorsqu'on parlait de ma mère, je devenais toujours émotif, et je ne savais pas pourquoi. Je me perdis l'espace de quelques secondes dans une petite berçeuse, et je ne pus m'empêcher d'être jaloux en pensant qu'elle l'avait probablement chanté à son nouveau fils. Je relevai mes yeux noisettes sur ma mère, et je vis qu'elle pleurait. J'étais persuadé que ma mère n'était pas faible...

- Comment? me demanda-t-elle alors en sanglotant.

Je tournai la tête vers son apprentie, qui montait la garde. Lorsqu'elle me vit la regarder, je la vis rougir. Avait-elle volé ma place elle aussi? Je tentais de me faire une liste mentale de qui j'avais à tuer afin d'être le seul dans la vie de Jessamine. Je voulais qu'elle m'aime moi, et uniquement moi. Je ramenai mon regard sur ma mère, avant de grimper littéralement sur ses cuisses et me blottir contre sa poitrine. Je me sentais tellement bien ainsi. Personne ne m'avait jamais pris dans ses bras comme le faisait ma maman. Kristof m'avait touché, mais c'était toujours violemment. Même chose pour le sorcier.

- J'ai survécu grâce à toi, maman, lui murmurais-je pour ne pas que son apprentie entende. Tu m'as tellement enveloppé d'amour, que lorsque Nathan a voulu te forcer à te débarrasser de moi, je suis resté dans l'enveloppe que tu avais involontairement fabriquée... L'Empereur m'a trouvé, et il m'a fait naître avec sa magie. J'ai faim, ajoutais-je alors, complètement hors contexte.

Je me défis doucement de l'étreinte de ma mère, afin de partir à la recherche de nourriture, mais une main apparut dans mon champ de vision: celle de l'apprentie. Elle me tendait une pomme. Je fronçai les sourcils, avant de frapper brusquement sa main pour faire tomber le fruit. Elle laissa tomber un cri de surprise, et je lui jetai un regard meurtrier. Jessamine apparut rapidement entre nous deux, tenant la pomme dans ses mains. Elle me la donna, mais je vis bien dans son regard qu'elle était décontenancée. Elle m'aimait par obligation. Mais jamais elle ne pourrait aimer la personne que j'étais réellement. Je pris place en tailleur dans l'herbe, avant de manger lentement mon fruit en silence. Je jetai le coeur plus loin, avant de me relever.

- J'ai oublié de me présenter, dis-je doucement. Moi c'est Aloïs d'Émeraude, maman.

Je fis une petite révérence, avant de me relever, et de poser mon regard agressif sur l'apprentie de ma mère. Je ne pus m'empêcher de rire en voyant la peur émaner de son être. Je lui faisais peur.

- T'as plus besoin de ton Isaak, ajoutais-je alors. Je suis là maintenant. Je peux le tuer pour toi, si tu veux.

Chevalier d'Émeraude Messages : 16 Date d'inscription : 20/04/2016

Moi qui avait tant prié pour ravoir mon fils, Nathan ne m'avait même pas ramené le bon, j'espérais fortement pour lui et sa santé qu'il n'était pas au courant de cela. Sinon, je ne serais pas responsable de mes gestes, Nathan n'était plus Chef, mais il inspirait encore un brin de respect et de peur. Si j'apprenais qu'il savait mon Isaak, mon ancien amant perdrait sa tête et ses parties génitales, peut importe l'ordre.

La tête de mon fils se tourna vers mon écuyère qui rougit sous son regard, elle était jeune et l'attention des garçons était importante pour elle. Le regard noisette de mon garçon revint sur moi, alors qu'il grimpait sur mes cuisses, avant de se blottir contre moi, comme il aurait fait si il avait grandit avec moi. Mon coeur fondit, alors que je serrais le fils que j'avais perdu contre moi.

- J'ai survécu grâce à toi, maman, ronronna mon bébé. Tu m'as tellement enveloppé d'amour, que lorsque Nathan a voulu te forcer à te débarrasser de moi, je suis resté dans l'enveloppe que tu avais involontairement fabriquée... L'Empereur m'a trouvé, et il m'a fait naître avec sa magie. J'ai faim, ajouta-t-il, hors contexte.

Isaak descendit de mes genoux, pour fouiller le sol à la recherche de quelque chose à se mettre sous la dent. Je fis signe à mon écuyère de lui donner à manger, ce qu'elle fit en lui tendant une pomme. Mon enfant frappa brusquement la main qui lui tendait à manger, arrachant un petit cri de surprise à Ylana. Je sautai sur mes pieds, avant de prendre la pomme et la donner à mon fils. Ce dernier s'en empara, avant de mordre dedans avec hâte. Je le regardai dévorer le fruit, avant de lancer le coeur au loin. Son agressivité m'avait prise par surprise. Mon enfant se releva doucement.

- J'ai oublié de me présenter, dit-il, plus doucement. Moi c'est Aloïs d'Émeraude, maman.

L'entendre m'appeler maman me faisait presque sursauter. Je le vis me faire une petite révérence, avant de lever un regard noir sur mon apprentie. Je sentis la peur de mon écuyère, alors que Aloïs éclatait d'un rire franc. Mon coeur se serra, je n'aimais pas cette agressivité. C'était toxique.

- T'as plus besoin de ton Isaak, dit-il. Je suis là maintenant. Je peux le tuer pour toi, si tu veux.

Je serrai les dents, même si Isaak n'était pas mon fils biologique, il n'en restait pas moins le mien. Même si Aloïs était mon fils biologique, je ne lui permettrais pas d'effrayer mon écuyère et encore moins de tuer mon enfant. Je fis un pas de recul, afin de mettre un peu de distance entre Ylana et Aloïs. D'instinct, je lui envoyai une vague d’apaisement, afin de ne pas le provoquer plus.

- Isaak n'est peut-être pas mon fils biologique, il reste mon enfant aussi, il est innocent, dis-je. Aloïs, il ne change rien au fait que tu es aussi mon enfant et que tu ne connais pas rien d'autre que l'agressivité. Laisse-moi te montrer ce qu'est la paix, dis-je doucement. Apprends à connaître ma famille...

Je vis son regard devenir orageux, si bien, que je mis à avoir un peu peur de lui. Il n'avait pas grandit avec moi, mais il brûlait en lui le même feu qu'en moi. Si j'avais grandis sur Irianeth, je serais comme lui. Je lui tendis une main, je voulais qu'il la prenne, je voulais le ravoir contre moi et lui donner tout l'amour qu'il avait manqué. Une petite larme glissa sur ma joue. Le voir passer d'une émotion à l'autre, de doux et aimant à agressif et vicieux, cela me brisait le coeur.

- Aloïs, laisse-moi t'apprendre à connaître Isaak, soit le grand frère qu'il a besoin, dis-je doucement. Ne brise pas plus le coeur de ta mère. J'ai... J'ai besoins de toi...

Je bloquai mon esprit, au même moment où je me demandais si Nathan ne m'avait pas tué avec lui, si nous serions dans cette situation. J'aurais dû mourri avec mon fils, mais non, mon ancien Chef ne voulait pas se priver d'un soldat, il avait préféré l'infanticide. Je reniflai doucement. J'avançai doucement, les bras ouverts, sachant très bien qu'il ne changerait pas miraculeusement. J'entourai sa personne de mes bras.

- Promets-moi d'essayer de connaître Isaak, murmurai-je.

Messages : 22 Date d'inscription : 11/10/2020

C'était vrai. Après tout, elle n'avait plus besoin de lui. J'étais là maintenant. J'allais prendre soin d'elle, comme elle le méritait. Cet avorton ne méritait pas du tout d'avoir Jessamine comme mère. Je savais que Nathan ne s'en occupait pas, et ça ce n'était pas pour faire changement. Il n'était pas le père de l'année, c'était évident. Même si l'Empereur m'avait dit que ma petite soeur Alys était la prunelle de ses yeux, et qu'il ferait absolument tout pour elle. Ce serait donc avec plaisir que j'allais la ramener à l'Empereur. Voilà. J'allais éliminer Isaak, qui était mon rival, puis remettre Alys à l'Empereur. Personne n'allait se mettre au travers de mon chemin. Ma mère était à moi, un point c'était tout. Et ce n'était pas cette pauvre gamine qui allait m'empêcher de l'avoir. Elle qui me fixait les joues toute rouges de timidité il y avait quelques minutes, maintenant elle me regardait avec peur. Cette fillette était supposée se battre contre des insectes ? Je ne lui confierais même pas un bébé dragon qui était né sans aile... Je sentis une partie de ma rage partir, lorsqu'une douce chaleur me pénétra. C'était comme si ma maman me faisait un câlin, mais de l'intérieur.

- Isaak n'est peut-être pas mon fils biologique, il reste mon enfant aussi, il est innocent, me dit Jessamine d'une voix douce, mais ferme. Aloïs, il ne change rien au fait que tu es aussi mon enfant et que tu ne connais pas rien d'autre que l'agressivité. Laisse-moi te montrer ce qu'est la paix. Apprends à connaître ma famille...

Je sentis la colère bouillonner en moi. Je n'avais pas besoin de connaître sa famille, c'était moi, sa famille ! Pourquoi ne le voyait-elle pas? Je fronçai les sourcils, avant de la dévisager. Une larme coula alors contre sa joue. Elle était faible...

- Aloïs, laisse-moi t'apprendre à connaître Isaak, sois le grand frère qu'il a besoin, insista Jessamine. Ne brise pas plus le coeur de ta mère. J'ai... J'ai besoin de toi...

Je ne dis rien. Je ne savais pas quoi dire. Je ne comprenais tout simplement pas comment elle pouvait toujours vouloir d'un imposteur alors que j'étais là, devant elle. Je lui offrais absolument tout, et elle préférait garder cet inconnu. Il n'avait ni notre chair, ni notre sang, alors pourquoi? Cela ne faisait absolument aucun sens pour moi. L'Empereur m'avait rapidement délaissé lorsque sa fille était arrivée. En fait, la seule raison pourquoi j'étais en vie, c'était parce qu'il avait besoin de moi afin de lui ramener Alys. Ma mère franchit la distance qui nous séparait afin de me serrer dans ses bras.

- Promets-moi d'essayer de connaître Isaak, me souffla-t-elle.

Je fis la moue, avant de refermer mes bras autour de sa taille. J'étais incapable de ne pas la prendre contre moi. Comme si je ne pouvais pas résister à son amour. Je hochai lentement la tête de haut en bas, même si je n'avais vraiment pas envie d'apprendre à connaître ce petit monstre. Je savais déjà que j'allais le détester. J'étais très jaloux. Je l'avais toujours été, et ça n'allait pas changer parce que j'avais rencontré ma mère. Par contre, elle n'avait rien dit à propos de son apprentie. Je m'accroupis rapidement, avant de prendre l'épée de Jessamine dans son fourreau. Sans qu'elle ait le temps de réagir, je tournai habilement sur-même, la contournant d'une roulade. Avant même qu'elle ne se rende compte de ce qui se passait, la petite fille dont ma mère s'occupait reçut la lame de cette dernière dans la poitrine. Je la vis écarquiller les yeux, tandis qu'un flot de sang s'échappait de sa bouche. Je pouvais entendre ma mère hurler, mais c'était très lointain pour moi. Je retirai brusquement la lame, avant de regarder le sang tomber au sol, comme si j'étais dans une sorte de transe.

- T'as seulement parlé de Isaak... laissais-je tomber sans émotion.

Sans comprendre ce que je faisais, je reculai de quelques pas, voyant dans un flou ma mère tenter de calmer l'hémorragie de l'Écuyère. Je tranchai violemment les veines se trouvant sur mes deux poignets, avant de laisser tomber l'épée au sol. Je m'écroulai au sol, les larmes perlant au coin de mes yeux.

- C'est elle ou moi, m'entendis-je dire.

Je ne savais pas pourquoi j'avais fait ça. Mais pour la première fois de ma vie, j'avais peur. J'avais peur que ma mère la choisisse, au lieu de me choisir moi.

- Maman... gémis-je, sentant mon énergie me quitter.

Chevalier d'Émeraude Messages : 16 Date d'inscription : 20/04/2016

Je n'aurais jamais pensé être mère, encore moins mère de deux enfants. Un adopté et un biologique. Ils étaient autant importants pour moi, l'un que l'autre. Les deux pouvaient apporter quelque chose à l'autre, Aloïs saurait mette Isaak sur la bonne voie et lui montrer comment toujours garder la tête haute. Isaak saurait faire ressortir la sensibilité de mon aîné. J'avais besoins de mes deux fils avec moi. Est-ce que je demandais trop, à vouloir que ma famille soit unie?

Pressé contre moi, je sentis mon enfant hocher doucement la tête. Je voulais aller voir dans sa tête, comment il se sentait face à tout cela, mais par amour et respect, je me retins. Mon fils s'accroupit et sans que j'aie le temps de faire quoi que ce soit, Aloïs agrippa mon épée, avant de tourner sur lui-même et enfoncer la lame dans la poitrine de Ylana. Je m'entendis pousser un cri sonore, alors que mon fils tirait sur l'épée et regardait le sang de mon écuyère rougir le sol.

- T'as seulement parlé de Isaak, laissa-t-il tomber.

Je me sentis bouillir de rage, mais aussi d'incompréhension. Je me lançai sur mon apprentie, avant de tenter d'arrêter l'hémorragie. Du coins de l'œil, je vis Aloïs reculer, il tenait encore mon arme. Je me concentrai sur Ylana. La pauvre me regardait apeurée. Je ne comprenais pas ce qui se passait dans la tête de mon fils.

- C'est elle ou moi, fit la voix de mon enfant derrière moi.

Je me retournai et vis, avec horreur, que mon fils s'était ouvert les veines et qu'il était en train de se vider de son sang. Je tenais mon écuyère contre moi, mes paumes illuminées contre sa plaie béantes, mais l'envie de me jeter vers mon enfant me prit. Je ne pouvais pas laisser, ni l'un ni l'autre mourir.

- Maman... pleurnicha Aloïs.

Je poussai un cri, en espérant que l'un de mes frères d'armes m'entende. En fait, j'espérais que mon ancien maître ressente ma détresse, mais ce ne fut pas son énergie que je sentis entre les arbres. En fait, c'était Nathan et son écuyer. Le jeune William se lança vers mon fils, avant d'illuminer ses paumes. Je ne compris pas ce que Nathan dit à son apprenti. Mais je sentis un vent de révolte envahir le jeune homme. Ce dernier avait déjà la trempe d'un grand Chevalier.

- On nous a toujours appris à venir en aide aux autres, peut importe leur origine, maître, dit-il, bien fort.

Je me concentrai sur ma jeune apprentie, avant de donner le plus de mon moi-même sur ma guérison de la jeune Ylana. À bout de force, je réussis à stopper l'hémorragie et la plaie. Je me traînai vers William et Aloïs. Je pressai mon enfant contre mon coeur, alors que l'apprenti éteignait ses paumes. Lorsque mon fils rouvrit les yeux, j'éclatai en sanglots. Je resserrai mon étreinte contre lui, avant de cacher mon visage dans ses cheveux. Je laissai mes larmes couler, devant le père de mon enfant et son apprenti. Ce dernier alla s'occuper de sa soeur d'armes, alors que je levai un regard sur le géniteur.

- Je ne peux pas croire que tu m'as laissé croire que l'enfant que tu m'as ramené d'entre les morts étaient mon enfant, crachai-je. Tu es chanceux que j'aie retrouvé Aloïs. Je vais le ramener à Émeraude avec moi, je veux que tu ne fasse pas partie de nos vies et que tu ne t'en prenne plus à lui!

Je baissai un regard de furie sur mon enfant.

- Et toi, pleurai-je. Ne me refais jamais une peur pareille! Ne me redemande plus jamais de choisir, mon coeur est assez grand pour les gens qui m'entourent. C'est impardonnable, Aloïs, attenter à Ylana, Isaak et à toi-même, c'est t'attaquer à moi... Perdre l'un de vous suffira à me tuer...

J'embrassai son front avec amour, en continuant de pleurer doucement. Je me mis à le bercer doucement, lorsque Nathan s'approcha de moi, je tirai ma dague. Je fronçai les sourcils. N'approche pas, je te jure que tu vas perdre plus que tes organes génitaux, lui crachai-je en pensée. J'étais devenue une vraie maman ourse, personne n'attenterait à mes enfants, surtout pas leur imbécile de père.

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