Futurs dirigeants | Vieillissement

Cette nuit-là, je m'étais complètement laissé allé. Si au départ j'avais refusé les avances de mon amie, j'avais fini par me laisser faire. Lentement, sous ses bons soins, j'étais redevenu l'homme que tous connaissaient. J'avais partagé la couche d'Arya pendant quelques années, avant de lui demander sa main dans la cour d'Émeraude, comme l'exigeait le protocole. Quelques jours plus tard, ce fut devant tout le royaume que nos vies fussent unies. Ma mère, étant toujours confinée à ses appartements, n'assista cependant pas au mariage. J'en fus quelque peu triste. Même si elle avait fait des erreurs, elle restait ma mère, et je l'aimerais toujours. Cependant, je ne voulais pas aller à l'encontre des décisions que prenait mon père. Il me formait à diriger, et non à me rebeller. Je savais très bien que désormais, la prochaine étape était de mettre un petit bébé au monde. Cependant, comme ma femme était une fée, et que nous ne comptions pas avoir d'enfant avant la fin de la guerre, ce projet fut mis de côté. Jusqu'à ce qu'un matin, je retrouve mon épouse en train de vomir. Ce fut Maître Édouard qui décréta qu'elle était enceinte. Surpris tous les deux, j'en déduis pour ma part qu'il s'agissait d'un cadeau des Dieux. Neuf mois plus tard, Arya mit au monde une magnifique petite fille, que nous nommâmes Nélia-Rose.

Une année passa, et ma femme tomba de nouveau enceinte. Cette fois, d'un petit garçon. D'ici quelques semaines, notre petit homme verra le jour. Il s'appellera Jasper. Heureusement, malgré les grossesses très anormales de ma femme pour une fée, elles se déroulèrent très bien. Malgré son gros ventre, elle continue de s'entraîner à tous les jours. En fait, elle le fera jusqu'à ce qu'elle ne voit plus ses pieds.

Un cri strident me fit relever brusquement dans mon lit. Je me rendis aussitôt au berceau de ma petite fille, pour la cueillir dans mes bras. Le soleil commençait à peine à peindre l'horizon, et je ne voulais pas réveiller Arya. Je ne revêtis qu'une tunique, et je me rendis pieds nus vers les cuisines du château, déjà bien actives à cette heure matinale. À mon arrivée, je reçus un tas de révérence. Je les acceptai avec un magnifique sourire.

« Je crois que la petite Nélia-Rose est affamée ! lançais-je alors. Est-ce possible d'avoir un peu de lait de chèvre ? »

Aussitôt que je l'eus demandé, je reçus un biberon de lait tiède. Ma fille s'égaya à l'odeur de son repas. Je me rendis donc dans le hall des Chevaliers, m'installant dans la berçeuse près de l'âtre. Je donnai le biberon à ma fille, qui le téta tranquillement. Déjà, certains de mes frères et soeurs d'armes descendaient déjeuner. Je fis manger Nélia, puis je pris quelques croissants sur la table ainsi qu'une pomme. Je remontai aussitôt à mes appartements, et je trouvai ma femme réveillée sur le lit. J'allai lui voler un tendre baiser sur les lèvres, avant de poser notre enfant à ses côtés. Je lui offris ensuite le repas que j'avais subtilisé dans le hall.

« Je sais que ce n'est pas beaucoup, mais avec la petite dans les bras, c'est tout ce que j'ai su apporter, lui dis-je avec un petit regard coupable. »

Chevalier d'Émeraude Messages : 16 Date d'inscription : 14/04/2016

Cinq ans avaient passés, depuis que j'avais été réconforté Tristan dans ses appartements. Je n'en n'étais aussi plus jamais reparti, les choses avaient évolué et nous avions finis par tomber profondément amoureux l'un de l'autre. Je partageais sa couche et lui, ma vie; peu à peu, Tristan redevenait l'homme que tous avaient connu. Je ne pouvais pas savoir si il avait oublié Célestia, mais je le voyais dans son regard qu'il m'aimait moi.

Puis, une journée, Tristan avait mis un genoux en terre et avait demandé ma main devant tout l'Ordre. C'était à ce moment qu'on avait remarqué à quel point, mon coeur s'était adouci. J'avais versé quelques larmes, avant de hocher la tête et sauter dans les bras de l'homme que j'aimais. Nous nous étions mariés devant toute la cour et l'Ordre d'Émeraude, excepté la Reine Mylena. Je savais que cela faisait de la peine à mon mari, mais son grand sens des responsabilité l'avait empêché d'aller à l'encontre des décisions de son père. Par mariage, j'étais devenue Princesse d'Émeraude, un titre qui me faisait rigoler, mais qui venait avec une responsabilité assez ennuyante. Avoir des héritiers. Comme j'étais une fée, je ne pouvais pas porter, ni accoucher. Il nous faudrait un père porteur, donc, Tristan et moi avions pris comme décision d'attendre la fin de la guerre. Jusqu'au jour où je m'étais réveillée avec d'horribles nausées, mon mari m'avait surpris en train de vomir dans la salle de bain et surprise, je portais la vie.

Malgré toute mon incompréhension, j'étais heureuse de pouvoir donner ce cadeau à mon mari, comme de fait, neuf mois plus tard, je donnai naissance à une toute petite fée. Nous la nommâmes Nélia-Rose. La petite était magnifique, elle avait les cheveux de son papa et mon petit visage fin. Un an plus tard, je retombai enceinte et cette fois-ci, je portais un petit garçon. Il se nommera Jasper. Je refusai de prendre du repos, préférant m'entraîner avec mon écuyère Willa. Et ce sera ainsi jusqu'à ce que je sois incapable de me lever toute seule!

***

Je fus réveillée par un bon coup de pied de la part de Jasper, dans mon ventre. Ce petit coquin serait un bon guerrier. Je me redressai un position assise dans mon lit, vide. Je poussai un soupir, avant d'étendre mes sens magiques dans le château, je finis par trouver mon mari et ma fille dans les cuisines. Je souris, en baissant le regard sur mon ventre rond. Mes mains se mirent à caresser ce dernier au travers de ma robe de nuit blanche.

- Tu as réveillé maman parce que tu as faim, petit coquin, dis-je, doucement à l'enfant qui se trouvait en moi.

J'avais parlé à Neli quand je la portais, cela la calmait, et j'avais le même effet avec Jasper. Willa dormait dans sa chambre de l'autre côté des appartements. Je ne la dérangerais pas. Mon ventre se mit à gronder, clairement, en ce moment, je mangeais pour deux. La porte de la chambre finit par s'ouvrir sur mon beau prince, ce dernier s'avança vers moi et vint cueillir un petit baiser sur mes lèvres. Il posa Nélia entre lui et moi, avant de me tendre quelques croissants et une pomme. Je lui souris gentiment.

- Je sais que ce n'est pas beaucoup, mais avec la petite dans les bras, c'est tout ce que j'ai su apporter, dit-il, tout désolé.

Je secouai la tête, avec un petit sourire, avant de poser mes lèvres contre les siennes. Je me retournai vers ma ceinture d'armes, qui pendait sur un poteau de notre lit, avant d'en sortir ma dague et couper la pomme en deux. Je reposai mon arme bien loin de ma petite fille, avant d'offrir une moitié à mon époux et croquer dans la mienne. Tout de suite, je ressentis un autre coup de pied dans mon ventre, j'agrippai donc la main de Tristan pour la poser contre le petit pied de notre fils. Je levai un regard tout fier.

- Notre fils va avoir mon caractère, dis-je, en rigolant.

Nélia-Rose tenait de son papa, elle souriait et charmait tout le monde. Personne ne pouvait refuser quoi que ce soit à cette petite fée. J'espérais secrètement qu'elle ait des ailes, mais comme son papa était humain, rien n'était sûr. Je baissai le regard sur mon ventre, je n'en avais plus pour très longtemps avant d'accoucher. Nous n'avions toujours pas été présenté Nélia à sa grand-mère. Oui, la Reine Mylena avait attenté à la vie de mon ancien maître, celle de mon chef et celle de son petit frère; mais elle en restait une femme qui adorait les enfants et qui chérissait sa famille.

- Quand compte-tu présenter notre fille à ta mère? demandai-je, en un murmure.

Je croquai dans un croissant, tout en caressant la petite joue satinée de Nélia-Rose. La famille était devenue très importante pour moi, je ne pouvais accepter que Tristan la mette de côté. Je pris la petite sur moi, avant de me blottir contre mon mari et cacher mon visage dans son cou. J'y apposai un petit baiser, avant de fermer les yeux. C'était à lui de décider.

- Pa...Pa... Papa, fit la petite voix cristalline de notre fille.

Je sursautai, en me redressant. Je serrai mon enfant dans mes bras, alors que mes yeux se remplissaient d'eau. Elle venait de dire son premier mot, ok, ce n'était pas maman, mais c'était son premier mot. Je mis à couvrir son petit crâne de baisers, avant de me retourner vers mon mari, qui était aussi supris et content que moi. Je posai mes lèvres sur celles de Tristan, en un long baiser heureux.

- Elle a parlé ! répétai-je, joyeusement.

C'était dans ces moments, que ma nature de fée faisait surface. Ces petites pochettes de bonheur, tout pur et simple.

Jamais je n'aurais cru qu'être père me comblerait autant de joie. Si au départ, j'avais voulu avoir des enfants par devoir, maintenant, je voulais que mes appartements en soient remplis ! Je savais bien que ma femme refuserait, par contre, puisque les grossesses l'empêchaient de combattre. Mais il y avait toujours l'option d'adopter... Nous avions déjà une petite héritière de notre chair et de notre sang, et un fils cadet s'en venait. Je ne savais pas ce qu'en penserait ma femme, mais pour ma part, je voulais une très grande famille.

Arya se saisit de sa dague, après avoir posé avec amour ses lèvres contre les miennes. Elle coupa la pomme en deux, avant de m'en tendre la moitié. Je croquai aussitôt dans le fruit, regardant mon épouse mettre la dague loin de la portée de notre petite fille. Jamais je n'aurais cru que cette Chevalière coriace puisse être aussi attentionnée. Elle pensait à tous les petits détails. Subitement, elle se saisit de ma main, pour la poser contre son ventre, et je sentis le petit pied de Jasper, ce qui me remplit de bonheur.

« Notre fils va avoir mon caractère, annonça ma femme, moqueuse. Quand comptes-tu présenter notre fille à ta mère, ajouta-t-elle, après avoir pris une petite pause. »

Je pris une grande inspiration. En fait, j'avais reçu ce matin même une invitation pour un souper royal. Tous mes frères et soeurs y étaient invités, ainsi que mon père, et ma mère. Les conjoints et les enfants étaient également conviés. Je ne savais pas si j'avais vraiment envie d'y aller. J'aimais ma mère, mais elle m'avait tellement déçu les dernières années avant son confinement, que je me demandais si je la connaissais réellement. Le corps de ma femme se blottit contre mon torse, tandis que ses lèvres caressaient mon cou. Ma main se posa contre sa cuisse, tandis que l'autre allait jouer avec le petit pied de Nélia-Rose, qui se trouvait sur les cuisses de ma femme.

« Pa... Pa... Papa, articula Nélia. »

Mon épouse se redressa subitement, tandis que mon coeur faisait un bond dans ma poitrine. Nélia venait de dire son premier mot, et c'était papa... J'avais toujours cru que ça lui prendrait du temps avant d'apprendre ce mot, puisque j'étais souvent absent. Je souris, tandis que des larmes de joie envahissaient mes yeux. Je sentis les lèvres d'Arya caresser les miennes.

« Elle a parlé ! s'exclama-t-elle alors. »

Je hochai positivement la tête, avant de lui prendre ma petite fille des bras. Je me levai, avant de commencer à lancer doucement ma fille dans les airs, ce qui la fit rire de sa petite voix aiguë. Je posai ensuite de gros baisers bruyants dans son cou, la faisant rire encore plus. Je la serrai alors contre mon coeur, avant de reporter mon attention sur sa magnifique maman.

« On a une invitation pour un dîner royal, dis-je à Arya. Avec toute ma famille. Ma mère incluse. On va y aller. »

Je vis alors la joie sur son visage. Ma femme était très amie avec ma mère, et elle n'avait pas pu la voir depuis son confinement. Moi non plus, d'ailleurs. Après cinq années, je croyais qu'il était temps de lui donner une seconde chance. Je ne savais pas trop comment me comporter en sa présence, mais mon père allait être là pour ça. Je pris une grande inspiration, avant de sourire à la femme de ma vie.

« Va chez les couturières avant Nélia, dis-je à Arya. Mettez de belles robes assorties. »

Je lui donnai notre enfant, posant un baiser contre son front avant de la laisser partir. J'en profitai pour aller me purifier rapidement, et je me rendis chez Aden par la suite. Sa femme taillait ma barbe. Arya avait essayé à maintes reprises, mais elle me coupait tout le temps, elle avait donc abandonné. Elle coupa également mes cheveux, avant que je ne retourne à mes appartements. Le temps passait vite et le repas du soir approchait à grands pas. Mon épouse revint alors dans la chambre, Nélia-Rose dans les bras. Les couturières suivirent rapidement derrière elle, avec de belles robes. Elles les déposèrent dans la garde-robe. Je poussai un petit soupir.

« Je ne sais pas si je dois porter mes habits d’apparat de l'Ordre, ou des vêtements princiers, dis-je à ma femme. »

Chevalier d'Émeraude Messages : 16 Date d'inscription : 14/04/2016

Si l'Arya de mon passé me voyait aujourd'hui, elle ne se reconnaîtrait pas. Tout de moi avait changer, mon visage s'était illuminé de joie, mes formes féminines s'étaient développées suite à mon accouchement et ma voix était plus chantante. Avoir des enfants, m'avait simplement rendu tellement heureuse et Tristan ne faisait qu'amplifier mon bonheur. L'idée de quitter l'Ordre et être une mère avait germé dans mon esprit, mais mon apprentie et le lien que j'avais créé avec elle m'en avait dissuadé.

Tristan hochait joyeusement la tête, alors qu'il prenait notre fille dans ses bras. Il la lança doucement en l'air, pour la rattrapper, ce qui attira un petit rire cristallin de la part de Nélia-Rose. Mon mari se mit à parsemer le petit cou de notre fille de baisers bruyants, ce qui la fit éclater de rire. Je ne pouvais m'empêcher de sourire en les voyant ainsi. Je redevins le centre de l'attention de mon magnifique époux, lorsqu'il serra Nélie contre son coeur. Mon propre coeur eut un raté en croisant le regard de mon beau prince.

- On a une invitation pour un dîner royal, dit Tristan. Avec toute ma famille. Ma mère incluse. On va y aller.

Je souris, j'étais amie avec la Reine d'Émeraude. J'avais comploté avec elle contre Nathan, mais lorsqu'elle s'était attaqué à mon ancien maître et sa femme, j'avais pris le côté de mes frères et soeurs d'armes. Mais après cinq ans, je pouvais croire qu'elle avait assez payé. Mon amour prit une grande inspiration, avant de me faire l'un de ses magnifiques sourires.

- Va chez les couturières avec Nélia, dit-il doucement. Mettez de belles robes assorties.

Le père de mes enfants me tendit la petite, que je pris contre moi. Je souris en regardant le doux papa poser un baiser sur le front de notre fille et finis par quitter les appartements. Je marchai doucement, en chantant une chanson de mon enfance à Nélie. Nous arrivâmes chez les couturières qui se lancèrent sur nous, lorsque je rentrai dans leur antre. Les dames se mirent à admirer la beauté de ma petite princesse, en vantant le papa et la maman. Je souris gentiment, en prenant quelques unes par surprise. Ma nouvelle attitude n'était pas encore bien connue. Gentiment, j'informai les couturières de ma demande, deux robes, une pour moi et une pour ma fille. Nous allions la présenter à sa grand-mère.

Quelques heures plus tard, une vieille couturière vint me chercher. Nélia-Rose dormait contre moi, je me levai doucement, avant de la laisser dans les bras de la viellle dame. J'essayai la belle robe bourgogne qu'une autre me tendait. La robe n'avait pas de manche et descendait près de mon corps jusqu'au sol. Le haut bustier était serré contre ma poitrine et deux bretelles enserraient mes bras à la même hauteur que le bustier. Je souris en me voyant dans la glace. Je me retournai pour remercier les artisanes, elles étaient déjà en train d'habiller ma fille dans une petite robe de la même couleur que la mienne. Des larmes de joie me montèrent aux yeux.

- C'est parfait, dis-je à la doyenne. Merci beaucoup.

Je remis ma tunique, avant de rhabiller ma fille, la prendre dans mes bras et me rediriger vers chez moi. Suivis par quelques couturières. Je finis par entrer dans mes appartement, avec mon bébé dans mes bras, Tristan poussa un petit soupir. Les femmes se dépêchèrent de mettre nos robes dans la penderie et sortir.

- Je ne sais pas si je dois porter mes habits d'apparat de l'Ordre, ou des vêtements princiers, m'avoua-t-il.

Je souris doucement, avant de poser Nélie au sol, Willa se lança vers la petite pour l'amuser. Je me dirigeai vers mon bel amour, avant de poser mes mains sur ses épaules musclées. Je le poussai vers le lit, pour qu'il s'y assoit. Mes mains encadrèrent son visage parfait, alors que je baisais doucement ses lèvres. Je lui insuflai une vague d'apaisement, avant de reculer.

- Mets ce qui te rend confortable, Tristan, dis-je doucement. Que tu sois habillé dans ta cuirasse ou tes vêtements royaux, ne change rien à qui tu es ou comment ta mère peut t'aimer.

Je souris, en le voyant hausser un sourcil. J'avais raison. Je me dirigeai vers l'armoire, avant de lui montrer la belle robe et me glisser derrière le paravent. Je retirai mes vêtements, avant d'enfiler la belle robe en satin. Je sortis en pressant le bustier contre moi, Tristan était encore assis sur notre lit. Je fis signe à mon apprentie de sortir avec ma fille.

- Tristan, soupirai-je. Mets ce que tu veux.

Je contournai le lit, avant de me planter devant mon mari. Mes cheveux roux descendaient en cascades dans mon dos et faisaient un joli contraste avec la couleur de ma robe. Je retins le bustier d'une main et lever le visage de mon beau prince vers le mien.

- Tu m'aide? demandai-je doucement, avant de lui faire dos, pour qu'il puisse lacer ma robe.

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