Pique-nique familial | PV Kaleb et Santo | Vieillissement

Chevalier d'Émeraude Messages : 10 Date d'inscription : 17/04/2016

Cinq merveilleuses années avaient passé depuis la naissance de ma petite Malia. Je ne me rappelais plus du tout ce qui s'était passé. Je savais qu'elle était venue au monde prématurément, et je n'avais jamais réussi à pousser. Kaleb m'avait dit qu'il l'avait sortie magiquement, mais j'avais été inconsciente pendant plusieurs semaines après. Je me doutais bien que j'avais failli perdre la vie à ce moment. Mon époux, la tête toujours aussi froide, m'avait dit que nous n'aurions plus d'enfants, qu'il ne voulait pas prendre le risque de me perdre de nouveau. Je n'étais pas du même avis que lui. Je voulais d'autres enfants. J'adorais les enfants. Santo et Malia étaient ma fierté. Mon grand garçon était désormais écuyer. Ce n'était pas la vie que j'avais souhaitée pour lui. J'aurais voulu qu'il soit apprenti-magicien. J'avais supplié Nathan de faire ainsi, mais il en avait fait à sa tête. Je savais cependant que mon enfant se débrouillait à merveille. Il était un agile combattant, et il était plus qu'excellent en magie. Malia, pour sa part, n'était pas un être magique. J'avais été surprise, puisque ses deux parents étaient de puissants magiciens. Cependant, elle était très débrouillarde et continuait de surprendre tout le monde. Étrangement, elle adorait faire la cuisine. Donc, tous les matins, mon mari allait la reconduire aux servantes travaillant dans les cuisines, afin qu'elles lui enseigne leur métier.

Ce matin-là, je m'étais réveillée, le sourire aux lèvres. Toujours couchée sur le dos, je ne voyais plus mes pieds. En effet, j'étais de nouveau enceinte. En fait, j'étais sur le point d'accoucher. Au départ, Kaleb avait été fâché, puis lorsqu'il avait appris que c'était un autre petit garçon, son visage s'était soudainement illuminé. Il avait marmonné quelque chose du genre qu'il allait pouvoir remplacer Santo. J'avais haussé un sourcil, légèrement blessée par ses propos, mais je n'avais rien dit. La relation entre mon fils et son père n'était pas très facile depuis son attribution. Mais ce n'était pas à moi de régler cela. C'était à Kaleb à se montrer un peu plus souple, et à Santo à tenter de comprendre son père. Malgré tout, ça me brisait le coeur de les voir ainsi. Je n'aimais pas que Malia grandisse au milieu de la chicane.

Aujourd'hui, nous allions pique-niquer en famille. J'avais invité mon écuyère, Stella, mais elle m'avait dit qu'elle allait s'entraîner avec le Maître de Santo, Alix. Ce dernier avait libéré mon fils pour la journée. J'étais donc allée très tôt aux cuisines avec ma petite fille afin de préparer le goûter, puis j'étais retournée à ma chambre, où j'avais trouvé mon époux en train de méditer. Je l'avais sorti de sa transe, toute excitée, afin de partir vers une petite clairière. Santo était venu nous rejoindre. Il m'avait embrassée, puis avait serré sa soeur dans ses bras, mais il n'avait pas jeté un seul regard en direction de son père. J'avais demandé à Kaleb de faire des efforts, aujourd'hui. J'espérais sincèrement que c'était ce qu'il allait faire.

Après une bonne heure de marche, nous nous retrouvâmes dans la petite clairière où Malia aimait venir jouer. Calme et responsable, ma petite fille s'empressa de déposer la couverture au sol, et mon fils l'aida aussitôt. Je me rendis donc jusqu'à mon mari, nouant mes mains contre sa nuque, léger sourire aux lèvres.

« On a de beaux enfants, non? lui demandais-je, moqueuse. »

Je me hissai sur la pointe des pieds, pour aller lui voler un baiser. Il fallait dire qu'avec mon énorme ventre, c'était plutôt difficile. Je le sentais nerveux. Kaleb n'était jamais nerveux. Je m'infiltrai dans son esprit, pour voir qu'il redoutait le moment de mon accouchement. Pourtant, mon premier s'était très bien passé. Mais mon époux ne pensait pas ainsi.

« Maman j'ai faim ! s'exclama la petite voix stridente de ma fille. »

Je me tournai vers elle, pour la voir avec ses deux petits poings contre ses hanches. Je rigolai quelque peu, avant de tenter de prendre place assise sur la couverture. Dans mon état, je devais avouer que ce n'était pas facile. Aussitôt, Santo m'aida, mais il ne prit pas place avec moi. Il s'éloigna plutôt dans la clairière. Je vis dans son esprit que la présence de son père l'incommodait. Je fis un léger signe de tête à Kaleb, pour qu'il aille parler à son fils, tandis que je m'occupais de Malia.

Messages : 10 Date d'inscription : 20/04/2016

Malia était née, grâce à moi et ma magie. J'avais tellement eu peur de perdre ma fille, qui était devenue la prunelle de mes yeux. Santo avait suivi les traces de sa mère, chose qui m'avait profondément contrarié. Je n'avais rien dit, en espérant que ma femme décide de mettre son poing sur la table et demande à ce que mon aîné soit au moins apprenti-magicien. En même temps, la naissance difficile de Mali m'avait traumatisé, l'idée de perdre ma femme et mon enfant m'avait fait décidé que notre famille était complète.

Ce matin, je m'étais enfermé dans la chambre pour méditer. Je savais qu'Ada voulait que je répare le peu de relation que j'avais avec Santo. J'étais dans une transe bienfaitrice, lorsque ma femme me sauta dans les bras, toute excitée. Elle était de nouveau enceinte, si j'étais hors de moi en apprenant sa grossesse, la nouvelle de l'arrivée d'un garçon dans ma famille m'avait rendu totalement heureux.

***

Nous avions fini par arrivé dans la clairière, où ma fille adorait jouer. Si elle n'avait pas de capacité magique, elle avait hérité de mon sens des responsabilités et du sérieux. Santo avait fini par nous rejoindre, avant d'embrasser sa mère et sa soeur, sans me lancer un seul regard. Je ne ferais pas d'effort si il n'en faisait pas.

Les enfants étaient en train de poser la couverture et la nourriture sur cette dernière. Je les regardais faire, sans savoir comment approcher Santo, Adalyne finit par s'approcher de moi et nouer ses mains contre ma nuque. Elle avait un petit sourire aux lèvres. J'étais maussade, je ne voulais pas vraiment être ici. Mais sa présence me calmait grandement.

- On a de beaux enfants, non? gloussa moqueusement ma femme.

Son visage apparut dans mon champ de vision, alors qu'elle posait un doux baiser sur mes lèvres. Cela ne calmait pas la nervosité que sa grossesse me provoquait. J'avais tellement peur que la même chose qui était arrivée avec la naissance de Malia arrive avec celle de notre petit garçon.

- Maman j'ai faim! s'écria Mali.

Je laissai Ada aller s'occuper de notre fille, alors que je regardais Santo aider sa mère à s'asseoir avec Malia. Je captai le signe de tête de ma femme, qui m'intimait d'aller voir mon aîné. Lui qui avait longtemps été ma plus grande fierté, j'avais honte d'être le père d'un jeune homme aussi belliqueux. Je poussai un soupir, avant de suivre mon fils qui s'en allait vers la forêt. Il pouvait bien essayer de s'y camoufler, j'étais encore meilleur que lui pour cela et je le retrouverais en quelques secondes. Je finis par poser une main sur son épaule.

- Tu vas laisser ta mère et ta soeur toute seule? demandai-je d'un ton sec.

Santo était mon portrait craché, mais tenait de sa mère. Son regard vert feuille me transperçait, je le soutenais. Je savais qu'il sentait ma honte, que je ne respectais pas sa décision, je lui avais toujours appris que la violence était une chose horrible. Que se battre, même pour son continent, n'était pas honorable. Je tenais fermement l'épaule de mon fils aîné.

- Qu'est-ce que tu es devenu? soufflai-je. Où est mon fils, ma fierté?

Messages : 4 Date d'inscription : 04/02/2020

Je n'avais pas vraiment envie d'aller à ce pique-nique. Pas que je ne voulais pas voir ma mère et ma soeur, mais c'était plutôt mon père que je ne voulais pas croiser. Depuis que j'étais devenu Écuyer d'Émeraude plutôt que de poursuivre mes études auprès du magicien, il me méprisait. Au départ, j'avais pensé que ce n'était qu'une phase, mais cela faisait bientôt cinq ans qu'il agissait ainsi. J'avais donc complètement cessé de lui parler. Je n'étais plus un petit gamin avec lequel il pouvait faire ce qu'il voulait. Malheureusement pour lui, j'étais beaucoup plus humain que Elfe. Et cela le dégoûtait, probablement. Rien à foutre. Il ne savait pas ce qu'il manquait. Une chose était sûre, c'était que jamais je ne ferais vivre cela à mes enfants. J'allais les aimer, et ce pour toute la vie. Et non les rejeter parce qu'ils ne faisaient pas ce que moi je voulais de leur vie. Moi, qui avais toujours aimé et admiré mon père, aujourd'hui je le voyais comme rien. Pour moi, il n'était rien.

J'avais marché en silence jusqu'à la petite clairière, avant d'aider ma mère bien enceinte à prendre place avec ma petite soeur sur la couverture, avant de me diriger vers la forêt afin d'être seul. Je voulais être loin de mon père, tout simplement. Je sentais sa haine à mon égard, elle semblait si grande. Et je ne voulais pas perdre le contrôle de mes émotions devant lui. Je ne voulais pas lui donner d'autres raisons de rire de moi. Alors que j'arrivais à l'orée de la forêt, une main solide se posa contre mon épaule.

« Tu vas laisser ta mère et ta soeur toutes seules ? pesta mon paternel. »

Je me retournai, tentant de contenir ma rage, qui ne faisait que monter en moi. Je posai mon regard dans le sien. Je détestais lui ressembler autant. J'aimerais tellement avoir un physique comme ma mère, afin de me dire que Kaleb n'était pas mon père, que ce n'était qu'une erreur. Mes oreilles s'étaient rabattues contre mon crâne, tandis que sa honte à mon égard m'envahissait.

« Qu'est-ce que tu es devenu? murmura alors celui qui m'avait mis au monde. Où est mon fils, ma fierté? »

Je me défis brusquement de son emprise à ses paroles. Je sentais ma lèvre trembler, tandis que je me retenais pour ne pas lui répondre. Il faisait de ma vie un véritable cauchemar. Je ne comprenais pas comment on pouvait faire endurer cela à son propre enfant. depuis que Malia était au monde, je ne comptais plus. Son essence était beaucoup plus elfique que la mienne, et mon père pourrait faire ce qu'il voulait d'elle. Je ne le laisserais pas faire. Elle n'était pas son jouet, mais son enfant.

« Je pourrais te retourner la question, pestai-je alors. Il est où, le père aimant qui prenait soin de moi? »

Je le poussai violemment, le projetant au sol, avant de m'enfuir à la course dans la forêt. Je grimpai dans un arbre très aisément, avant de me dissimuler dans le feuillage et de taire mon énergie, afin qu'il ne me retrouve pas. Je savais que sa vue était meilleure que la mienne, et qu'il allait me retrouver facilement, j'espérais seulement qu'il lâche le morceau. Je sentis alors son énergie magique au pied de l'arbre dans lequel je me trouvais.

« SI TU NE VEUX PLUS ÊTRE MON PÈRE, DIS-LE ! hurlais-je. RENIE-MOI ! TU EN RÊVES, JE LE SAIS ! »

J'essuyai maladroitement les larmes qui avaient commencé à couler le long de mes joues, avant de courir sur la branche sur laquelle je me tenais et sauter à la suivante. Alors que j'arrivai au bout, mon pied glissa sur de la sève, et mon dos heurta fortement la grosse branche. Je poussai un cri de douleur, perdant sur le coup toute sensation dans mes jambes. Je commençai alors à tomber dans le vide, mais trop paniqué pour utiliser ma magie, je ne pus stopper ma chute. Quelqu'un le fit, cependant, puisque je ne heurtai jamais le sol de la forêt. J'y atterris plutôt en douceur. Mon tronc me faisait souffrir, et je ne sentais plus le bas de mon corps. Je savais que je m'étais fracturé quelque chose que je n'aurais pas dû. Je respirais rapidement, gémissant au travers. Ma vue était brouillée par les larmes.

« Papa... sanglotais-je. »

Messages : 10 Date d'inscription : 20/04/2016

Mais pourquoi est-ce que j'avais dit cela? J'adorais mes enfants, ils étaient toute ma vie... Je détestais seulement le fait que mon fils ait choisi une vie belliqueuse au lieu de suivre son héritage elfique et devenir guérisseur, comme le Chevalier qui lui avait donné son prénom. Je voulais que mes enfants aient une vie normale, tout le contraire de ma vie avec leur mère. Même si j'adorais Adalyne, je n'étais pas d'accord à ce qu'elle se batte.

Mon aîné se défit de mon étreinte, un air scandalisé sur son visage, mais aussi la lèvre inférieure tremblante. Si j'avais voulu le blesser, j'avais visé juste, mais ce n'était pas ce que je voulais. J'avais mis de côté le fait que mon fils était en partie humain et ressentait plus de choses que moi. Depuis la naissance de Malia, je ne lui avais donné toute mon attention en oubliant mon fils, moins parfait que sa petite soeur.

- Je pourrais te retourner la question, répondit Santo. Il est où, le père aimant qui prenait soin de moi?

Ce fut comme une flèche dans le coeur, je venais de découvrir une nouvelle émotion, le regret. Mon fils me repoussa violemment, en me projetant au sol, avant de disparaître dans les arbres. Je ne ressentais plus son énergie magique, il tentait de se dissimuler à moi. Par contre, j'avais passé ma vie à faire ce qu'il tentait de faire, je pus le repérer en quelques instants. Je me dirigeai vers le grand chêne qui camouflait mon enfant.

- SI TU NE VEUX PLUS ÊTRE MON PÈRE, DIS-LE! beugla Santo. RENIE-MOI! TU EN RÊVES, JE LE SAIS!

Non. Je ne voulais pas faire cela, je voulais qu'il comprenne qu'il avait un futur dans autre chose que la guerre. Je voulais qu'il vive, pas qu'il aille se faire tuer sur une plage pour un peuple qui ne respectait même pas ses origines. Je levai les yeux, avant de voir mon enfant sauter vers une autre branche, mais son pied glissa et je n'eus pas le temps d'arrêter sa chute. Son dos heurta une branche de plein fouet, avant de tomber vers moi. Je levai une main pour ralentir sa chute, pour le poser doucement au sol. Je me lançai vers lui.

- Papa... pleura-t-il.

Je le pris doucement contre moi, en le berçant. J'illuminai une de mes paumes, pour la passer sur son corps. Sa colonne vertébrale était cassée et je ne pouvais rien faire. Désespéré, je dirigeai mon regard vers le sentier qui menait à la prairie vers sa mère, non, je ne pouvais pas lui ramener son enfant brisé. Des larmes se mirent à couler sur mes joues, alors que je caressais doucement ses cheveux.

- Chuuuut, murmurai-je.

Doucement, je me mis à chantonner en elfique, comme lorsque je faisais quand il était un bébé. Doucement, je posai une main sur ses jambes, avant de l'illuminer, j'engourdis la douleur de mon fils. Je continuais de chanter doucement, en espérant l'endormir. Je posai mon front contre le sien, en lui envoyant une vague d'amour et d'apaisement. J'ai besoins d'aide, envoyai-je aux représentants de ma race dans l'Ordre, en prenant soin de bloquer ma femme. L'un des elfe de l'Ordre me répondrait, pour guérir Santo.

- Je t'aime mon fils, murmurai-je.

Messages : 4 Date d'inscription : 04/02/2020

Tout mon corps n'était que douleur. C'était atroce. Jamais je n'avais ressenti cela auparavant. Je tentais d'aller faire quelque chose, mais ma magie refusait de circuler dans mon corps. Comme ma mère, j'étais un guérisseur, mais en ce moment, je n'étais rien. J'avais tellement peur. Peur de ne plus jamais pouvoir marcher, peur d'encore plus décevoir mon père. Mais le pire, c'était la peur de mourir. Je ne voulais pas mourir. Contrairement à ce que pensait mon père, mon désir n'était pas aller de me faire massacrer sur un champ de bataille. Et je voulais encore moins mourir ici, dans une forêt, d'une manière stupide. En fait, je n'arrivais même pas à choisir si je préférais ne plus jamais marcher, ou alors mourir. Je savais bien que ma mère ne me laisserait jamais quitter cette vie. Je n'étais même pas capable de la contacter... Les larmes avaient commencé à couler le long de mes joues, lorsque je sentis deux bras me soulever doucement. Je me retrouvai calé contre le torse de mon père, qui me berçait avec tendresse. Comme quand j'étais enfant... Je relevai le regard, et je fus surpris de voir les larmes couler sur les joues de mon père. Jamais je ne l'avais vu pleurer...

« Chuuuutt... me souffla-t-il, caressant mes cheveux avec tendresse. »

Je commençais à perdre espoir. Mon père avait fait un examen magique de ma personne, et il n'était pas en train de me soigner, ce qui signifiait qu'il ne pouvait pas le faire. Si un Elfe ne pouvait pas me soigner, alors qui le pourrait? Mon père commença alors à me chanter une berceuse dans sa langue maternelle, celle qu'il me chantait lorsque j'étais petit. Malgré tout, je continuais à sangloter, tandis qu'il posait une main lumineuse contre mes jambes. Une partie de la douleur disparut, mais ce n'était pas la douleur le pire dans tout ça. C'était le fait de ne plus sentir mes jambes. Et lentement, j'avais l'impression que ça montait. Doucement, le front de mon père se posa contre le mien, et je sentis une puissante vague d'apaisement et d'amour m'envahir complètement. J'arrêtai alors de pleurer, sentant l'énergie anesthésiante de mon paternel dans mon corps. Il souhaitait m'endormir...

« Je t'aime mon fils, me souffla-t-il. »

Je recommençai alors à pleurer, me sentant coupable. Tout ça, c'était arrivé parce que je croyais qu'il ne m'aimait pas. Je reniflai bruyamment.

« Ne m'endors pas, le suppliais-je alors, sentant qu'il poussait encore plus fort avec sa magie. Je veux pas mourir seul, dans ma tête... »

Je posai mes yeux de feuilles dans le regard de mon père, qui se mordait la lèvre inférieure. Je commençai alors à vouloir me débattre, tandis que je sentais que son traitement magique continuait en moi, mais il me retint solidement.

« Je sens plus rien jusqu'à ma poitrine... gémis-je alors, avant de sombrer dans l'inconscience. »

Je ne sus combien de temps passa, mais tout était noir autour de moi. Pas de rêve, rien. Je pouvais entendre la berceuse de mon père de manière lointaine. Je battis doucement des paupières, sentant une nouvelle énergie m'envahir. Je vis alors Elros, le conjoint de Sire Kesley accroupi à mes côtés. J'étais toujours dans les bras de mon père. Je tournai difficilement la tête, pour voir le Chevalier Kesley de l'autre côté de ma personne. Il me regardait, visiblement désolé. Il ne pouvait rien faire pour moi, comme il n'avait plus de pouvoir magique.

« Qu'est-ce qui se passe ? pesta alors la voix de Lady Aëlys. »

Elle arriva par un petit sentier, suivie d'une jeune femme aux cheveux rouges que je ne connaissais pas. Alina était avec elle, elle alla vite rejoindre Ralph, que je n'avais même pas remarqué jusqu'à maintenant. La jeune femme aux cheveux rouges prit la place de Sire Kesley, avant de passer une main lumineuse par-dessus ma personne.

« Sa paralysie est tout de même sévère, annonça-t-elle. As-tu mal quelque part ? me demanda-t-elle doucement. »

Je secouai négativement la tête. J'avais mal au tronc, avant que mon père ne m'endorme, mais je ne ressentais plus rien. Je recommençai alors à sangloter, réalisant ce qu'elle avait dit. J'étais paralysé... Je sentis les vagues d'apaisement des deux écuyers plus loin. Ils n'étaient pas nécessairement mes amis, mais nous étions tous proches tout de même.

« Je peux réparer la fracture, dit Elros, la gorge serrée. Mais je ne peux rien faire pour la paralysie.

- Alors laissez-moi mourir, pleurais-je. »

Messages : 10 Date d'inscription : 20/04/2016

Tout était de ma faute, si il mourrait ou si il perdait l'usage de ses jambes, c'était ma faute. Sa mère ne me pardonnerait jamais, je perdrais non seulement mon fils et aussi le reste de ma famille. Je n'étais rien sans eux, je n'avais aucune valeur, aucune autre attache. En tenant mon plus vieux, je repassais ce qui s'était passé dans ma tête, je ne voyais pas le moment où mon Santo s'était officiellement éloigné de moi, je regrettais tout ce que je lui avais dit.

Santo pleurait et je ne savais pas comment le faire arrêter de pleurer. La seule solution serait de l'endormir, mais si je l'endormais, mourrait-il? C'était la seule façon, je continuai d'engourdir son corps, avant d'être interrompu par un reniflement. Je baissai les yeux sur mon fils.

- Ne m'endors pas, pleura Santo. Je veux pas mourir seul, dans ma tête...

Il ne mourrait pas, il n'avait pas le droit. Je mordais fortement ma lèvre inférieure, en continuant d'essayer de l'endormir. Mon fils commença à essayer de se débattre dans mes bras, mais je resserrai mon étreinte sur lui. Je ne voulais pas qu'il souffre plus qu'il ne souffrait maintenant.

- Je sens plus rien jusqu'à ma poitrine....

Santo fini par s'endormir, rapidement, je sentis la présence de représentants de ma race autour de moi. Je finis par lever la tête sur le Chevalier Kesley et son amant Elros. Du mouvement dans les arbres me fit lever yeux, la Chevalière Aëlys et son amie Yselda. Je laissai Elros poser sa main sur le front de Santo, pour le réveiller doucement. Les deux elfes surveillaient mon fils et moi, alors que leur partenaires humains avaient l'air désolés. Derrière les Chevaliers, je pouvais voir les écuyers, ils ne pouvaient rien faire. Yselda passa sa main illuminée sur le corps de mon enfant.

- Sa paralysie est tout de même sévère, dit-elle. As-tu mal quelque part, ajouta-t-elle doucement.

Santo secoua la tête. Mon coeur se débattait, ce fut pire lorsque ses yeux s'arrondirent alors qu'il recommençait à pleurer. Ses sanglots me perçaient le coeur, alors qu'il comprenait sa situation. Je ne pouvais rien faire pour lui, on dirait que les autres elfes ne pouvaient rien non plus. Je ne pouvais m'empêcher à commencer à sentir ma colère bouillir en moi.

- Je peux réparer la fracture, dit Elros. Mais ne je peux rien faire pour la paralysie.

- Alors laissez-moi mourir, sanglota Santo.

- NON, hurlai-je.

Je secouais la tête à répétition, en tentant de maintenir mon enfant contre moi. Je me rendis compte que sa mère commencerait à s'inquiéter. Je bloquai nos présences à Adalyne. Je ne voulais pas qu'elle sache ce qui se passait avec Santo.

- Tu ne mourras pas, mon fils, pleurai-je.

Je sentis une présence familière entre les arbres. Stella, l'écuyère de ma femme et Alix, le maître de mon fils arrivèrent du sentier derrière nous. La petite fée se glissa entre Kesley et Elros, pour s'agenouiller près de Santo. Je remarquai son regard inquiet et aimant envers mon enfant, elle prit doucement sa main dans la sienne, avant de lui insuffler une vague d'apaisement.

- Elros, répare sa fracture, pleurai-je. Aide-le, suppliai-je la jeune elfe aux cheveux rouges.

Je regardai le représentant d'Osantalt illuminer ses paumes et se mettre à réparer les fractures de Santo. Je posai un bisous sur le front de mon fils, alors que la fée tenait sa main dans les siennes. Lorsque Elros eut terminé, il s'effondra, épuisé. Un cocon de lumière se forma autour de lui, alors que je repassais une main illuminée sur Santo, il était encore paralysé

- Je peux l'emmener chez les Fées, murmura Stella. Le Roi peut faire des miracles avec sa table de Cristal. Il me faudrait l'autorisation de mon maître... Il faut partir maintenant...

Non, je n'avais rien à faire de l'Ordre, si la seule façon de sauver mon enfant serait de partir en cachette, alors nous le ferions. Je regardai les poignets des Chevaliers qui m'entourait, aucun d'eux ne portait de bracelets, donc nous devrions y aller à cheval. Ce qui pourrait être dangereux pour Santo.

- Prenez votre fils dans vos bras, dit Aëlys d'un ton décidé. Kes, agrippe Elros. Tout le monde doit se tenir par la main.

La jeune jadoise se plaça face au sentier, avant de tendre la main à son amie. La jeune elfe tendit la main à Alix, qui fit de même avec Kesley qui tenait son amant. Je pris Santo dans mes bras, le plus délicatement possible, alors que Stella posait sa main sur l'épaule de Kesley et tenait la main de mon fils. Je sentis un petit picotement sur ma peau et la forêt émerrienne disparut, pour laisser sa place à celle des Fées. Je baissai les yeux sur Santo, qui avait les siens fermés. La panique s'empara de moi.

- Santo, réveille-toi, le pressai-je. Santo! SANTO!

Messages : 4 Date d'inscription : 04/02/2020

Le cri que mon père avait poussé lorsque j'avais demandé à ce qu'on me laisse mourir était allé directement dans mon coeur. J'avais été stupide, en pensant qu'il ne m'aimait plus. Tout cela, c'était de ma faute. Parce que j'étais devenu un adolescent belliqueux. En mourant, j'allais mettre fin aux souffrances de mon paternel. Je ne pourrai plus jamais le décevoir, et en plus, ma souffrance serait éliminée. Il n'était que gagnant à me laisser partir. Même si j'avais peur de mourir. Je n'avais pas vécu tout ce que j'avais à vivre. Je rêvais d'aventures et surtout, de rendre heureuse une belle jeune femme. Qu'elle soit Elfe, Fée, ou humaine, je voulais une épouse que j'allais pouvoir chérir, et qui allait m'aimer jusqu'à la fin des temps. Je me fichais de son rang, de sa race, ou si elle avait des pouvoirs magiques. Je voulais seulement vieillir avec elle. Avoir des enfants, les élever tranquille au beau milieu de la forêt. Mais tout ça, ça n'existait plus désormais.

« Tu ne mourras pas, mon fils, sanglota mon père, me serrant encore plus contre lui. »

Je poussai un gémissement de douleur, comme si elle montait le long de ma colonne vertébrale. C'était des comme des chocs électriques puissants. C'était atroce. Je devais me concentrer sur autre chose. Penser à autre chose. Une main se glissant dans la mienne me fit ouvrir mes yeux de feuilles, et je croisai le regard de Stella, ma douce amie. Si je devais choisir ma femme aujourd'hui, ce serait sans hésiter Stella. Elle était tout pour moi. Une amie, une confidente, une partenaire d'entraînement, une soeur, et elle était particulièrement jolie, je devais l'avouer. Je serrai plus fortement sa main dans la mienne, alors qu'elle me transmettait une vague d'apaisement. Je me surpris à lui faire un petit sourire, comme pour la réconforter. C'est alors que je vis les mains d'Elros s'illuminer, alors qu'il réparait probablement mes fractures.

« Je peux l'emmener chez les Fées, souffla mon amie, une fois le traitement terminé. Le Roi peut faire des miracles avec sa table de Cristal. Il me faudrait l'autorisation de mon... »

Je serrai fortement les dents, tandis que mon père me soulevait. Je n'entendais plus rien. Littéralement, mon ouïe m'avait abandonné. Je ne devais pas paniquer, mais c'était pratiquement impossible. Je ne souhaitais pas mourir ainsi. Je voulais bien faire mon possible, le temps qu'on m'emmène chez les Fées, mais c'était comme si c'était impossible. Ce fut le noir.

Je battis doucement des paupières. Le plafond était parsemé de petites constellations. Je souris devant sa beauté. Étais-je sur les Grandes Plaines de Lumière ? Je tentais de me relever sur mes coudes, et je me rendis rapidement compte que le bas de mon corps ne me répondait pas. Non seulement j'étais encore paralysé, mais cela voulait également dire que je n'étais pas mort. Un homme d'une grande stature s'avança alors vers moi, me forçant doucement à me recoucher. Je vis alors qu'il avait de très grandes ailes. Un homme Fée?

« J'ai arrêté l'hémorragie interne, affirma-t-il alors. Ses os avaient été bien réparés déjà. Sa vie n'est plus en danger.

- Mais... soufflais-je. Je peux pas vivre sans mes jambes...

- Je travaille là-dessus, me dit-il alors. J'ai déjà permis à une petite fille qui n'avait jamais marché de marcher, mais ce n'était pas du tout la même chose. Elle était née ainsi. Toi, c'est dû à un traumatisme. Je dois trouver une façon de faire répondre tes nerfs de nouveau. »

Je déglutis avec difficulté, avant de commencer à regarder autour de moi. Je vis alors mon père, Stella, mon maître, Sire Kesley, Elros, Lady Aëlys et la jeune femme aux cheveux rouges, ainsi que Ralph et Alina, tous endormis un peu partout sur le plancher. Alors à qui parlait-il lorsqu'il parlait de mon état à la troisième personne, si ce n'était pas à eux? Je sursautai, lorsque l'homme Fée commença à chantonner dans une langue inconnue. La table contre laquelle je reposai s'illumina fortement, et je dus fermer les yeux. Lorsque je les rouvris, je vis une lumière dans mes jambes. Lentement, elle remonta dans mon corps, et lorsque je la perdis de vue, je devinai qu'elle était rendue dans ma tête. Le visage de mon père apparut près de moi, je devinai que ma panique lorsque la table s'était illuminée l'avait réveillé.

« Il faut ranimer son système nerveux, laissa finalement tomber la Fée. Et je ne vous mentirai pas. Je ne sais pas comment faire ça.

- Ma maman est guérisseuse, murmurais-je alors. Elle sait peut-être le faire...

- Je peux essayer ! lança une voix féminine. »

Messages : 10 Date d'inscription : 20/04/2016

J'étais épuisé, je ne tenais plus debout. J'avais bloqué mon énergie à ma femme, après avoir prétendu à une urgence chez les miens. J'avais simplement menti à la femme de ma vie, afin de ne pas l'alerter. Je savais qu'elle me laisserait, si Ada apprenait ce que j'avais fait à notre aîné. Je me sentais assez coupable, je ne voulais pas rajouter de l'huile sur le feu.

On finit par nous emmener dans un pièce où il y avait trois lits en forme de nids, mais en voyant que le Roi des Fées et ses sujets emmenaient Santo, je refusai de rester loin de mon enfant. Je fus suivis par Kesley, Elros, Aëlys et son amie, ainsi que leurs écuyers. Je suivis nos hôtes dans la salle de la table de cristal, le Roi y posa mon enfant. Une fée se retourna vers nous pour poser deux doigts sur nos fronts, nous tombèrent tous endormis.

Une panique s'empara de moi, ce n'était pas la mienne, c'était celle de mon fils. Cela suffit à me réveiller, je sautai souplement sur mes pieds, avant de me diriger vers la table. Santo y reposait, les yeux ouverts. Je plantai mon regard inquiet dans le sien.

- Il faut ranimer son système nerveux, dit l'homme-fée. Et je ne vous mentirai pas. Je ne sais pas comment faire ça.

- Ma maman est guérisseuse, souffla mon bébé. Elle sait peut-être le faire...

Non, sa maman avait beau exceller en guérison, ce n'était pas quelque chose qu'elle pouvait faire. Je n'osai pas lui dire, je ne voulais pas rajouter à sa panique. Je tenais aussi à ce que sa mère ne sache rien de ce qui se passait, tant que notre fils n'était pas remit sur pied.

- Je peux essayer! fit une voix claire derrière moi.

Je me retournai vers une petite Stella éveillée. La jolie fée regardait mon fils sur la table. Je les savais proche, mais clairement, il y avait plus que de l'amitié dans son regard. Je laissai ma place à la jeune femme, qui s'approcha de Santo, avant de poser une petite main sur son torse. Je repris ma place, avant de prendre la main de Santo dans la mienne. Stella posa ses paumes sur ses tempes, avant de fermer les yeux. Je vis de petits éclairs sortir des bouts de doigts de la fée. Je voulus attraper son poignet, mais la main d'Aëlys sur mon bras.

- Laisse-la, murmura-t-elle.

Je continuais de serrer la main de mon fils, en lui insufflant de petites doses de mon énergie vitale. Je t'aime, Santo, murmurai-je dans l'esprit de mon enfant. Stella termina son traitement, avant de choir au sol et de former son cocon. Je me tournai vers mon fils aîné, avant de lui envoyer une dernière vague d'énergie. Les yeux verts elfiques de Santo s'ouvrirent et croisèrent mon regard. Je sentis mes yeux se brouiller de larmes, avant de je levais mon enfant contre moi et que je le serrais dans mes bras.

- Je t'aime, pleurai-je. Tu ne sais pas à quel point, je peux t'aimer, mon bébé.

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