Qu'es-tu devenu?-Kesley, Elros, Lenwë

Messages : 17 Date d'inscription : 11/10/2020

J'avais marché tellement longtemps, en suivant une carte que j'avais finis par acheter dans un Royaume qui m'était inconnu. Je fixais le grand royaume du nom d'Émeraude, c'était là que mon aimé restait avec un humain, qui ne devait pas vraiment le mériter. J'étais épuisé, mais je tenais à continuer, maintenant que j'étais si près du but. Je fermai les yeux, un moment, en me remémorant le regard doux de mon amour. Elros était tout pour moi, je tenais à le ramener chez nous. Lorsqu'il me verrait, il comprendrait. Non?

Je finis par arriver devant le pont-levis d'un grand château. Je levai les yeux vers ce dernier. Je me retournai vers un homme qui passait près de moi, avant agripper son avant-bras délicatement. Ce dernier se retourna vers moi, un peu surpris, mais son expression se détendit en voyant que je ne devais pas représenter un danger.

- Elros d'Osantalt, dis-je de ma voix douce. Vis-t-il ici?

L'homme secoua la tête, en disant que le seul Elros qu'il connaissait vivait avec le Chevalier Kesley d'Émeraude dans une petite maison dans la forêt émerrienne. Lorsque je lui demandai si il les avait visité, sa réponse fut positive. Je posai mes mains sur ses tempes, avant d'aller chercher le doux visages de mon amant dans ses pensées. Lorsque je trouvai, je le laissai, avant de tourner les talons vers la forêt. Je rabattis ma capuche sur ma tête, avant de foncer entre les arbres. Je finis par trouver la maison, je vis la lueur d'une chandelle, indiquant que les propriétaires étaient présents. Je me dirigeai lentement vers la demeure, en espérant que mon aimé me voit arrivé. Lorsque j'arrivai à la porte, j'entendis des gémissements, des râles. L'envie de me sauver me prit, mais je tenais à le revoir. Je poussai la porte et j'eus le souffle coupé par ce que je vis.

- Elros? dis-je, blessé.

L'homme de ma vie était littéralement en train de forniquer avec un humain. Un bel humain, mais un humain qui ne le méritait pas. Les sons qu'ils poussaient me brisait le coeur, clairement, ils ne m'avaient pas entendus. Sans attendre plus longtemps, je reculai, en claquant la porte avec furie. Je me mis à courir entre les arbres. Les larmes m'aveuglaient, je n'avais jamais pleuré de ma vie, je n'avais jamais ressentis autant de colère ou de peine. Je ne comprenais comment, je pouvais avoir aussi mal.

- Lenwë, entendis-je au loin.

Je grimpai sur le premier tronc, en tentant de faire cesser mes sanglots. Je me tapis sur une grosse branche, en tentant de ne plus me faire entendre. Je sentis l'énergie douce d'Elros sous moi. Je fermai les yeux, avant de bloquer mon esprit et mon énergie. Je tentai de chasser l'image de l'être que j'aimais en train de prendre son amant sauvagement. Je sentis une présence près de moi, pas Elros.

- Laisse-moi, chuchotai-je en elfique.

Chevalier d'Émeraude Messages : 83 Date d'inscription : 17/04/2016

Cela faisait quelques semaines que j'habitais dans la petite maison que j'avais construite avec Elros. Je devais avouer que le fait d'habiter au beau milieu de la forêt avait eu des effets très positifs sur mon amoureux. Il avait déjà commencé un petit jardin, et je devais avouer qu'il était très doué pour faire pousser des trucs. Le premier matin, j'avais pris mon arc et mes flèches, alors que mon amant dormait encore, pour aller chasser. Je mangeais de la viande, parce que c'était ce qu'on me servait au chateau. Lors de mes escapades avec mon mari, je ne consommais aucune chair animale, puisque lui était végétarien. J'avais donc laissé mes armes dans la maison, et j'étais plutôt parti à la recherche de petits fruits. Depuis ce jour, j'avais suivi le régime de Elros.

La nuit commençait à tomber, alors que je mangeais à la table avec mon époux. Rapidement, cependant, la situation avait dégénéré, et nous avions commencé à faire l'amour sur la table. Contrairement à son habitude, Elros n'était pas doux et tendre, il était un peu plus sauvage, ce qui n'était pas pour me déplaire je devais bien l'avouer. Je poussais gémissement sur gémissement, jusqu'à ce que la porte d'entrée claque puissament. Je relevai la tête, mais il n'y avait personne. Elros se retira de moi, enfilant rapidement une tunique.

- Mais tu fous quoi là? lui demandais-je, visiblement en colère.

Je n'eus aucune réponse. Au contraire, mon mari fonça rapidement vers la porte. Je poussai un soupir de colère, avant d'enfiler rapidement pantalon et tunique, et de sortir à mon tour. Cela m'avait pris des années, mais j'étais enfin capable de pister Elros dans la forêt. En fait, les elfes. Ils avaient le pas si léger, qu'ils ne laissaient pas de traces. Ou presque... Je remarquai aussitôt la trace de mon amant, qui suivait la trace d'un autre elfe. Intéressant... Je m'enfonçai dans la forêt, et je réussis à rejoindre Elros, qui me fusilla du regard. Clairement, il ne voulait pas que je sois là. Les traces de l'autre Elfe se rendaient jusqu'à un grand chêne. Ignorant totalement mon époux, je commençai à grimper dans l'arbre. Bah quoi? Il avait juste à me dire gentiment: Je suis désolé Kesley, on reprend ça plus tard, ne me suis pas, j'ai un truc à régler. Il avait préféré me laisser en plan. J'arrivai rapidement à la hauteur de l'Elfe, qui semblait dans toutes ses émotions.

- Lai mo, laissa-t-il tomber dans sa langue mélodieuse.

Bon. Ce n'était probablement pas ça qu'il avait dit. Mais malgré le fait que j'étais entouré d'Elfes et que j'en avais épousé un, je n'avais jamais réussi à comprendre leur langue. J'en saisissais quelques bouts, mais sans plus. Je pris place assise devant lui sur la branche, mais il ne releva même pas la tête.

- Tu as freiné mon époux tandis qu'il me faisait l'amour, tu es entré dans ma maison sans cogner et sans permission, et tu ne me regardes même pas dans les yeux? laissais-je tomber durement.

L'elfe releva alors ses yeux bleus sur moi. Sur le coup, il me déstabilisa. Je l'avais déjà vu quelque part, mais ou? Je fronçai les sourcils, mais rapidement ses traits me revinrent en tête. Je l'avais vu dans les pensées de Melian, et dans celles d'Elros. Il venait d'Osantalt donc? Il était vraiment beau, ça c'était chose certaine. C'était dans ces moments-là que je ferais absolument tout pour récupérer mes pouvoirs. Mais non. Je ne peux même pas lire en lui. Par contre, je pouvais me fier à la position de ses oreilles. En ce moment, il était triste, en colère, et même jaloux?

- Tu es amoureux d'Elros? raillais-je alors, bien malgré moi.

Il me foudroya du regard, et un vent pas très naturel se leva autour de moi. J'écarquillai les yeux, tandis qu'il me projetait en bas de la branche. Une main magique m'empêcha de me fracasser les os au sol, me déposant doucement contre l'herbe. Je vis le regard sévère d'Elros par-dessus moi, et rapidement il se dirigea vers le chêne. Je me saisis de sa cheville au passage.

- C'est qui? lui demandais-je. C'est qui cet elfe qui semble tellement important que tu laisses ton mari en plan?

Mouais... ça sonnait peut-être un peu jaloux ça... Mais j'avais l'impression que j'avais raison de l'être.

Messages : 17 Date d'inscription : 11/10/2020

J'avais tellement mal. Je n'avais jamais eu mal, je ne savais pas si je pourrais y survivre. Comment Elros avait-il pu faire cela? Pourquoi avait-il suivi cet humain? Il ne l'aimerait que pour un certain temps, avant de mourir, alors que moi, je pouvais lui offrir l'éternité. Qu'est-ce que cet humain pouvait bien lui apporter de plus que moi? Je compris une chose, je venais de découvrir la jalousie.

Je sentis la présence étrangère se placer devant moi sur ma branche. Je ne voulais pas lever la tête. Risquer de croiser son regard me ferait encore plus mal et je ne savais pas si je serais responsable de mes gestes. Je sentais sa colère, sauvage, agressive, mais surtout primitive; je ne croiserais pas son regard, je ne ferais rien. Je finirais par quitter ce continent de malheur.

- Tu as freiné mon époux tandis qu'il me faisait l'amour, tu es entré dans ma maison sans cogner et sans permission, cracha l'humain. Et tu ne me regarde même pas dans les yeux?

Tu ne mérite pas que je te regarde dans les yeux, voulais-je dire. Mais je ne dis rien. Je levai mes yeux mouillés sur le bel humain, il était magnifique. Rien de ce que nous avions à Osantalt, il était sauvage et libre. Mes oreilles étaient à plat contre ma tête, je n'avais jamais détesté un être vivant, mais lui, je le détestais.

- Tu es amoureux d'Elros, se moqua-t-il.

Je fronçai les sourcils, le vent se mit à souffler violemment sous ma volonté et l'homme bascula vers le sol. Quelqu'un arrêta sa chute, Elros. Mon aimé. Il ne me regardait pas, mais je sentais son énergie, il devait sentir la mienne. Je le sentais profondément déçu de son amant. J'espérais qu'il le laisse tomber pour moi. Grimpe, murmurai-je en elfique dans son esprit. Il leva son regard vers moi. Descends, cracha-t-il d'un ton sévère. Je sautai et atterris près de son humain de compagnie. Je baissai les yeux sur l'humain avant de les relever vers les yeux verts pâles de mon amour.

- Pourquoi, murmurai-je. Pourquoi lui et pas moi?

J'avais parlé en elfique, Elros leva un regard noir sur moi. J'ordonnai aux racines des arbres de se saisir des poignets et chevilles de son humain. Je ne voulais pas être interrompu par ce sauvage. Pas alors que nous avions une conversation importante. Je l'entendais me hurler dessus, mais mon attention était fixée sur Elros.

- Parce que je l'aime, me répondit-il dans notre dialecte. Oui, les humains sont sauvages, ils sont hypocrites, ils sont primitifs, mais ils sont passionnés et forts. Tu n'est pas comme eux, tu n'es pas la personne qui complète qui je suis.

Je secouai la tête. Je refusais de croire ou entendre ce qu'il disait. Je m'entendais répéter non, alors que la colère et la souffrance prenait possession de moi, les racines se serrèrent autour des membres de l'humain, j'avais forcé les racines à traduire seulement une partie de ce que mon amour avait dit. Je me retournai vers l'humain, avant de me pencher vers lui, les larmes aux yeux.

- Primitif et sauvage, pleurai-je. Et malgré cela, tu continue de le garder prisonnier de ta société et ton monde de sauvages. Honte à toi.

Je tournai les talons, avant de m'enfoncer dans la nuit, je ne voulais plus les voir. Je courais entre les arbres, sans vraiment savoir où me diriger. Je voulais juste oublier, Elros, son amoureux et leur passion. Je fonçai durement dans un corps solide, avant d'être projeté au sol. Je poussai une plainte sourde, avant de sentir une caresse froide contre ma gorge, une lame. M'avait-il retrouvé? Je rouvris les yeux, mais ma vue était brouillée par la pluie.

- Tue-moi, vas-y, murmurai-je.

Messages : 22 Date d'inscription : 11/10/2020

Je savais bien qu'il se foutait de moi. Il jouait avec moi, il me manipulait et pourtant, j'en redemandais. Après tout, je lui devais ma vie. Si ça n'avait pas été de Kristof, je ne serais même pas en vie aujourd'hui. Sur Irianeth, la vie était bien différente. Il me laissait seul, et ne m'appelait que lorsqu'il voulait me donner des leçons de combat, ou alors me donner des cours d'histoire. Cependant, depuis hier, depuis que j'avais mis le pied sur Enkidiev, ma relation avec lui avait changée. Bon, si au départ il avait laissé le Roi attenter à ma vie, il était quand même venu me voir dans ma cellule de cristal le soir-même. Et bon. Je ne dirais pas ce que nous avions fait, car ce serait m'emporter dans mes émotions. Disons seulement que nous avions fait quelque chose dont je rêvais depuis longtemps. Après, il m'avait relâché. Il avait ri, en me disant de retourner à Irianeth par mes propres moyens, et de ne pas le décevoir. Je ne savais même pas j'étais ou ! Bon, je connaissais la géographie de ce continent par coeur. En théorie. Oui. Mais pas en pratique. Je ne savais pas comment m'orienter ici. Le soleil ne se levait pas à la même place que sur Irianeth...

Je courais à en perdre haleine, ma vision d'elfe perçant la nuit. J'évitais tous les obstacles, sachant très bien que j'avais encore gaffé en fonçant directement dans le torse d'un Chevalier d'Émeraude. Il avait sonné l'alarme, mais j'étais déjà bien loin du château. J'avais couru, sans jamais me retourner. Je ne voulais pas regarder l'endroit ou habitait ma maman chérie. Je ne voulais pas penser au fait que je l'abandonnais. Encore. Je devais mettre le plus de distance possible entre ce château et moi. J'avais l'avantage de ne pas vraiment avoir d'énergie magique. Comme je ne contrôlais pas mes pouvoirs, mon flux magique changeait constamment et je n'étais pas traçable par des êtres magiques. C'était sans doute la raison pourquoi Kristof ne m'avait pas entraîné. Afin d'avoir un homme capable de passer inaperçu. C'était brillant, je devais bien l'avouer.

Après une heure à courir, la pluie commença à tomber. Je serrai les dents. Je détestais l'eau. C'est alors que je fonçai directement dans quelqu'un. Je fis quelques roulades sur le côté, mais je me relevai aussitôt, armé du petit poignard que m'avait donné Kristof. Je sautai rapidement sur l'autre, qui était à plat ventre dans l'herbe. Je l'immobilisai grâce à mes jambes, avant de relever sa tête par sa chevelure, apposant délicieusement ma lame contre sa gorge. Malgré le noir et la pluie, ma vision elfique me permit de voir des oreilles pointues dépasser de ses cheveux. Je fronçai les sourcils. J'étais encore très loin du royaume des Elfes, selon mes calculs...

- Tue-moi, vas-y, murmura le jeune elfe.

Je fronçai les sourcils. Il n'avait vraiment pas d'instinct de survie. Bon, moi non plus, mais moi, c'était plus que volontaire. Je n'avais simplement pas peur de mourir. Lui... C'était différent, clairement. Il avait simplement perdu le goût de vivre. Je tirai donc plus fortement sur sa chevelure, enfonçant doucement ma lame dans la chair de son cou.

- Et pourquoi je ferais ça ? demandais-je, un sourire sadique aux lèvres. Tu souffres beaucoup plus en étant vivant que mort.

Je le relâchai brusquement, poussant sa tête contre le sol. Je me relevai prudemment, le gardant sous mon contrôle physique, avant de finalement reculer de quelques pas. Lentement, l'elfe se releva, avant de se retourner vers moi. Ses yeux bleus me transpercèrent alors, et pendant quelques secondes, j'eus le souffle coupé. Je fronçai les sourcils. Il semblait vraiment triste, vraiment désespéré. Je comprenais désormais pourquoi Kristof me disait que les émotions, c'était de la faiblesse. L'être qui se trouvait devant moi était faible, très faible même.

- Quoi? crachais-je d'un ton agressif, constatant qu'il me fixait d'un air surpris.

C'est alors que je vis, dans son dos, arrivant à une vitesse effarente et une précision parfaite, une flèche. Ben quoi? Il fallait bien que ma vision d'Elfe me serve à quelque chose ! Sans même comprendre pourquoi je faisais cela, je m'accroupis, avant de tendre la jambe pour faire un croche pied à l'elfe. Il glissa aussitôt dans l'herbe mouillée, la flèche frôlant sa chevelure blonde au moment ou il tombait. La flèche alla se ficher dans l'arbre derrière moi. Là, il me regardait, encore plus surpris.

- Ben quoi? Je te l'ai dit, tu souffres beaucoup plus vivant que mort, je vais quand même pas laisser quelqu'un te tuer, ricanais-je.

Bon, le problème, c'était que je ne savais pas si cette flèche m'était destinée, ou si elle était destinée à l'elfe.

Messages : 17 Date d'inscription : 11/10/2020

La race humaine était tellement primitive, comment mon amour avait pu tomber amoureux d'un homme humain? Qu'avait-il que je n'avais pas? Je venais de l'endroit le plus parfait au monde, j'étais parfait... C'était ce que l'on nous disait en nous élevant, que nous, elfes d'Osantalt étions parfaits. On nous apprenait que les humains étaient cruels, hypocrites et ne pensaient qu'à eux. Je ne voyais pas l'attrait.

La main de l'humain serrait mes cheveux, en m'empêchant de bouger. Je me maudis mentalement de m'être fait avoir ainsi. J'aurais dû être plus brillant que cela, après tout, je venais de la race supérieure... L'homme tira sur mes cheveux, en tendant encore plus ma gorge, la pointe de sa lame s'enfonça doucement dans ma chair.

- Et pourquoi je ferais ça? demanda une voix inconnue. Tu souffre beaucoup en étant vivant que mort.

Ce n'était pas l'amant de mon Elros. Qui était-il? Mon ennemi relâcha ma tête, avant d'enfoncer mon visage dans le sol. Je le sentis me maintenantc au sol, un instant, avant qu'il ne me relâche. Je finis par me relever et me retourner vers lui. Ce n'était pas un homme horrible qui me dévisageait, mais un magnifique jeune homme, un humain, mais un bel humain. Ses boucles brunes dégouttaient d'eau, son regard noisette me fixait. Le jeune humain ne semblait pas complétement humain, il fronça les sourcils, il débordait d'agressivité.

- Quoi? me cria-t-il.

Je n'allais rien dire, peut-être qu'il ne voulait pas qu'on parle de son héritage sylvestre. J'allais simplement tourner les talons, mais non, le jeune homme devant moi s’accroupit rapidement, avant de me faire une jambette, qui m'écrasa au sol. Je vis une flèche s'enfoncer dans un tronc d'arbre, je levai mes yeux ronds sur mon sauveur.

- Ben quoi? Je te l'ai dit, tu souffre beaucoup plus vivant que mort, je vais quand même pas laisser quelqu'un te tuer, me railla-t-il.

Je soupirai, avant de me relever. Je lui jetai un regard de dédain, avant d'éviter une autre flèche. Je me lançai vers celle que je vais d'éviter pour mettre la pointe contre la gorge de l'autre. Je levai les yeux, pour voir une silhouette qui approchait au loin. Je voyais la forme d'un arc, je sautai sur mes pieds, en tirant l'hybride contre moi, avant de m'enfoncer entre les arbres. Je finis par le plaquer contre un tronc. Je levai un regard curieux, mais sérieux vers lui.

- Pour quelqu'un ayant du sang sylvestre, tu es honteusement mauvais pour te camoufler, dis-je. Je ne peux pas croire que l'on ne t'a pas appris que la forêt est ton plus grand allié, lorsque poursuivis. Quels genre de parents as-tu eu?

Je ne lui laissai pas occasion de répondre, j'enfonçai la flèche dans sa tunique et le tronc d'arbre. Je sentis la pointe érafler son flanc, je le regardai, le regard froid. Mon réflèxe aurait été de le guérir, mais cet être ne méritait pas cela, rempli de mauvaises intention et de mauvaises énergies, il ne méritait pas de vivre. Même si je sentais une certaine innocence en lui. C'était comme si il avait été brisé dès l'enfance. Je tournai les talons, en espérant m'éloigner de lui.

- Tu m'as sauvé une fois, je t'ai rendu la pareille, dis-je platement. Nous sommes quittes, maintenant, je ne te dois rien, comme tu ne me dois rien.

Je fis quelques pas, avant de pousser un soupir. Encore une fois, ma nature trop bonne avait raison de moi, je me retournai vers lui. Dans son regard fier, je voyais de la peur, mais aussi une certaine douceur. C'était peut-être son côté sylvestre.

- Qui es-tu? demandai-je dans ma langue natale.

Si il était des miens, même si il ne la parlait pas, il comprendrait ma langue. C'était instinctif. Je m'avançai doucement vers lui, avant de tendre une main vers son flanc, elle s'illumina doucement de blanc, alors que je refermais sa plaie. Je retirai la flèche pour la laisser tomber au sol. Ma main remonta vers ses cheveux, à la hauteur de son oreille que je découvris une pointe sur son oreille. Je souris doucement.

- Quel est ton nom, enfant d'Osantalt? demandai-je, en elfique.

Messages : 22 Date d'inscription : 11/10/2020

Les flèches commencèrent rapidement à pleuvoir vers nous, et je fis une roulade, afin d'éviter une nouvelle lame. Si seulement je pouvais sonder les gens à ma suite. Je n'étais pas capable de dire s'il s'agissait de soldats émériens, ou de quelqu'un d'autres. Après tout, l'Elfe avec moi était en course plutôt rapide lorsque je lui étais entré dedans. Sans doute avait-il lui aussi quelqu'un à ses trousses. Mais bon, je me fichais bien de qui était poursuivi, je voulais seulement ne pas mourir. Je devais retourner sur Irianeth afin de plaire à l'Empereur. L'espace d'un instant, le doux visage de ma maman flottait dans mon esprit. À voir comment elle avait pris soin de moi alors qu'elle ne me connaissait même pas, je me doutais bien que ma fuite allait la détruire. Mais je ne devais pas penser à elle. Même si elle était ma chair et mon sang, ce n'était pas elle qui m'avait élevé. C'était Kristof, qui s'était occupé de moi.

J'étais tellement perdu dans mes pensées, que je sursautai lorsque la lame d'une flèche se posa délicieusement contre ma gorge. Je souris sadiquement. Pensait-il me faire peur ? Je n'avais pas peur de mourir. Bon, il était vrai que j'aimerais bien retourner à la maison, mais si je devais mourir ici de la main d'un Elfe, alors soit. Il se releva d'un bond, avant de reculer rapidement, m'attirant contre lui à sa suite. Il me plaqua brusquement contre le tronc d'un arbre, mais je n'affichai aucune émotion. Ses yeux bleus vinrent de plonger dans les miens.

- Pour quelqu'un ayant du sang sylvestre, tu es honteusement mauvais pour te camoufler, laissa tomber le blondinet. Je ne peux pas croire que l'on ne t'a pas appris que la forêt est ton plus grand allié, lorsque poursuivi. Quel genre de parents as-tu eu?

Mes yeux s'écarquillèrent bien malgré moi à ses paroles. Je n'en avais pas eu. C'était cela la vérité. Non, on ne m'avait pas appris à me servir de mes capacités d'Elfe. J'avais appris par moi-même que j'avais une excellente vision, vraiment au-dessus de la moyenne, et que j'avais de petites oreilles pointues. Mais c'était tout. L'Elfe enfonça alors violemment la flèche dans le tronc d'arbre, et je dus serrer les dents pour ne pas gémir de douleur tandis que mon flanc se déchirait sous la lame. Il me fit aussitôt dos, et je laissai aller une expiration, camouflant un sanglot. Je n'avais pas eu de parents... C'était cela la vérité. Ma lèvre inférieure tremblait. Non. C'était ce qui avait fait de moi un être fort, je ne devais pas penser à cela.

- Tu m'as sauvé, une fois, je t'ai rendu la pareille, me dit l'homme froidement. Nous sommes quittes, maintenant. Je ne te dois rien, comme tu me dois rien.

Je me sentis trembler, tandis que l'Elfe s'éloignait. J'étais libre. Je n'avais qu'à retirer la flèche, et j'étais libre. J'étais loin d'être blessé mortellement. J'allais finir par guérir seul dans mon sommeil. Je pouvais me concentrer à retourner vers Irianeth. Mais c'était comme si j'avais envie de rester avec cet Elfe. Je ne comprenais pas pourquoi. Mon coeur fit un bond dans ma poitrine, lorsque l'homme se retourna vers moi, son regard doux dardé sur moi.

- Qui es-tu? me souffla-t-il alors, dans une mélodie étrange.

Mes oreilles se tendirent d'elles-mêmes. Je ne connaissais pas cette langue et pourtant, j'avais compris ce qu'il venait de me dire. Ce n'était pas la langue moderne, ni l'Enkiev. Venait-il de me parler en elfique? Je ne l'avais jamais appris... Les yeux ronds, je le regardais s'avancer vers moi. Je me tendis, lorsque sa main illuminée de blanc se dirigea vers moi. Mais comme cela était arrivé avec ma mère, sa lumière, plutôt que me faire mal, soulagea ma douleur. Il me blessait, pour ensuite me guérir? Je ne comprenais rien à tout cela. Je tentai de rester de glace lorque sa main glissa dans mes cheveux, afin d'aller découvrir mon oreille. C'était la partie de moi que je détestais le plus. La seule partie qui me rattachait à Nathan d'Osantalt. Je ne laissais personne toucher à mes cheveux, justement pour ne pas dévoiler mes oreilles. Pas même l'Empereur. Et pourtant... Pourtant, je venais de laisser faire cet Elfe. À la vue de la petite pointe, il sourit tout doucement, et mon coeur eut un raté.

- Quel est ton nom, enfant d'Osantalt ? me demanda-t-il dans sa langue mélodieuse.

J'avais les yeux écarquillés. Je n'osais pas bouger, de peur que sa main quitte mes cheveux. Mais je devais mettre fin à ce contact magique. Je devais me concentrer sur ma mission, et il ne faisait que m'en éloigner. Je baissai mon regard au sol, baissant ma tête ensuite. Je pensais que sa main allait quitter mes cheveux, mais non. Elle ne fit que glisser plus loin dans ces derniers. J'avais envie de gémir de douleur. Je ne comprenais pas du tout ce qui se passait, mais cet être me faisait mal. Il me faisait mal, tout en me faisant du bien.

- Aloïs, murmurais-je d'un ton à peine audible, ce qui n'était vraiment pas dans mes habitudes.

C'était un prénom insecte. Moi, qui habituellement était fier de crier mon nom sur tous les toits, en ce moment, j'en avais honte. En fait, pour la première fois de ma vie, j'avais failli donner Isaak. Au moins, c'était un prénom humain. J'avais mal. Dans toutes les fibres de mon être. Et cela s'accentua, lorsque la main de l'Elfe quitta ma chevelure bouclée. En ce moment, j'étais franchement content de ne pas être retraçable magiquement, et ce, pas même par Kristof. À moins d'être a proximité de moi, aucun être magique ne pouvait ressentir mes émotions, même si j'étais en détresse. L'Empereur se ficherait bien de ma gueule s'il me voyait en ce moment. Tout faible, devant un Elfe. Au moins, ce n'était pas devant un humain. Lentement, je relevai la tête, et je fus soulagé de voir que l'Elfe était encore devant moi.

- Et toi? demandais-je alors. Quel est ton nom?

Faible. J'étais littéralement faible devant cet Elfe que je ne connaissais même pas. N'y tenant plus, je repoussai brusquement l'Elfe, avant de m'enfuir dans la forêt. Je courais à en perdre haleine, et le seul son que j'entendais, c'était les battements de mon coeur. Il s'agisait comme un fou dans ma cage thoracique. N'y tenant plus, je me laissai tomber dans l'herbe mouillée, poussant un gémissement de douleur. Je portai mes mains à mon coeur, accroupi sur moi-même. Je restai ainsi quelques minutes, luttant contre mes larmes. Je sursautai, lorsque deux doigts se glissèrent sous mon menton, afin de relever mon visage. Ma main ne s'était même pas posée sur mon poignard lorsque j'avais croisé le doux visage de l'Elfe. Il m'avait suivi... Mais qui était-il, pour me faire sentir ainsi?

Messages : 17 Date d'inscription : 11/10/2020

Ses oreilles s'étaient dressées, il m'avait compris. Il était donc en grande partie de la même origine que moi, c'était confirmé. Mais il ne m'avait pas répondu, personne ne lui avait appris à parler notre langue, ses gènes ne lui permettaient que de me comprendre. C'était triste et cruel. Peut-être était-ce pour cela qu'il était rempli de colère et d'agressivité. Ce jeune hybride n'était donc pas fautif dans tout cela...

Ses yeux ronds me dévisageaient, comme si mon geste l'avait blessé jusqu'au plus profond de son être, mais pourtant, je n'avais été que très doux avec lui. Normalement, j'aurais retiré ma main, mais non, je n'avais pas envie. Au contraire, ma main glissa entre ses boucles, comme si je ne pouvais pas arrêter de le toucher.

- Aloïs, souffla-t-il, comme un animal blessé.

Un prénom tout sauf elfique... C'était presque reptilien. Je retirai doucement ma main de ses cheveux, pas par dégoût, mais par respect. Son regard noisette se releva sur moi, alors que je me sentais mal pour lui. Il semblait tellement brisé et déchiré, ma seule envie était de le réparer et de lui mettre un vrai sourire sur le visage. Mais ce n'était pas à moi de faire cela, en fait, je ne devrais plus avoir affaire à lui. J'étais sur Enkidiev pour ramener Elros à Osantalt. C'était ce que j'avais à faire rien de plus.

- Et toi, demanda-t-il, presque aussi inaudible. Quel est ton nom?

Je ne suis personne, c'était ce que je devais dire. Mais pourtant, j'avais envie de tout lui dire. Je voulais rester ici, à garder mon regard dans le sien. Mais je ne devais pas rester devant lui, comme un idiot, pas alors que mon amour était à quelques lieux d'où j'étais. Sans que je puisse faire quoi que ce soit, je fus durement repoussé, alors qu'Aloïs fonçait vers les arbres. Je me retournai, avant de lancer un dernier regard qui menait chez mon elfe adoré, je tournai les talons pour courir après le jeune hybride. Je finis par le trouver dans une clairière. Il était roulé en boule. Je me penchai doucement vers lui, avant de poser deux doigts sous son menton. Je relevai son visage vers le mien.

Mon regard devait être plongé dans le sien depuis trop longtemps, je secouai la tête, avant d'illuminer ma main et la passer au-dessus de lui. Je ne trouvais pas de blessure, je m'accroupis devant lui. Je posai mes deux mains contre ses tempes, avant de me glisser dans sa tête, je vis toutes les horreurs de sa vie, mais lorsque je posai les yeux sur l'Empereur qui le tenait dans ses bras, je fus expulsé de son esprit. Je rouvris un regard baigné de larmes.

- Je ... Je ne savais pas... murmurai-je.

Mon visage était tout près du sien. Je repoussai une mèche de son visage, avant de poser une main contre son front. Je pouvais effacer toutes ces horreurs, lui offrir une seconde chance. J'avais vu la belle Chevalière qu'il appelait maman. Je pouvais lui offrir de nouveaux souvenirs.

- Laisse-moi effacer tout cela, dis-je. Je peux te donner de nouveaux souvenirs, tu aurais moins mal à l'âme.

Doucement, je lui envoyai une première vague anesthésiante. Je pouvais lui donner un semblant de bonheur. Mais il devait accepter. Il méritait le bonheur, il ne méritait tout cet abus.

- Aloïs d'Osantalt, laisse-moi t'aider, murmurai-je.

Messages : 22 Date d'inscription : 11/10/2020

Je ne savais pas quoi faire, je ne savais pas ou j'en étais. La seule chose que je savais, c'était que je voulais rester ici, avec cet Elfe. Je ne voulais pas retourner près de l'Empereur. En même temps, c'était mon devoir. Je ne devais pas céder à mes émotions. Je devais retourner à Osantalt, comme l'avait exigé mon maître. Je devais retrouver mon chemin vers ma maison, et ainsi prouver que j'étais digne de confiance. Mais en ce moment, c'était comme si tout cela n'existait plus. Comme si j'étais une toute différente personne. Mon regard bien encré dans l'océan du jeune elfe en face de moi, c'était comme si j'avais une force inépuisable et en même temps, une faiblesse remarquable. Malheureusement, il rompit le charme en secouant la tête, avant d'illuminer sa paume. J'avais compris maintenant qu'ici, cette lumière servait à guérir. Je le laissai donc passer sa main au-dessus de moi, juste avant qu'il ne pose ses deux mains sur mes tempes. Je fronçai les sourcils bien rapidement, je me sentis chaviré dans mes souvenirs. Mais que faisait-il? C'est alors qu'il arriva à la scène ou j'avais enfin obtenu l'Empereur dans mon lit, juste avant qu'il ne me libère de ma prison. Je ne voulais pas qu'il voit ça. Aussitôt demandé, je revins à la réalité, et j'ouvris les yeux sur l'elfe, dont le visage était baigné de larmes.

- Je... Je ne savais pas... me souffla-t-il.

Je fronçai les sourcils. Il ne savait pas quoi? Que j'avais été élevé parmi les insectes ? Bien sûr qu'il ne le savait pas, ce n'était pas écrit partout sur mon corps. Je frissonnai, tandis qu'il replaçait une mèche de cheveux derrière mon oreille. Puis, sa main se posa doucement contre mon front, et je résistai à l'envie de reculer. Quelle autre magie voulait-il utiliser encore?

- Laisse-moi effacer tout cela, me proposa-t-il. Je peux te donner de nouveaux souvenirs, tu aurais moins mal à l'âme.

Quoi? Mais je ne voulais pas effacer mes souvenirs ! C'était eux qui avait de moi la personne que j'étais aujourd'hui. La personne forte et confiante que j'étais. C'était exactement grâce à cela que je n'étais pas un être faible. Je sentis une drôle de vague me pénétrer, et lentement je me sentis devenir très calme, trop calme en fait.

- Aloïs d'Osantalt, laisse-moi t'aider, me souffla l'Elfe.

Sous l'effet de sa magie, je me sentis tomber vers l'avant, posant ma tête contre son torse. Je ne voulais pas qu'il efface mes souvenirs. Mais j'avais l'impression que pour lui, j'allais être prêt à faire bien des affaires. Je n'avais pas dormi depuis un moment, et je n'avais surtout pas mangé, sauf pour la pomme que ma mère m'avait donnée hier. Dans le château d'Émeraude, j'avais refusé toute nourriture, de peur que Nathan l'ait empoisonnée. Je me sentais bien faible, tout à coup...

- Tu travailles pour eux, n'est-ce pas? Ils t'ont envoyé pour me ramener à Émeraude? demandais-je, faiblement.

Je fermai les yeux, toujours bien blotti contre le torse de l'Elfe. Je voulais seulement me reposer, quelques secondes. Il me contrôlait totalement, et je ne comprenais pas pourquoi. Était-ce de la magie ?

- Si ça veut dire que je peux te revoir, alors ça ne me dérange pas, ajoutais-je d'un seul souffle. Ils peuvent bien me garder prisonnier...

Je tentai de relever la tête et d'ouvrir les yeux, mais j'en étais tout simplement incapable. Puis, juste après avoir laissé tomber un petit gémissement de confort, je perdis connaissance.

Messages : 17 Date d'inscription : 11/10/2020

Mon but n'était pas de tout effacer, seulement les moments où il avait trop souffert. La souffrance était mon pire ennemi, aucun être vivant ne méritait de souffrir. C'était peut-être ma nature sylvestre qui me rendait aussi sensible, même pour un hybride. Il n'était pas le premier hybride que j'avais connu. En fait, la femelle elfe à qui on avait tenté de me promettre était une hybride, en fait, elle était la soeur de Nathan d'Osantalt. Elle était partie en même temps qu'Elros.

Aloïs s'effondra contre moi, sa tête contre mon torse. Juste après que mon coeur eut un raté. Je le sentais faible physiquement, mais tout le contraire mentalement et magiquement. En fait, il était puissant, capable de faire bien plus que ce que je savais faire. Pourquoi se laissait-il faire comme cela? Ne savait-il pas de quoi il était capable?

- Tu travaille pour eux, n'est-ce-pas? demanda-t-il. Ils t'ont envoyé pour me ramener à Émeraude?

Sa voix était si faible, je ne comprenais pas pourquoi. Je le vis fermer les yeux, je ne savais pas comment agir. Je ne savais même pas pourquoi je l'avais suivis, alors que je devais me préoccuper d'Elros. Aussitôt que mon aimé apparut dans mes pensées, sa voix résonna dans mon esprit. Je sais que tu es sur Enkidiev, que tu es à Émeraude, Lenwë, reviens chez moi...

- Si ça veut dire que je peux te revoir, alors ça ne me dérange pas, murmura le jeune hybride. Ils peuvent bien me garder prisonnier...

Doucement, Aloïs perdit conscience sur moi, en laissant un petit gémissement. Je serrai mon étreinte sur lui, avant de réentendre la voix d'Elros dans ma tête. Si tu ne viens pas à moi, laisse-moi venir à toi... Je secouai la tête, avant de bloquer mon esprit à mon aimé. Je lui donnai une partie de ma propre énergie vitale, jusqu'à ce que je me sente faible. Lorsqu'il reprit ses forces, Aloïs se redressa. Je me laissai glisser au sol. Un cocon se forma autour de moi, alors que mes forces me revenaient lentement. Je baissai les yeux. Comment allait-il réagir lorsqu'il apprendrait que je ne travaillais pas pour Émeraude et que je n'étais même pas ici pour lui.

Aloïs était un accident de parcours, rien de plus. Mais un accident que je ne me voyais pas abandonner. Un accident qui ne méritait pas de se faire abandonner. Son visage tout doux, son regard noisette, ses petites oreilles sylvestres, pourquoi est-ce que je ne pouvais pas arrêter de focusser sur ces petits détails. Je serrai les dents, la voix d'Elros résonnait encore dans ma tête. Je levai un regard en détresse vers Aloïs.

- Je ne suis pas ici pour te ramener à Émeraude, avouai-je. J'ai traversé d'Osantalt pour venir chercher mon amour de jeunesse. Notre peuple savait que je ne serais jamais capable de cesser de l'aimer et que je saurais le convaincre de revenir sur notre île. Lorsque je suis arrivé chez lui, j'ai bien vu qu'il m'avait oublié...

Je sentis un flot de larmes couler sur mes joues. Elros continuait toujours de tenter de me retrouver. Son amant ne devait pas être bien loin de sa personne. Ce qui voudrait dire que je devrais leur faire face, une autre fois et c'était tout le contraire de ce que je voulais.

- J'ai vue dans ta tête que tu haïssais Nathan d'Osantalt, murmurai-je. L'amant de mon aimé est son frère, que puis-je te donner pour que tu l'assassine pour moi...

Je baissai honteusement la tête, j'étais un guérisseur et je venais de demander à un homme d'en tuer un autre. C'était exactement l'opposé de qui j'étais, qu'étais-je devenu? Pourquoi à son contact, l'idée de faire tuer le frère de Nathan d'Osantalt me paraissait une bonne idée? Pourquoi est-ce que je voulais rester avec lui et oublier Elros?

Messages : 22 Date d'inscription : 11/10/2020

Je flottais entre deux mondes. Je voyais le doux visage souriant de ma mère, qui me tendait la main. Je tentais de me rendre jusqu'à elle afin de m'en saisir, mais c'était comme si c'était impossible. Comme si elle était toujours hors d'atteinte. Puis, Nathan apparut. Il était près de moi, je pouvais sentir sa chaleur corporelle. Il me fit un sourire à son tour, chose que je ne comprenais pas. Nathan d'Osantalt me détestait et je le détestais. Il ne pouvait pas simplement me sourire comme cela. Il me tendit la main, et sans que je comprenne pourquoi, je m'en saisis. Ainsi, il m'aida à me rendre jusqu'à Jessamine, dont je saisis la main immédiatement. Je tenais mes deux parents par la main. C'était tout simplement impossible. Car clairement, tout ce que mon géniteur souhaitait à mon égard, c'était ma mort. Je m'entendis hurler, tandis que mes parents étaient aspirés dans le néant. Kristof apparut alors. Je voulus me blottir dans ses bras, mais il me repoussa violemment. Si violemment, que j'en perdis pied. Je me retrouvai rapidement contre le torse d'un homme, qui resserra son étreinte sur ma personne. Je relevai les yeux, pour y voir l'elfe. Je ne pus m'empêcher de sourire à sa vue. C'était comme si tout son être émanait de la lumière.

Je me redressai d'un bond, pour constater que j'étais dans la clairière, je me retournai dans l'herbe mouillée, pour voir le fameux elfe. Mais il n'était plus entouré de lumière, comme dans mon rêve. Malgré tout, je ne pouvais m'empêcher de le trouver magnifique. Il tomba alors au sol, avant de s'enrober dans une lumière blanche. J'avais déjà vu Kristof faire la même chose, simplement son cocon n'était pas blanc, il était mauve. Ayant souvent veillé sur mon maître durant ces épisodes, je restai simplement assis en tailleur. J'aurais pu me sauver. Pourquoi est-ce que je ne me sauvais pas? Pourquoi est-ce que je m'entêtais à rester avec cet inconnu, dont je ne connaissais même pas le nom? C'est alors que l'Elfe releva un regard vers moi, et j'y vis une détresse très profonde. Au même moment, son cocon s'éteignait.

- Je ne suis pas ici pour te ramener à Émeraude, me dit-il doucement de sa voix mélodieuse. J'ai traversé d'Osantalt pour venir chercher mon amour de jeunesse. Notre peuple savait que je ne serais jamais capable de cesser de l'aimer et que je saurais le convaincre de revenir sur notre île. Lorsque je suis arrivé chez lui, j'ai bien vu qu'il m'avait oublié...

L'amour... C'était exactement cela qui rendait les hommes faibles. J'en avais la preuve devant moi. L'elfe pleurait abondamment. J'avais envie de lui rire au nez et de le laisser derrière moi, mais j'en étais tout simplement incapable. Comme si une force extérieure m'en empêchait. La même force qui m'avait fait prendre la main de Nathan dans mon rêve.

- J'ai vu dans ta tête que tu haïssais Nathan d'Osantalt, souffla l'homme. L'amant de mon aimé est son frère, que puis-je te donner pour que tu l'assassines pour moi...

J'écarquillai les yeux à sa demande. D'ailleurs, il avait baissé la tête, probablement de honte. Le fait de l'entendre dire mon aimé alors qu'il parlait de quelqu'un d'autre m'avait fait mal. Très mal. Alors oui, j'avais subitement envie de faire souffrir la personne qu'il aimait. Mais pas pour qu'il puisse terminer ses jours avec lui. Non. Au contraire. Je me ferais un plaisir de le tuer après avoir tué mon oncle. Par la même occasion, j'allais faire souffrir Nathan. Ça me semblait un bien bon plan tout ça.

- La vie de ton aimé... soufflais-je alors. Je vais assassiner mon oncle, si toi, tu tues ton aimé par la suite.

Je le vis tressaillir à ma demande, ce qui me fit sourire de manière très arrogante. Il n'oserait jamais tuer la personne qu'il aimait. C'était évident. Il était trop faible pour cela. Tandis qu'il relevait son visage baigné de larmes vers le mien, la pluie cessa. Même le visage triste et perdu, avec les cheveux plaqués contre son crâne et ses oreilles rabattues vers l'arrière, il était la plus belle créature qu'il m'avait été donné de voir. Je regrettai aussitôt ce que je venais de lui demander. Intérieurement, je maudis Kristof. Il ne m'avait pas montré à interagir avec les autres. Maintenant, ma mère me détestait, et cet elfe aussi... Trop orgueilleux, je n'osais pas dire que je n'aurais jamais du dire ça. Je me contentais de soutenir son regard. Il se servait de moi... Il se servait de moi, pour être réuni avec celui qu'il aimait.

- Non seulement l'amant de ton aimé va vivre, mais c'est ton aimé qui va perdre la vie, crachais-je alors.

Je me relevai d'un bond, avant de courir vers la forêt. Je laissai un flot de larmes couler le long de mes joues. Il n'avait pas eu le temps de voir cela, heureusement. Je me concentrai alors à reconnaître l'énergie de Nathan d'Osantalt. Mes pas me menèrent alors à une petite clairière, dans laquelle se dressait une maison. Près du jardin se tenaient deux hommes. En fait, un elfe et un homme. L'énergie de Nathan provenait de l'homme. Mon oncle. Kesley de Béryl, si je me fiais à l'Empereur. Il semblait se chicaner avec son amant. En fait, ils devaient être plus qu'amants, s'ils avaient une petite maison ensemble. Pendant un temps, Kesley avait été mon héros. Je me souvenais des histoires que Kristof me racontait à son sujet. Sa fugue, son meurtre du roi argentais. Sa tentative d'attenter à la vie de Nathan. Il était redevenu faible, au contact de cet elfe. J'avais longtemps cru qu'il tuerait Nathan, pour moi.

Trop absorbé dans mes pensées, je ne vis jamais la flèche qui vint se ficher tout près de ma tempe, dans le tronc d'arbre à mes côtés. Je relevai la tête pour voir Kesley, l'arc de nouveau bandé, près à tirer.

- Sors de là, Aloïs, laissa-t-il tomber. Je ne te veux aucun mal.

Il connaissait mon nom? Étrangement, je sentis mon coeur s'emballer. Je sursautai, tandis que deux épées pointaient en ma direction, derrière moi. Deux adolescents d'environ mon âge se montrèrent le bout du nez, et je roulai des yeux, avant de marcher dans la clairière, en direction de mon oncle. Kesley rangea son arc lorsque je fus près de lui, avant de me tendre la main. Je baissai les yeux sur le petit poignard que je serrais fortement, avant de lui remettre, la tête basse. Je relevai un regard incertain sur l'elfe. Il était beau, certes, mais il était loin de me ressembler ! C'était de moi, que cet d'Osantalt devrait être amoureux, et pas de l'amant de mon oncle. Kesley se saisit doucement de mon poignet, me faisant sursauter, avant de m'entraîner vers la petite maison. J'avais été pris au piège dans ma propre rage, il allait clairement me ramener au château... Et puis, juste avant de franchir la porte de bois, je le vis. Le bel Elfe... Je sentis mon visage chauffer à sa vue, tandis que mes oreilles se redressaient.

Chevalier d'Émeraude Messages : 83 Date d'inscription : 17/04/2016

Elros se défit brusquement de mon étreinte, à ma plus grande surprise. Elros n'était jamais agressif, il n'usait jamais de violence. Je fronçai les sourcils, avant de me relever à genoux, regardant mon époux se rendre près de l'arbre, les mains sur les hanches. Je devinai qu'ils communiquaient par télépathie. Ils se connaissaient vraiment, et plus que bien, si je comprenais. Je déglutis avec difficulté. Mon amoureux m'avait toujours dit qu'il n'avait jamais aimé avant moi. Clairement, j'avais la preuve du contraire. L'Elfe sauta habilement en bas de sa branche, atterrissant au sol comme s'il ne pesait rien. Il parla en Elfique à mon aimé, mais je ne compris pas vraiment ce qu'il dit. Cependant, le regard noir qu'Elros lui lança ne m'échappa pas. Brusquement, des racines vinrent s'enrouler autour de mes chevilles et poignets. J'écarquillai les yeux, tentant de m'en défaire, mais plus je bougeais, et plus elles se resserraient. Je lui hurlai alors de me libérer, mais il n'en fit rien. Ni lui, ni Elros, d'ailleurs... Je me sentais pleurer de rage. Ça ne m'était pas arrivé depuis des lustres...

- Les humains sont sauvages, ils sont hypocrites, ils sont primitifs, entendis-je dire Elros. Tu es la personne qui complète qui je suis.

Les larmes arrêtèrent de couler d'elles-mêmes. Elros venait vraiment de dire cela? J'avais mal, terriblement mal. Je ne savais même plus quoi penser, en fait. Les racines resserèrent leur étreinte, mais je ne réagis même pas. Je n'avais plus la force de réagir, comme si je n'avais plus la force de me battre pour Elros. Après tout, ce n'était pas moi qu'il aimait... L'Elfe s'accroupit à mes côtés, mais je ne l'écoutai même pas parler. J'en avais rien à faire de ce qu'il me disait. Je voulais seulement qu'il disparaisse de ma vue, ce qu'il fit rapidement. Aussiôt, je fus libéré, et Elros se pencha pour m'aider à me relever. Je me défis violemment de sa prise, me relevant par mes propres moyens. Il me regardait, confus, tandis que je le fixais, complètement démoli. Toutes ces années, je pensais qu'il était amoureux de moi, mais il aimait un autre, de l'autre côté de l'océan? Cela ne faisait absolument aucun sens. J'avalai ma salive avec difficulté, avant de commencer à marcher en direction de ma maison. Sa douce main se saisit alors de mon poignet, et je me stoppai net, baissant la tête, impuissant.

- Je te retiens pas, dis-je, la voix enrouée. Je...

Les mots bloquèrent dans ma gorge. Je me défis de l'étreinte de mon mari, avant de courir vers ma maison. J'allais récupérer mes affaires, mes écuyers, puis j'allais retourner au château. C'était aussi simple que cela. J'arrivai rapidement dans la clairière, et je vis que mes garçons s'entraînaient ensemble. Je ne leur accordai pas d'attention. Je me précipitai à l'intérieur pour prendre mes armes, mais lorque je sortis, Elros me barrait le chemin. Je vis mes écuyers s'éclipser dans la forêt. Je fis alors quelque chose qui me surprit moi-même, je relevai mon arc, flèche encochée, en direction de mon époux.

- Sauvage, hypocrite, primitif... sifflais-je entre mes dents.

J'étais tellement en colère, que je ne faisais que pleurer. Les larmes embrouillaient ma vue. Je sentis qu'on me retirait mon arc, avant qu'Elros ne m'entoure de ses bras. J'éclatai alors en sanglots, incapable de retenir mes émotions. S'il pensait réellement tout ça, alors pourquoi n'avait-il pas suivi l'Elfe? Pourquoi était-il avec moi, en train de me serrer dans ses bras? Un bruit de feuillage attira mon attention, je repris mon arc, pivotant sur moi-même afin de viser vers les framboisiers, en bordure de la forêt. Je fronçai les sourcils, en y voyant un jeune homme, qui, je devais bien l'avouer, me ressemblait comme deux gouttes d'eau. Je savais que j'avais un neveu en fugue, Nathan en avait parlé à Elros par l'entremise des pensées... C'était sans doute lui. Je laissai partir ma flèche, visant le tronc d'arbre à ses côtés. Je ne voulais pas lui faire du mal, seulement l'effrayer un peu.

- Sors de là, Aloïs, dis-je d'une voix que je tentais douce, malgré les émotions dans lesquelles j'étais pris. Je ne te veux aucun mal.

Ayant ressenti le danger, je vis mes écuyers pointer leur épée en direction de mon neveu, qui lentement avança vers moi. Je baissai alors mon arc, afin de mieux l'étudier. En effet, il me ressemblait. Il avait les oreilles pointues, cependant, et les yeux noisettes, comme Nathan. Mais je reconnus aussitôt la bouche boudeuse de Jessamine. Il semblait complètement apeuré, derrière ses airs revêches. Je tendis alors la main, afin qu'il me remette le petit poignard qu'il serrait fortement, la main tremblante. Je savais que Nathan voulait remettre la main dessus avant de l'emprisonner, disant qu'il était l'ennemi. Je n'allais pas lui remettre. Selon les informations que j'avais, de toute façon, son énergie n'était tout simplement pas retraçable, donc personne ne saurait qu'il était ici. Je me saisis doucement du poignet d'Aloïs, avant de l'entraîner vers la maison. Au passage, je lançai un regard noir à Elros. Je m'engouffrai chez moi, mes écuyers à ma suite. Je forçai Aloïs à prendre place sur une chaise.

- Ralph, peux-tu faire du thé s'il-te-plaît? demandais-je tout doucement.

Je me tirai une chaise en face de mon neveu, avant de le regarder de la tête au pied. Il était complètement détrempé, ses vêtements faisaient vraiment pitié, et honnêtement, il avait vraiment l'air apeuré. Il tentait de garder un air fier, mais ça n'allait pas fonctionner avec moi. J'avais depuis longtemps appris à déduire les émotions des gens, même les plus enfouies, et j'y excellais. Sauf avec Elros, il semblerait... La porte s'ouvrit dans mon dos, et je me retournai, pour voir Elros entrer avec son elfe. Je me lever d'un bond.

- Qu'est-ce qu'il fait dans ma maison? demandais-je durement.

Étrangement, je le vis détourner le regard à ma vue. Je relevai mes yeux remplis de couteaux sur mon mari, mais je sentis sa vague d'apaisement me frapper de plein fouet. Elle était tellement forte, que je me sentis reculer de quelques pas.

- Maître, dois-je préparer un repas? me demanda mon second écuyer.

- Non, Elros va s'en occuper, grommelais-je.

Je pris une grande inspiration, avant de faire dos à l'homme que j'aimais pour reprendre place assise sur la chaise en face de mon neveu. Du coin de l'oeil, je vis Elros indiquer une place à son ami, avant de passer près de moi et de poser un doux baiser contre mes cheveux humides. Je me sentis fulminer de l'intérieur, mais je me calmai. Je ne voulais pas exploser devant Aloïs...

- Tu vas habiter ici quelques jours, laissais-je tout simplement tomber.

Je vis l'étonnement sur son visage. Pensait-il que j'allais l'exécuter? Je me levai rapidement, mais le petit regard timide qu'il lança vers l'Elfe d'Elros ne passa pas inaperçu. Alors ça, c'était intéressant. Mes écuyers revinrent alors avec du thé, des couvertures ainsi que des vêtements. Je les laissai s'occuper de nos invités, avant de me diriger vers la cuisine. Elros était dos à moi, coupant des légumes de notre jardin. Je restai planté là, pendant quelques instants, à le regarder cuisiner. Ses oreilles étaient bien droites, donc il n'était pas contrarié...

- C'est vraiment lui que tu aimes?

J'avais dit ça d'un ton neutre, sans aucune façon. Elros échappa le couteau, avant de se retourner lentement vers moi. Ses oreilles s'étaient légèrement rabbattues sur sa tête, signe de tristesse. Mon regard croisa alors le sien, mais la seule chose que j'y vis, ce fut de l'amour. Je fermai les yeux, croisant mes bras contre ma poitrine. J'avais peur de sa réponse. J'avais peur qu'il ne m'aime pas. Mais j'avais encore plus peur de l'entendre dire que c'était moi qu'il aimait...

Messages : 17 Date d'inscription : 11/10/2020

Je ne revenais de ce que je venais de demander. Moi qui vénérait toute vie, je demandais qu'on l'enlève à un être. Mais, il m'avait volé Elros, il était mien, je lui avais tout donné, il s'était simplement laissé séduire par l'apparence de cet humain. Mais Kesley d'Émeraude n'avait rien que je ne pouvais pas dépasser... Elros finirait par le voir et me choisir. D'un autre côté, je voulais voir Aloïs refuser... Je me surpris à presque vouloir que lui me veuille aussi...

Ses yeux noisettes s'arrondirent en m'entendant, si lui en entendant ce que je venais de dire, il trouvait cela fou; imaginez moi... Je ne savais aussi pas pourquoi je m'étais sentis aussi mal de parler d'Elros en disant mon aimé... Moi qui avait toujours clamé mon amour pour l'elfe, haut et fort...

- La vie de ton aimé ... murmura Aloïs. Je vais assassiner mon oncle, si toi, tu tues ton aimé par la suite.

Mais c'était quoi cette blague?! Il se fichait bien de moi. Il n'avait rien compris de ce que j'avais dit. Était-il idiot? Il n'en avait pourtant pas l'air. Je me sentis frissonner de rage, je ne tuerais pas Elros, je l'aimais. Mais pourquoi est-ce que je continuais de me répéter cela? Comme si j'essayais de me convaincre. Son sourire finit de me pousser dans ma rage, je levai mon visage triste sur lui. Il n'avait pas le droit de me demander cela. Tout ce que je voulais, c'était ramener Elros à Osantalt, mais était-ce pour moi ou pour plaire à mes dirigeants?

- Non seulement l'amant de ton aimé va vivre, mais c'est ton aimé qui va perdre la vie, cracha Aloïs.

NON! Je n'eus pas le temps de sauter sur lui, qu'Aloïs d'Irianeth prit ses jambes à son cou. Je poussai un cri de rage, avant de me relever. Je fonçai à sa suite, si lui ne savait pas utiliser ses capacités elfiques, moi oui. Le retrouver serait facile, chaque être laissait une trace d'énergique derrière lui lorsqu'il se déplaçait. Celle d'Aloïs était facile à repérer. Je sentais sa rage de vivre en elle et surtout son agressivité. Je finis par déboucher dans une grande clairière, où une petite maison trônait en son milieu. La même maison où Elros prenait sauvagement son amant. Je croisai son regard, Aloïs, alors que mon coeur battait trop fort pour moi. Par contre à mon grand regret, Elros me vit et je ne fus pas assez rapide pour me sauver, sa main se posa sur mon épaule.

- Reste, murmura-t-il. Je t'en prie, Lenwë...

Sa façon de dire mon nom me fit frissonner. Je fermai les yeux, une seconde, avant de me retourner vers lui. Je levai un regard triste sur lui, avant de passer mes mains autour de sa nuque et me presser contre lui. Ses bras restèrent contre le long de son corps. Je serrai les dents avant de le défaire brusquement de mon étreinte. Viens, rencontre Kesley, Lenwë, il est tout pour moi, dit-il dans ma tête. Je me laissai donc entraîner vers la maisonnette. Je sentis l'apréhension de Kesley, alors qu'il se levait, comme j'entrais dans sa maison.

- Qu'est-ce qu'il fait dans ma maison? demanda-t-il d'un ton sec.

Je baissai les yeux, honteux, je me laissai asseoir sur une chaise près d'Aloïs. Je restai silencieux alors que les humains parlaient entre-eux, je ne voulais pas déranger plus que je le faisais. Surtout avec ce que je venais de demander à Aloïs de faire... Je captai le regard hésitant de l'humain à côté de moi. Je baissai la tête en voyant d'autres humains entrer. Je ne la relevai que lorsque les propriétaires des lieux quittèrent. Je me tournai vers Aloïs, il était étrangement mon seul allié.

- Ne le tue pas, murmurai-je. Dis-moi ce que tu veux en échange.

Le supplier ne mènerait à rien. Je serrai mes poings, j'avais vu sa mère dans sa tête. Clairement, il tenait à elle, je n'allais pas lui faire du mal, mais si il l'aimait, le jeune homme aurait peur de perdre l'amour de sa mère. Je posais ma main sur sa cuisse, avant d'ouvrir une communication télépathique avec lui. Tue Elros et je dis tout à ta mère, on verra si elle t'aime vraiment après... Si il ne pouvait pas trouver un peu de bonté dans son coeur d'enfant mal aimé, je pouvais être aussi amer et méchant.

- Je ne te laisserai pas le tuer, pas avant que tu ne me tue moi, murmurai-je.

Je me retournai pour croiser son regard, mon coeur eut un raté. C'était étrange, je voulais qu'il mette ses mains sur moi, soit pour me tuer ou quelque chose d'autre. Je bloquai mon esprit, rapidement, en espérant qu'il n'aie rien vu. Je rougis en voyant son sourire en coin.

- Quoi? crachai-je.

Messages : 42 Date d'inscription : 09/07/2018

J'avais tout tenté pour le raisonner. Rien à faire, Lenwë ne voulait pas revenir. Déjà que Kesley était encore fâché après moi, je n'avais pas le temps pour les caprices de mon ancien amant. Lenwë n'était qu'une aventure au passage, un ami, rien de plus. Et il ne serait rien de plus. Kesley était tout et bien plus pour moi et il le savait, alors pourquoi me faisait-il un air comme il avait? J'avais tout quitté pour lui, ma maison, ma sécurité et ma vie; tout cela pour lui.

J'avais essayé de l'aider à se relever, mais mon amour s'était relevé par lui même en se dégageant de mon étreinte. Je ne comprenais pas sa froideur, je ressentais à quel point il avait le coeur brisé. Mais je ne savais pas le pourquoi. Il resta muet, avant de se retourner vers chez nous. Je le suivis, avant d'agripper sa main, il ne se retourna pas vers moi, mais il baissa la tête.

- Je te retiens pas, dit-il. Je...

Quoi? Kes ne termina pas sa phrase, il préféra se défaire de mon étreinte et se lancer vers notre maison. Je le suivis en marchant, si il voulait se sauver, il n'avait pas grand choix ou aller. Une fois que j'arrivai devant notre maison, lui en sortait avec ses armes. Je lui bloquai le chemin, mais mon amoureux leva son arc armé d'une flèche. Je ne reculai pas, il pouvait me tirer une flèche si il voulait bien.

- Sauvage, hypocrite, primitif, grogna Kes.

Il m'avait entendu, mais je ne m'attendais pas à ce qu'il aie compris. Mon mari connaissait l'elfique, mais j'avais parlé trop rapidement pour qu'il comprenne. Je serrai les dents Lenwë. Je me mis à supplier l'elfe de revenir vers chez nous. Il finit par me bloquer. J'avançai vers Kes, avant de lui enlever son arme et le serrer contre moi, ses larmes me brisaient le coeur, mais je ne pouvais rien dire ou faire de plus.

***

Kes avait trouvé Aloïs, selon Nathan et Jessamine, ce dernier était leur fils. Il était différent et devait être ramené au château. Mais au lieu d'obéir à son frère, Kes l'avait ramené chez nous. Je ne les avais pas suivi, j'avais vu Lenwë à l'orée des bois. J'Avais foncé vers lui, pour le ramener vers chez nous. Si il me voyait heureux avec Kesley, peut-être comprendrait-il. J'avais fini par calmer mon mari, qui s'était énervé en le voyant entrer.

Alors que j'étais en train de couper des légumes dans notre cuisine, mon époux entra derrière moi. Je l'avais sentis arriver, je ne le sentais pas du tout dans son assiette. Je ne l'étais pas complétement, je voulais lui dire que je l'aimais, mais je ne pourrais pas lui dire sans lui expliquer mon lien avec Lenwë.

- C'est vraiment lui que tu aime? demanda Kesley, dans mon dos.

J'en échappai le couteau, avant de me retourner lentement vers lui. Les oreilles abattues sur ma tête, je n'en revenais pas. Il croyait que j'étais amoureux de mon ancien amant. Mon regard vert croisa le turquoise de ses yeux, mon amour croisa ses bras contre sa poitrine. Il semblait tout aussi triste que moi. Je fis un pas hésitant vers lui, en ouvrant la bouche, mais je la refermai et reculai. Je ne savais pas quoi dire. Je tournai le dos à Kesley, avant de mettre les légumes dans une casserole.

- Tu crois vraiment que je suis amoureux de lui? murmurai-je. Après tout ce que l'on a vécu, après que j'aie tout sacrifié pour toi et notre vie?

Je pensais me retourner hors de moi, mais je me retournai tout piteux. Je n'aimais et n'aimerais personne d'autre que lui. Je lui tendis une main, pour qu'il la prenne, mais ce fut moi qui la pris. Je me rapprochai doucement de mon amour, avant de le prendre contre moi et lever son visage vers le mien. Je posai mes lèvres contre les siennes, avec tout l'amour que j'avais pour lui.

- Je n'ai jamais aimé ou n'aimerai jamais personne comme je t'aime, toi, dis-je.

Je ne le sentais toujours pas en paix, je poussai un soupir, avant de prendre mon amour dans mes bras et l'asseoir sur le comptoir. Je posai mes mains de chaque côté de ses cuisses, en me positionnant entre ses jambes. Je levai un regard triste dans le sien.

- Avant de te rencontrer, dis-je. J'ai eu une aventure de quelques soirs avec un elfe de chez moi. Lenwë. Pour lui, ce fut plus que du sexe, mais pas pour moi... Je ne voulais pas unir ma vie avec quelqu'un, pas si je ne tombais pas amoureux. Et je ne voulais pas tomber amoureux. Et tu es arrivé, tu as tout chamboulé Je suis tombé amoureux de toi et je n'ai plus jamais pensé à Lenwë.

Je repris les lèvres de Kes, un peu plus fiévreusement, ma main agrippant doucement sa nuque. Mon autre main grimpa sur sa cuisse, avant de retirer mes lèvres. Je posai mon front contre le sien. Je pris sa main avec son anneau de mariage, avant de la baiser doucement.

- Je t'ai épousé parce que je ne vois pas ma vie sans toi, uniquement toi, murmurai-je.

Chevalier d'Émeraude Messages : 83 Date d'inscription : 17/04/2016

Je connaissais mon époux par coeur. Je connaissais chacune de ses manies, chacune de ses expressions faciales. Mais jamais je n'aurais pensé qu'il puisse être amoureux d'un elfe provenant de son île. Si c'était le cas, alors pourquoi était-il venu me rejoindre ici? Cela ne faisait aucun sens. Je savais déjà qu'Elros allait tenter de me rassurer, et de me ramener sur terre, mais je voulais l'entendre. J'avais besoin de l'entendre. Que c'était moi qu'il aimait. Et pas cet elfe bidon qui était dans ma salle à manger. Malgré tout, je me demandais pourquoi il avait dit des choses aussi méchantes à propos des humains. Il fit alors un pas vers moi, en ouvrant la bouche, mais rien n'en sortit. J'avais envie de m'enfuir, mais je savais que ça ne mènerait à rien. J'allais rester ici, et écouter ses explications. Même si elles me faisaient mal. Il se retourna alors, avant de prendre les légumes et les mettre dans la casserole. J'avalai de travers. Ce n'était pas le genre à Elros d'éviter les conflits, au contraire. Il était celui qui les désamorçait.

- Tu crois vraiment que je suis amoureux de lui? chuchota alors mon amoureux. Après tout ce que l'on a vécu, après que j'aie tout sacrifié pour toi et notre vie?

Je me sentis subitement bien mal. C'est alors que je vis un Elros bien piteux se relever vers moi, me donnant envie d'éclater en sanglots. Il me tendit la main, et s'en saisit rapidement. Je me sentais tremblant, alors que mon elfe se rapprochait de moi, collant son corps contre le mien. Avec toute la tendresse que je lui connaissais, il releva mon visage vers le sien, avant de poser ses lèvres contre les miennes en un baiser rempli d'un amour infini. J'en fus étourdi.

- Je n'ai jamais aimé ou je n'aimerai jamais personne comme je t'aime, toi, ajouta-t-il en un souffle.

Je baissai mon regard au sol. Je voulais le croire, je le croyais en fait ! Mais je ne comprenais pas pourquoi il avait dénigré les humains... Elros me souleva alors dans ses bras, avant de m'asseoir sur le comptoir, se glissant entre mes jambes. Ses mains se posèrent de chaque côté de mes cuisses, m'empêchant de m'enfuir. Son regard assez triste se plongea alors dans le mien.

- Avant de te rencontrer, j'ai eu une aventure de quelques soirs avec un elfe de chez moi, me raconta alors mon mari. Lenwë. Pour lui, ce fut plus que du sexe, mais pour moi... Je ne voulais pas unir ma vie avec quelqu'un, pas si je ne tombais pas amoureux. Et tu es arrivé, tu as tout chamboulé. Je suis tombé amoureux de toi et je n'ai plus jamais pensé à Lenwë.

Voilà. Elros n'était pas amoureux de son ancien amant, il ne l'avait jamais été. Mais lui, par contre, il l'était. C'était évident. Et mon neveu semblait trouver Lenwë de son goût... Quel drôle de triangle amoureux. Je n'eus cependant pas le temps d'y penser davantage qu'Elros s'empara à nouveau de mes lèvres, mais de manière beaucoup plus passionnée que la précédente. Sa main agrippa ma nuque, juste avant qu'il ne cesse ses baisers afin de poser son front contre mien. Il se saisit de ma main gauche, avant de la baiser avec une tendresse infinie.

- Je t'ai épousé parce que je ne vois pas ma vie sans toi, uniquement toi, ajouta-t-il en un murmure.

Je replaçai une mèche rebelle de ses cheveux, avant de me saisir de son visage à deux mains pour l'embrasser de nouveau. C'était un baiser langoureux, désespéré. Il était absolument tout ce que je possédais. Je ne savais pas ce que je ferais si je le perdais. Je me laissai glisser au sol, avant d'embrasser sa mâchoire. Je lui fis un sourire doux, mais triste.

- Alors... Pourquoi as-tu parlé en mal des humains...? demandais-je tout bas.

Je l'entendis pousser un petit soupir, et je détournai aussitôt le regard. Je me retournai dans ses bras, lui faisant dos afin de continuer la préparation du repas. Je commençai à cuire lentement le ragoût de légumes qu'avait commencé Elros.

- Laisse tomber, soufflais-je. J'ai sûrement mal compris, je ne maîtrise pas vraiment ta langue après tout.

Elros garda le silence, tandis que nous terminions de cuire le repas. J'emmenai la casserole sur la table, tandis que mon mari me suivait avec la vaisselle. Tous se servirent une portion, excepté Aloïs. Je m'emparai alors de la louche, afin de déposer de la nourriture dans son assiette. Il semblait vraiment piteux, et en bien mauvais état. Je mâchais lentement ma nourriture, ne pouvant m'empêcher de fixer Lenwë. Il était vraiment beau, beaucoup plus beau que moi. Ses yeux bleus étaient magnifiques, et ses cheveux blonds faisaient ressortir ses petites pomettes rosées. Je sursautai légèrement lorsque je reçus un petit coup de coudes de mon époux. J'étais le seul qui n'avait pas terminé de manger. En fait, j'avais à peine touché à mon assiette. Je baissai les yeux, avant de commencer à manger mon repas, tandis que mes écuyers commençaient à débarrasser la table.

- Maître, pouvons-nous jouer aux cartes? me demanda alors James.

Je hochai distraitement la tête, tandis qu'il s'empressait d'aller laver la vaisselle avec Ralph. Je repoussai mon bol, incapable de manger plus. Je me levai, avant de faire signe à mon neveu de me suivre. Elros se saisit de ma main, comme pour me retenir. Je me penchai, lui volant un baiser, puis je me dirigeai vers le fond de ma maison. Nous allions nous baigner dans la rivière, mais lors de la saison des pluies, nous avions emménagé un bain, puisque la rivière était impraticable.

- Lave-toi, ordonnais-je à Aloïs. Je vais brûler ce que tu portes, hors de question qu'il y ait de la peau d'insecte chez moi. Je vais t'apporter des nouveaux vêtements.

Il semblait hésitant, mais voyant que je ne quittais pas et que je ne faisais que le fixer, il retira lentement ce qu'il portait, dévoilant son corps. Je me sentis bien mal, lorsque je vis toutes les marques dessus. Des cicatrices... Je fis attention à ne pas les fixer, tendant plutôt la main pour qu'il me remette le tout. Il entra ensuite dans l'eau, et je lui donnai un pain de savon. Je retournai dans la salle principale, lançant rapidement les vêtements dans l'âtre. Je me retournai, pour voir Lenwë et Elros parler.

- Je lui donne une tunique elfique, ou émérienne ? demandais-je sans délicatesse.

Messages : 22 Date d'inscription : 11/10/2020

Jamais je n'avais ressenti cela. À la vue de l'elfe, à l'orée de la forêt, j'avais senti mon coeur battre la chamade dans ma poitrine, tandis que mon visage avait commencé à chauffer. J'avais senti mes oreilles se dresser, chose qu'elles n'avaient jamais faites. Complètement absorbé par l'image de l'elfe, je sentis à peine lorsque Kesley me força à prendre place sur une chaise. Je l'entendis parler à l'un des adolescents, mais j'en avais honnêtement rien à faire. Je savais très bien que l'elfe m'avait suivi ici afin de sauver la vie de celui qu'il aimait, mais il m'avait quand même suivi... Pour moi, c'était amplement suffisant. Je vis mon oncle prendre place devant moi, et je dardai mon attention sur lui. Il me regardait, songeur. Il devait avoir honte que je fasse partie de sa famille en ce moment. Bon, je n'avais jamais eu l'air d'un prince sur Irianeth, mais je n'avais jamais eu l'air aussi... sale. La porte s'ouvrit alors, et Kesley se retourna, avant de se lever brusquement à la vue de son amoureux et de l'elfe.

- Qu'est-ce qu'il fait dans ma maison? demanda-t-il d'un ton agressif.

Je souris moqueusement devant la situation. L'écuyer de mon oncle demanda alors s'il devait préparer le repas, auquel il répondit qu'Elros allait s'en occuper. Il reprit place devant moi, tandis que je tentais de ne pas fixer l'elfe qui venait de s'asseoir près de moi.

- Tu vas habiter ici quelques jours, laissa tomber Kesley, sans plus de façon.

J'écarquillai les yeux, étonné. Moi, j'allais rester ici? Le château d'Émeraude me recherchait et lui, il allait tout simplement me cacher dans sa maison? Il avait peut-être encore certaines qualités, après tout... Il se leva d'un trait, sans plus de façon, tandis que ses écuyers déposaient du thé chaud devant nous. On m'offrit des vêtements et une couverture, mais je ne fis que croiser mes bras contre ma poitrine. Devant ma fermeture d'esprit, les deux jeunes quittèrent, me laissant complètement seul avec le bel elfe.

- Ne le tue pas, me souffla-t-il. Dis-moi ce que tu veux en échange.

Quoi? Je ne voulais absolument rien. Je le voulais, lui, mais clairement c'était tout simplement impossible. Sa main se posa alors sur ma cuisse, me faisant sursauter. Tue Elros et je dis tout à ta mère, on verra si elle t'aime vraiment après... entendis-je dans mon esprit. Je fronçai les sourcils. Il croyait vraiment qu'il allait me convaincre en me menaçant ? Clairement, il ne savait pas à qui il s'adressait.

- Je ne te laisserai pas le tuer, pas avant que tu ne me tues moi, murmura l'elfe.

Mes oreilles se rabattirent vers l'arrière. Je n'allais pas le tuer. Je ne savais pas pourquoi, mais je sentais que j'étais incapable de lui faire du mal. Son regard se posa dans le mien, et ma respiration s'accéléra rapidement. Je vis alors son visage devenir rouge. Un petit sourire s'esquissa alors sur mon visage. Il n'était pas aussi indifférent que je pouvais bien le penser à ma personne, il semblerait...

- Quoi? laissa-t-il tomber d'un ton sec.

Je me mordis la lèvre inférieure, avant de détourner le regard. Il n'allait jamais être capable de m'aimer. Il était amoureux d'un elfe d'Osantalt, un homme qui semblait doux et attentionné. Il était mon opposé, littéralement.

- Rien... murmurais-je d'un ton à peine audible.

C'est alors que tout le monde revint dans la salle à manger. Des bols furent déposés sur la table. Je fronçai les sourcils. Qu'était tout ça? Je vis alors un truc épais être versé dans chaque bol. C'était supposé être de la nourriture, ça? On était loin du poisson frais que je pêchais et que je faisais cuire moi-même sur le feu... Devant mon hésitation, mon oncle mit du truc dans le truc rond devant moi. J'observai alors les autres manger, et je vis qu'ils prenaient un mini trident. Je fis de même, la main tremblante. J'avais tellement faim, je n'avais même pas remarqué à quel point, avec tout ce qui s'était passé ces derniers jours. Je dévorai mon assiette, me rendant compte que c'était bon, en fin de compte. Tandis que les écuyers ramassaient ce qui se trouvait sur la table, Kesley me fit un signe de le suivre. Je m'empressai de le faire, le suivant jusqu'à une pièce qui semblait abriter un bassin chaud.

- Lave-toi, laissa-t-il tomber durement. Je vais brûler ce que tu portes, hors de question qu'il y ait de la peau d'insecte chez moi. Je vais t'apporter des nouveaux vêtements.

Je pris une grande inspiration, légèrement mal à l'aise. Quoi, il voulait que je retire mes vêtements là, devant lui? Lentement, je retirai ce que je portais, avant de les donner à mon oncle. Je lui fis rapidement dos, avant de me glisser dans le bassin. Je serrai les dents sous la température de l'eau. Non mais qui avait inventé l'eau chaude? Rapidement, par contre, je sentis mes muscles se délier, et je fermai les yeux, me sentant soudainement bien calme. Je vis le doux visage de ma mère dans mes pensées, mais il fut rapidement remplacé par celui de l'elfe. Je ne connaissais même pas encore son nom... Il était tellement beau. Je ne comprenais pas comment il faisait pour me plaire autant. Mes doigts glissèrent alors le long de ma cuisse, avant d'effleurer mon membre. Je l'empoignai doucement, commençant à me caresser. Je laissai aller un petit gémissement, et lorsque j'entendis qu'il résonnait, je me mordis la lèvre inférieure. Puis, j'entendis des pas. Je sursautai vivement, avant de glisser en poussant un cri et tomber au complet sous l'eau. J'avalai une immense gorgée du bain et lorsque je revins à la surface, je commençai à tousser, ayant de la difficulté à reprendre mon air.

- Ça va? entendis-je derrière moi.

Je me retournai vivement, mais je figeai net en croisant le regard bleu de l'elfe.

Messages : 17 Date d'inscription : 11/10/2020

Après mon échange le jeune hybride, le reste du repas s'était déroulé lentement, sans éclat. Je n'avais pas suivi ce qui se passait, je m'étais fait tout petit. Elros n'avait que de yeux pour son amant et je me sentais devenir vert de jalousie. C'était moi qu'il devait aimer, qu'il devait caresser et c'était mon lit qu'il devait réchauffer. Je sentais les regards sur moi et l'étranger, je n'aimais pas le climat. Je n'aimais pas les humains.

Toujours assis à table, je regardai les jeunes humains débarrasser la table, c'était comme si je n'étais pas là. Comme si je ne valais pas la peine qu'on perçoive mon existence, l'amoureux d'Elros finit par faire signe à l'hybride de le suivre, ce dernier obéit. Je serrai les dents en sentant comme un frisson me parcourir lorsqu'il passa dans mon dos.

- Je sais que tu crois que tu es amoureux de moi, dit Elros de sa voix douce. Tu ne l'es pas, tu es amoureux de l'idée que tu te fais de moi...

Je baissai les yeux, il ne comprenait pas. J'avais besoin de lui, j'avais besoin qu'il me revienne. Je secouai la tête, avant de relever mes yeux bleus sur lui. Je l'implorais silencieusement de revenir à ses esprits et me revenir.

- Tu ne comprends pas, murmurai-je en elfique.

Comme j'allais continuer, l'humain d'Elros entra dans la pièce, avant de jeter des retailles de vêtements dans l'âtre, avec un peu trop de violence. Son regard brillait de haine envers moi, je le sentais dans toutes les fibres de son être. Il ne méritait pas un être aussi doux et beau que mon adoré.

- Je lui donne une tunique elfique ou émerrienne? cracha-t-il.

Ce fut le moment que je choisis pour me lever et quitter la pièce. Je me glissai entre les murs de la maison, un doux gémissement m'attira vers une grande pièce contenant qu'un bassin d'eau. Je vis le dos de l'étranger, sa peau pâle couverte de cicatrices semblait douce. Mes pas durent l'effrayer, puisqu'il trébucha dans le bassin. Au bout de quelques secondes, le jeune homme revint à la surface en toussotant.

- Ça va? demandai-je.

Lorsqu'il se retourna vers moi, son regard noisette se leva vers moi. Je fus parcouru du même frisson, que lorsqu'il avait passé derrière moi. Mon regard glissa doucement sur son corps nu, avant que je ne pique un fard, c'était la première fois que je voyais un homme nu. En fait, Elros était le seul homme que j'avais vu nu, et voir ce bel hybride sans vêtement provoqua un autre frisson. Je m'accroupis près du bassin, avant de plonger un regard dans le sien.

- Qui es-tu? soufflai-je.

Ma main glissa contre une cicatrice sur sa clavicule. Le toucher de sa peau contre la mienne m'électrisa, je retirai rapidement ma main, avant de baisser les yeux. Je mordis ma lèvre inférieure, en fixant mes doigts.

- Pourquoi est-ce que je sens tellement de violence et tellement de douceur à la fois, en toi? murmurai-je? Pourquoi es-tu si attirant et à la fois répugnant?

Je poussai un soupir devant son silence. J'avais tellement envie de me glisser dans l'eau avec lui, de le toucher, de l'explorer; mais je voulais aussi le fuir et ne jamais le revoir. Je me redressai, avant de tourner le dos à l'étranger, avant de me diriger vers la porte. Je m'interrompis, avant de fixer devant moi. Je pivotai sur moi-même, avant de retirer ma tunique et mon pantalon, pour me glisser dans l'eau. Je nageai vers l'étranger, avant de lever un regard innocent vers lui. Mon pouce glissa sur ses lèvres.

- Qui es-tu? répétai-je.

Messages : 22 Date d'inscription : 11/10/2020

Je n'avais jamais ressenti la gêne avant aujourd'hui; avait-il réalisé que j'étais en train de me toucher et plus précisément, que j'étais en train de le faire en pensant à lui? Honnêtement, j'espérais que non, car il m'attirait réellement, bien que je ne comprenais pas pourquoi, et je ne voulais pas gâcher mes minces chances avec lui simplement par une simple envie dans un bain. Je tentais de garder ma respiration lente, mais c'était pratiquement impossible. Son regard était tellement bleu, si bleu, que j'avais l'impression de regarder l'océan sur les plages d'Irianeth. Lorsqu'il était près de moi, j'avais l'impression de perdre absolument tous mes moyens, et ce fut pire, lorsqu'il s'accroupit sur le bord du bain, étant pratiquement à ma hauteur. Je voulais qu'il vienne me rejoindre, mais je savais bien qu'il ne le ferait pas; après tout, il était amoureux du mari de mon oncle.

- Qui es-tu? me murmura l'Elfe, son regard noyé dans le mien.

Son ton, sa posture, son regard, tout de lui m'impressionnait et m'intimait au silence. C'était comme si je ne savais pu agir en sa présence. Lorsqu'il était à proximité, je me sentais dominé et pourtant, je me doutais que j'étais beaucoup plus fort que lui. Mais il me donnait envie de me nicher dans ses bras et d'y rester pour l'éternité. Je me sentais faible, près de lui.

La main de l'elfe glissa alors contre l'une de mes cicatrices, et je dus serrer les dents pour ne pas gémir. Personne n'avait jamais caressé ma peau auparavant. J'entrenais des relations sexuelles avec Kristof, mais il ne prenait pas la peine de me toucher ainsi. Aussi rapidement qu'il avait commencé, cependant, il retira sa main.

- Pourquoi est-ce que je sens autant de violence et autant de douceur à la fois, en toi? me souffla l'elfe. Pourquoi es-tu si attirant et à la fois répugnant?

Je ne savais pas quoi répondre. En fait, je n'étais simplement pas habitué de converser. Avec Kristof, c'était le strict minimum. Je ne parlais pas à personne d'autre dans la ruche, sauf pour extrême nécessité. Je ne savais pas comment me comporter, et je savais encore moins entretenir une conversation. Cependant, il y avait une chose dont j'étais absolument certain; je ne voulais pas qu'il me quitte. Je voulais continuer d'entendre sa voix, pour toujours et à jamais. Je ressenti donc un certain désespoir lorsque je le vis me faire dos, comme pour quitter l'endroit. Rapidement, par contre, il changea d'idée, retirant pantalon et tunique pour se glisser dans l'eau. Je ne lâchai jamais son regard, tandis qu'il se glissait dans l'eau pour venir me rejoindre.

- Qui es-tu? me demanda-t-il à nouveau, son pouce glissant contre mes lèvres boudeuses.

Je fermai les yeux quelques instants, profitant à nouveau de son contact contre ma peau. Sans même m'en rendre compte, ma main avait glissé le long de son torse, pour remonter contre son bras et se poser contre sa main. Pendant quelques secondes, je le maintenai ainsi contre mes lèvres, sans jamais lâcher son regard qui me rappelait tant les eaux de ma maison.

- Je... Je m'appelle Aloïs, articulais-je finalement. Et toi? demandais-je en un râle.

Je n'avais jamais vu d'elfe de ma vie, en avoir un aussi proche, et particulièrement celui-là... Ma main libre glissa alors contre son oreille pointue, qui se rabbatit aussitôt vers l'arrière. Pensant que je l'avais dérangé, je reculai de quelques pas, me défaisant ainsi de son étreinte. Je fermai les yeux un moment. Je ne pouvais pas rester ici, mais je ne savais pas survivre dans ces forêts. Je ne connaissais pas les plantes, ni les animaux. J'avais cru comprendre qu'il venait d'ailleurs, mais il était magique, il pourrait donc m'aider à survivre. Et clairement, il semblait vouloir quitter cet endroit aussi rapidement que moi.

- Viens vivre dans les bois avec moi, lui proposais-je, avant de me rapprocher à nouveau de son corps. Je vais te faire oublier ton ami...

J'avais dit la dernière phrase en un râle. En fait, j'étais habitué d'échanger mon corps contre certaines faveurs. Je posai donc mes lèvres contre les siennes, comme une sorte de promesse, mais cela sembla le mettre mal à l'aise.

- Ou pas... Mais nous sommes tous les deux très loin de chez nous, je crois qu'on peut s'entraider.

Je voulais sentir ses lèvres contre les miennes à nouveau, mais je tentais de ne rien laisser paraître.

Messages : 17 Date d'inscription : 11/10/2020

Mais qu'est-ce qui m'avait pris? Sauter nu dans un bassin auprès d'un homme aussi violent et cruel? Et comment pouvais espérer que ses bras se referment contre ma personne? Peut-être faisais-je cela pour essayer d'oublier qu'Elros n'était que quelques pièces plus loin avec son amant. Maintenant que j'étais dans l'eau, face à lui, je ne savais plus quoi faire. J'hésitais entre fuir et rester. J'étais confus et j'étais effrayé de mes propres sentiments et mes propres pulsions.

Sa main se posa contre ma poitrine, avant de glisser contre mon torse, me coupant le souffle. Sa main remonta contre mon coude et mon bras et ma main, toujours contre ses belles lèvres. Son regard se planta dans le mien, je me surpris à vouloir glisser mes doigts dans ses boucles brunes.

- Je... Je m'appelle Aloïs, murmura l'étranger. Et toi?

Son autre main se leva vers mon visage, mais ne s'y posa jamais. Le bout de son doigt effleura mon oreille pointue, qui s’aplatit contre ma tête. Mes oreilles étaient plus que sensibles, cela dû lui faire penser que je n'aimais pas son contact, c'était tout faux. Je le regardai reculer et fermer ses yeux.

- Viens vivre dans les bois avec moi, murmura Aloïs, de nouveau trop près de moi. Je vais te faire oublier ton ami...

La dernière phrase était sortie en un murmure chaud. Je ressentis le même frisson, avant que les lèvres de l'hybride ne se posent contre les miennes. Je me raidis contre lui, je n'avais jamais embrassé quelqu'un d'autre que mon aimé.

- Ou pas... Mais nous sommes tous les deux très loin de chez nous, je crois qu'on peut s'entraider.

Je baissai les yeux, avant de pousser un soupir. Je relevai mon visage vers le sien, avant de nager vers lui, passer mes mains contre sa nuque et nouer mes jambes autour de sa taille. Je pris une grande inspiration, avant de poser mes lèvres contre les siennes. L'une de mes mains se noua à la sienne, alors que mes lèvres se dirigeaient vers son oreille.

- Lenwë, murmurai-je à son oreille. Je m'appelle Lenwë.

Mes jambes laissèrent sa taille, alors je le tirais vers moi, en reculant vers la sortie du bassin. Je lui tendis les vêtements qui traînaient sur le bord de la porte. Je revêtis mes vêtements, avant de reprendre sa main et de nous entraîner dans la maison à pas de loup. Je nous fis sortir, avant de me mettre à courir vers les bois, en tenant la main d'Aloïs dans la mienne.

Au bout d'un moment, je nous arrêtai dans une clairière. Je me retournai vers lui, en reprenant mon souffle. Mon regard fut immédiatement aspiré par le sien.

- On va avoir besoin d'un abris, dis-je. Mais pour cette nuit, on dormira en hauteur.

Sur ces mots, je sautai sur la première branche, avant de lui tendre la main.

HJ: on est partis.

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